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Ebola: En état d'urgence, le Liberia et la Sierra Leone se barricadent

Arrivée en provenance du Libéria du prêtre catholique espagnol infecté par le virus Ebola sur la base aérienne de Torrejon près de Madrid pour être hospitalisé [Inaki Gomez / Ministère Défense espagnol/AFP] Arrivée en provenance du Libéria du prêtre catholique espagnol infecté par le virus Ebola sur la base aérienne de Torrejon près de Madrid pour être hospitalisé [Inaki Gomez / Ministère Défense espagnol/AFP]

Deux pays en état d'urgence face au virus Ebola, le Liberia et la Sierra Leone, ont placé jeudi en quarantaine trois villes de la zone contaminée, fermant des routes et lieux de loisirs, des efforts de plus en plus désespérés pour enrayer l'épidémie.

L'Europe a pour sa part accueilli jeudi un premier malade d'Ebola rapatrié, un missionnaire espagnol contaminé au Liberia, quelques jours après le rapatriement de deux patients originaires des Etats-Unis qui ont porté leur alerte sanitaire au niveau le plus élevé.

La diplomatie américaine a par ailleurs déconseillé aux Américains de reporter tout voyage "non essentiel" au Liberia et ordonné aux proches du personnel de son ambassade de Monrovia de quitter le pays.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui achevait une réunion de deux jours pour déterminer si l'épidémie constituait une "urgence de santé publique de portée mondiale", devait annoncer vendredi des mesures à l'échelle internationale.

Face à la plus grave épidémie depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976, avec plus de 930 morts, les appels aux moyens extraordinaires se multipliaient, suscitant une polémique sur l'éventuelle utilisation de traitements prometteurs encore expérimentaux.

Au Liberia, l'armée a reçu ordre de limiter les mouvements de la population et contrôlait strictement les accès à la capitale, Monrovia, en provenance des provinces touchées.

Des centaines de personnes étaient bloquées par des barrages militaires entre le nord et Monrovia, avant même la déclaration dans la nuit de l'état d'urgence par la présidente Ellen Johnson Sirleaf.

Relevant "l'ampleur et l'échelle de l'épidémie, la virulence et la mortalité du virus", Mme Sirleaf a estimé que la situation "exigeait des mesures extraordinaires pour la survie de l'Etat".

Elle a décrété l'état d'urgence pour 90 jours, prévenant que "le gouvernement prendrait des mesures extraordinaires, y compris, si nécessaire, la suspension de certains droits et privilèges".

Le ministre libérien de la Défense Burnie Samuka a officialisé le lancement par l'armée de "l'opération Bouclier blanc", annonçant la mise en place de barrages dans plusieurs localités pour limiter, voire arrêter complètement les déplacements.

Dans la province de Lofa, limitrophe de la Sierra Leone et de la Guinée, également en proie à l'épidémie, la ville de Gbakedou sera mise en quarantaine, a précisé le ministre.

En Guinée, où l'épidémie s'est déclarée au début de l'année, la fièvre Ebola affecte 11 des 33 préfectures du pays, selon le chef de la prévention et la lutte contre la maladie, le Dr Sakoba Keïta.

- 'Inhumation sur place' -

En Sierra Leone, les villes de "Kenema et Kailahun ont été mises en quarantaine", a annoncé un porte-parole du gouvernement, Abdulai Bayratay, ajoutant que cette mesure sera "maintenue le temps qu'il faudra". Cela pourrait durer 60 à 90 jours, selon lui comme d'autres décisions relevant de l'état d'urgence décrété le 1er août par le président Ernest Bai Koroma.

La présidence sierra-léonaise a annoncé en outre la limitation de la circulation des motos-taxis de 07H00 à 19H00, et la fermeture immédiate des boîtes de nuit, salles de cinéma et vidéo-clubs. De plus, "les malades d'Ebola qui meurent doivent être inhumés sur le lieu de leur décès", selon la présidence.

Au Nigeria, où une deuxième mort a été enregistrée mercredi, une infirmière qui avait soigné un passager du Liberia décédé le 25 juillet, les médecins des hôpitaux publics en grève depuis le 1er juillet, ont annoncé jeudi la suspension de leur mouvement, eu égard à la gravité de la situation.

Les deux décès d'Ebola au Nigeria sont survenus à Lagos, ville la plus peuplée d'Afrique subsaharienne, avec de plus de 20 millions d'habitants où cinq cas confirmés ont été placés en quarantaine.

A Lagos, le ministère de la Santé a annoncé qu'il allait établir un contrôle des passagers des lignes aériennes qui quittent le pays. Ceux qui auraient contracté le virus seront priés de ne pas se rendre à l'étranger.

Au Liberia, le syndicat des personnels de Santé a menacé de se mettre en grève si le gouvernement ne lui fournissait pas le matériel nécessaire contre Ebola. "Nous n'avons pas de gants, ni combinaisons et autres équipements requis", a déclaré Deemi Dearzrua, secrétaire général du syndicat.

La Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, regroupant 15 pays a, de son côté, décidé de suspendre durant le mois d'août, voir plus longtemps si nécessaire, toutes les réunions qui devaient mettre en contact des représentants des pays frappés par l'épidémie.

Aux Etats-Unis, de hauts responsables sanitaires ont jugé inévitable jeudi que des personnes ayant voyagé dans les pays africains touchés par l'épidémie d'Ebola entrent infectées aux Etats-Unis, mais ont affirmé ne pas craindre pour autant une épidémie étendue dans le pays.

L'agence américaine des médicaments (FDA) a partiellement levé des restrictions sur un traitement expérimental de la société canadienne Tekmira. "Cette décision nous permet d'utiliser potentiellement TKM-Ebola chez des personnes infectées par le virus Ebola", estime la firme.

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. Il provoque une fièvre caractérisée par des hémorragies, vomissements et diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.

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