En direct
A suivre

Pour les Kurdes irakiens, les jihadistes sont "pires que Saddam"

Des membres des forces anti-terroristes irakiennes brandissent le drapeau national, après avoir repris le contrôle d'un point de passage à côté de Badriyah (près de Mossoul), le 19 août 2014 [AHMAD AL-RUBAYE / AFP] Des membres des forces anti-terroristes irakiennes brandissent le drapeau national, après avoir repris le contrôle d'un point de passage à côté de Badriyah (près de Mossoul), le 19 août 2014 [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]

Les jihadistes qui s'attaquent aux minorités en Irak sont "pires que Saddam" Hussein, estime un commandant kurde sur une ligne de front dans le nord de l'Irak, l'étendard noir des insurgés flottant à l'horizon.

Cette zone désertique était encore récemment sous contrôle des jihadistes de l'Etat islamique (EI), qui début août ont étendu leur offensive lancée le 9 juin au nord du pays, gagnant du terrain sur les forces kurdes, en attaquant des minorités et en forçant des dizaines de milliers de personnes à fuir.

Ces extrémistes sont "pires que Saddam. Ils sèment la terreur et le chaos pour forcer les populations à fuir. Puis ils prennent le pouvoir", explique le général de division Abdelrahmane Kawiri au sein des peshmergas, les combattants kurdes, tirant sur une cigarette.

Pour son adjoint, Sardar Kamal, la persécution subie par les Kurdes dans les années 1980 sous le régime de Saddam Hussein ayant coûté la vie à des dizaines de milliers d'entre eux, explique en partie leur motivation à combatte aujourd'hui l'EI.

Face à l'incapacité de l'armée fédérale à contrer les jihadistes, des combattants kurdes du PKK turc, du PYD syrien et des peshmergas irakiens ont uni leurs forces dans une alliance inédite pour faire face aux jihadistes et secourir des milliers de civils bloqués dans les montagnes voisines.

"Nous ne voulons pas que l'histoire se répète", affirme-t-il, alors que les hommes montent des tentes pour y passer la nuit et surveiller le terrain qu'ils viennent de regagner, à seulement quelques dizaines de mètres des positions de l'EI les plus proches.

Au loin, des colonnes de fumée s'élèvent dans le ciel des sites visés par des frappes américaines en soutien aux forces kurdes qui tentent de repousser l'offensive de l'EI.

Selon Abdelrahmane Kawiri, ces frappes ont été "très, très utiles".

Ses combattants sont aussi inspirés par un fort sentiment nationaliste kurde. "Nous menons une guerre d'auto-défense, et nous croyons en notre cause", dit-il.

- Longue expérience de guérilla -

Sardar Kamal explique qu'il combat dans les rangs des peshmergas depuis l'âge de 16 ans.

Un Peshmerga patrouille dans le village de Tel Asquf (est de Mossoul), le 18 août 2014 [Ahmad Al-Rubaye / AFP]
Photo
ci-dessus
Un Peshmerga patrouille dans le village de Tel Asquf (est de Mossoul), le 18 août 2014

"Je ne me souviens pas du nombre de batailles auxquelles j'ai participé", dit-il en riant, alors que derrière lui des combattants déchargent des pastèques, des blocs de glaces et des packs d'eau de pick-up livrant des vivres.

Les peshmergas ont une longue expérience dans la guérilla qui les a opposés au régime de Saddam Hussein renversé dans la foulée de l'invasion américaine de l'Irak en 2003.

Et cette expérience les a aidés à renverser la vapeur face aux jihadistes qui ont conquis de larges pans de territoire depuis début juin.

Leur plus grande défaite a été la prise le 8 août par l'EI du barrage de Mossoul, le plus grand d'Irak, mais, au côté des forces irakiennes et avec le soutien aérien américain, ils ont pu le reprendre dimanche.

Les hommes de Sardar Kamal sont déployés à quelques km seulement du barrage.

Les combattants sunnites de l'EI "bénéficiaient au début de l'effet de surprise, mais maintenant nous connaissons leur tactique", affirme-t-il entouré de ses hommes qui l'écoutent attentivement.

"Ils envoient des combattants bardés d'explosifs et font tout exploser autour d'eux. Ils attaquent les civils -hommes, femmes et enfants- et terrorisent les autres les poussant à la fuite. En très peu de temps, ils prennent le contrôle", dit-il.

- 'Je devais faire quelque chose' -

Alors que certains combattants kurdes ont une grande expérience du combat, pour d'autres il s'agit d'une première.

Aram Hikmet, un jeune homme mince de 19 ans portant une lourde mitrailleuse, n'était pas né quand les forces de Saddam Hussein menaient leur violente répression contre sa communauté, dont le gazage de Halabja en 1988 dans lequel 5.000 personnes ont péri.

Un autre combattant, Jassem Yahya, affirme avoir quitté sa retraite pour combattre l'EI. "J'ai passé huit ans dans l'armée irakienne, j'ai fait la guerre Irak-Iran" (1980-1988).

"Je suis un bon combattant", affirme-t-il. L'EI "attaquait avec férocité. Je devais faire quelque chose".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités