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Ukraine : bombardements à Donetsk, Merkel à Kiev

Le corps ensanglanté d'un homme tué lors de bombardements gît le 23 août 2014 dans une rue de Donetsk [Dimitar Dilkoff / AFP] Le corps ensanglanté d'un homme tué lors de bombardements gît le 23 août 2014 dans une rue de Donetsk [Dimitar Dilkoff / AFP]

D'intenses bombardements ont ébranlé samedi le centre de Donetsk, place forte des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, tuant trois civils quelques heures avant l'arrivée à Kiev d'Angela Merkel pour une visite hautement symbolique.

 

La visite de la chancelière allemande intervient au milieu d'une nouvelle escalade de la crise ayant provoqué la pire dégradation des relations entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la guerre froide, après l'entrée vendredi en Ukraine d'un convoi humanitaire russe sans l'aval de Kiev.

Lors d'une conversation téléphonique vendredi, révélée par la Maison Blanche, le président Barack Obama et Mme Merkel ont estimé que la Russie s'était engagée dans une "dangereuse escalade", faisant part de leur "inquiétude" face à la forte présence militaire russe à la frontière et sur le territoire ukrainien. Kiev a qualifié d'"invasion directe" l'entrée de ce convoi sur le territoire ukrainien.

A Kiev ce déplacement de Mme Merkel, la plus haute dirigeante occidentale à se rendre en Ukraine depuis le début de la crise et principal relais entre l'Ukraine et la Russie, est interprété comme un geste de soutien d'autant plus qu'elle vient à la veille de la fête de l'Indépendance. "Il est peu probable que Merkel apporte à Kiev des propositions de règlement de la crise. Mais les deux parties doivent formuler une position solidaire sur les questions clé", estime Olexandre Souchko, analyste de l'Institut de la coopération euro-atlantique à Kiev.

La visite précède un sommet régional mardi à Minsk auquel participeront les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko ainsi que des responsables de l'Union européenne.

"La visite de la dirigeante allemande à la veille de la journée de l'Indépendance et pendant le conflit armé dans lequel est impliqué la Russie est un signal de soutien", estime Vassyl Filiptchouk, un autre analyste politique indépendant.

Selon lui, la situation avec le convoi russe de quelque 300 camions blancs déchargé vendredi à Lougansk, bastion des rebelles dans l'Est, "peut changer de manière radicale l'agenda du sommet de Minsk". Washington a exigé vendredi que Moscou retire "immédiatement" son convoi humanitaire, sous peine de nouvelles sanctions.

L'Otan a dénoncé "une violation flagrante" par la Russie de ses engagements internationaux et de la "souveraineté" de l'Ukraine.

De son côté, l'Union européenne a "déploré" la décision de Moscou, qui après une semaine d'attente a unilatéralement décidé d'envoyer en Ukraine les camions blancs, chargés selon elle de 1.800 tonnes d'aide humanitaire destinée à la population civile de l'Est de l'Ukraine. Mais selon Kiev ces camions seraient quasi-vides.

 

- Des camions retournent en Russie -

Les premiers camions du convoi ont commencé samedi à retourner en Russie, a déclaré à l'AFP Paul Picard, chef de la mission d'observation de l'OSCE au poste-frontière russo-ukrainien connu sous le nom de Donetsk, mais sans donner de nombre exact. Selon un responsable russe cité par l'agence publique Ria Novosti, il s'agit de 34 véhicules.

Un homme ouvre la grille du poste de douane au convoi de camions transportant de l'aide humanitaire le 22 août 20 à Izvarino à la frontière russo-ukrainienne [Sergey Venyavsky / AFP]
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Un homme ouvre la grille du poste de douane au convoi de camions transportant de l'aide humanitaire le 22 août 20 à Izvarino à la frontière russo-ukrainienne

Les camions ont déchargé leurs cargaisons à Lougansk vendredi soir, mais la distribution de l'aide n'a pas encore commencé, a indiqué à l'AFP un responsable de l'administration régionale à Lougansk subordonnée à Kiev. "Les autorités séparatistes ont commencé à établir les listes d'habitants locaux", a indiqué ce responsable qui a requis l'anonymat.

Lougansk assiégé par l'armée ukrainienne et théâtre d'intenses combats est privé depuis trois semaine d'eau et d'électricité et les communications téléphoniques et internet y sont coupées. Les autorités locales parlent d'une situation "extrêmement critique".

 

- Bombardements à Donetsk -

Donetsk, chef-lieu régional et place forte des rebelles a été réveillé samedi par de fortes explosions.

Un journaliste de l'AFP a vu deux corps recouverts de draps ensanglantés gisant sur le bitume dans le centre-ville. La mairie a de son côté fait état de trois civils tués dans des bombardements samedi matin.

Dans la rue, des arbres étaient coupés, des impacts d'obus étaient visibles sur les voies de tramway qui passent au milieu de cette grande artère. Des riverains ramassaient le verre brisé, les façades des maisons et des commerces étaient criblées de shrapnels.

 
 

Il est pratiquement impossible d'établir la provenance des tirs, forces régulières et séparatistes s'accusant mutuellement.

L'ONU a dénoncé dans un rapport fin juillet l'utilisation par les deux parties d"armes lourdes dans des zones habitées".

 

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