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Afrique du Sud : l'accès aux visas se durcit

Photo d'archives du 11 janvier 2014 montrant la plage de Camps bay, l'un des quartiers touristiques près de Cape Town [Rodger Bosch / AFP/Archives] Photo d'archives du 11 janvier 2014 montrant la plage de Camps bay, l'un des quartiers touristiques près de Cape Town [Rodger Bosch / AFP/Archives]

Un durcissement des règles d'obtention des visas pour se rendre en Afrique du Sud et surtout l'obligation de présenter un acte de naissance des enfants ont mis en émoi le monde du tourisme, qui craint que de nombreux voyageurs ne choisissent une autre destination moins tatillonne.

 

A partir du 1er octobre, il faudra se déplacer en personne pour demander un visa biométrique. Cette disposition ne gênera pas les ressortissants des 77 pays qui en sont dispensés - Européens et Américains, notamment-, mais elle obligera Chinois et Indiens à faire parfois des milliers de kilomètres vers l'un des deux seuls consulats sud-africains de leur pays.

En outre, visa ou pas, voyager avec ses enfants va devenir plus compliqué: il faudra présenter un extrait d'acte de naissance de chaque mineur, et le cas échéant un jugement certifiant que le parent accompagnateur - s'il est seul - a la garde de l'enfant, une autorisation de l'autre parent ou son acte de décès... Le tout avec une traduction certifiée si les originaux ne sont pas en anglais.

Pour le gouvernement sud-africain, il s'agit de mieux lutter contre le trafic d'enfants, les enlèvements et la prostitution infantile.

"Nous avons besoin de savoir qui visite (l'Afrique du Sud), afin de protéger notre pays", a résumé le ministre de l'Intérieur Malusi Gigaba.

"Nous sommes extrêmement préoccupés: avec les nouveaux règlements, l'Afrique du Sud sera considérée comme inaccessible à un nombre de visiteurs plus important", déplore Mmatsatsi Ramawela, le directeur du Conseil des entreprises de tourisme sud-africaines (TBCSA).

"Il y a une grande confusion sur ce qui est exactement nécessaire", regrette David Frost, directeur de l'Association des services touristiques sud-africains (Satsa).

"Par exemple, dans le cas d'un parent seul qui n'est pas en contact avec l'autre parent biologique, une déclaration sur l'honneur est nécessaire. Mais quelles informations doit-elle contenir? En outre, les certificats de naissance en langue étrangère devront être traduits (en anglais). Tout cela ajoute un élément de coût et de temps qu'un voyageur potentiel va maintenant prendre en compte dans la sélection d'une destination touristique", ajoute-t-il.

Or, les vacances en Afrique du Sud sont déjà relativement chères.

 

- Refuser l'embarquement -

 

Les voyagistes britanniques s'attendent à une baisse d'au moins 10% des voyages vers l'Afrique du Sud, selon Nadine Rankin, directrice de l'agence AMG basée à Londres. "Le marché des familles est menacé!"

"J'ai eu quelques anecdotes de gens qui s'occupent de groupes sportifs. Ils vont renoncer à tout voyage parce qu'ils ne veulent pas avoir à rassembler tous les documents de chaque enfant et les emporter avec eux", raconte-t-elle à l'AFP.

Dénonçant déjà "des annulations tous les jours", la profession est partie en guerre contre le ministre de l'Intérieur sud-africain Malusi Gigaba, surnommé le "Terminator du tourisme".

Selon une étude, l'Afrique du Sud pourrait perdre jusqu'à 10 milliards de rands (700 millions d'euros) par an et plus de 20.000 emplois. Or, le tourisme, qui représente près de 10% du PIB, est l'un des rares secteurs dynamiques de ce pays, qui n'arrive pas à donner à son économie l'élan suffisant pour donner un emploi à ses millions de chômeurs.

Le ministre du Tourisme Derek Hanekom a un temps semblé compatir, déclarant notamment que "toute question qui pourrait avoir un impact négatif sur les arrivées de touristes en Afrique du Sud est un sujet de préoccupation".

Mais il a finalement mangé son chapeau, officiellement rassuré par la promesse d'une amélioration des traitements des visas. Ses services sont depuis très discrets.

Vingt compagnies aériennes - dont Air France, British Airways, KLM, Lufthansa et Virgin Atlantic - ont écrit une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur Malusi Gigaba, lui demandant à tout le moins de retarder d'un an les nouvelles mesures afin que tout le monde puisse se préparer.

"Les professionnels mondiaux du voyage veulent aider l'Afrique du Sud à éviter un désastre touristique, économique, politique, et en terme d'image", ont-elles souligné, pointant que ce sera à elles de refuser l'embarquement des familles se présentant sans extraits de naissance des enfants.

M. Gigaba a répondu qu'il ne lisait pas les lettres ouvertes.

"Quand les gens auront fini de se plaindre, ils devront respecter les procédures", a-t-il sèchement lancé.

 

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