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A Gaza, on fête la "victoire" et on promet de ne pas oublier les "martyrs"

Des Palestiniens font le "v" de la victoire à Gaza City après l'annonce d'une trêve illimitée avec Israël, le 26 août 2014 [Roberto Schmidt / AFP] Des Palestiniens font le "v" de la victoire à Gaza City après l'annonce d'une trêve illimitée avec Israël, le 26 août 2014 [Roberto Schmidt / AFP]

A peine le cessez-le-feu entré en vigueur, ils ont déferlé par milliers dans les rues dévastées de la bande de Gaza: mardi soir, les Palestiniens célébraient la "victoire" sous les tirs de joie, tout en promettant de ne pas oublier leurs "martyrs".

"Ce soir, je suis heureuse: la résistance a réussi à imposer nos conditions à l'occupant sioniste", lance Rawa, qui a perdu sa maison, écrasée sous les bombes israéliennes durant la dernière guerre à Gaza, la troisième en six ans, conclue mardi soir par un cessez-le-feu qui devrait être suivi, assurent les négociateurs palestiniens, d'un allègement du blocus israélien qui asphyxie l'enclave depuis 2006.

"Cette victoire nous fait oublier tous nos soucis, les destructions de nos maisons, notre condition de déplacé et venge le sang de nos martyrs", assure cette Gazaouie réfugiée avec une trentaine de proches dans une école de l'ONU de l'ouest de la ville de Gaza.

Comme elle, ils sont des milliers, dont de nombreuses femmes et enfants, à parcourir joyeusement les rues de leur ville en reprenant des slogans glorifiant la "résistance" et la "victoire" après 50 jours d'une guerre qui a fait plus de 2.140 morts et 11.000 blessés parmi les Gazaouis.

Des Palestiniens font le "v" de la victoire et agitent des drapeaux du Hamas à Jérusalem-Est, le 26 août 2014 [Ahmad Gharabli / AFP]
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Des Palestiniens font le "v" de la victoire et agitent des drapeaux du Hamas à Jérusalem-Est, le 26 août 2014

Dans l'air résonnent les louanges à Dieu diffusées par les haut-parleurs des mosquées, mêlées au tirs de célébrations des combattants, soudainement de nouveau visibles dans les rues.

L'un d'eux, Ibrahim, kalachnikov à la main ne retient pas sa joie: "on a beaucoup gagné avec cette guerre", dit-il, "on a dominé sur le terrain et on a imposé nos conditions par la force à l'une des armées les plus fortes du monde". "Et on a encore la force et les capacités pour un nouveau round", promet-il.

En moins de trois semaines d'offensive terrestre, l'armée israélienne a perdu 64 hommes, ses plus lourdes pertes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.

Et, loin du front, la bataille diplomatique qui s'est jouée au Caire sous l'égide des renseignements égyptiens se conclut, assure le Hamas qui contrôle Gaza, par une "victoire" avec l'allègement du blocus.

- Le 'coeur lourd' -

Des centaines de voitures défilent pour un concert de klaxons sous une nuée de drapeaux palestiniens ou des différents mouvements politiques et des feux d'artifice éclatent ici et là.

"On fête la victoire là, mais certains ont le coeur lourd", tempère Mohamed Badir, 20 ans. "Nous n'oublions pas le sang des martyrs, les blessés et les milliers de déplacés", promet-il

Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 475.000 Gazaouis ont été déplacés et près de 55.000 maisons ont été touchées par les frappes israéliennes.

Pour que tout cela n'ait pas servi à rien, Mohamed prévient: "on est prêts à être patients et à repartir dans une guerre si Israël ne répond pas à toutes nos exigences".

Des Palestiniens font le "v" de la victoire et agitent des drapeaux du Hamas à Jérusalem-Est, le 26 août 2014 [Ahmad Gharabli / AFP]
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Des Palestiniens font le "v" de la victoire et agitent des drapeaux du Hamas à Jérusalem-Est, le 26 août 2014

Oum Mohammed, 50 ans, dit, elle, "ne pas pouvoir décrire la joie" qui l'a envahie quand elle a appris "l'accord de cessez-le-feu et la fin de la guerre".

Sur la place du Soldat inconnu, dans l'ouest de Gaza, sur une estrade, des dirigeants du Hamas et du Jihad islamique, invisibles durant toute la guerre, haranguent la foule et promettent aux Gazaouis le port et l'aéroport qu'ils réclament pour retrouver des ouvertures sur le monde.

Ces points, épineux, ne sont cependant pas réglés. Ils seront de nouveau l'objet de négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens sous un mois et ces exigences ont peu de chances d'être exaucées, jugent les experts.

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