En direct
A suivre

Un baron de la drogue en cavale diffuse des vidéos compromettantes

Il paraît que Servando Gomez est caché dans les montagnes du Michoacan, mais avec les vidéos récentes où il apparaît en compagnie de politiciens, de syndicalistes ou de journalistes, il est le plus visible des barons de la drogue du Mexique.

 

Alors qu'il est en cavale, "La Tuta", chef du cartel des Chevaliers Templiers, le criminel actuellement le plus recherché du pays, distille depuis plusieurs mois des vidéos compromettantes pour ceux qu'on voit partager une bière et deviser autour d'une table avec lui.

Deux journalistes, dont l'un de Televisa, la principal chaîne hispanophone du monde, ont été les dernières victimes de La Tuta, dans une vidéo reçue par la radio MVS.

On y voit les deux hommes donnant à Servando Gomez des conseils sur sa stratégie de communication. A la fin de la séquence, le correspondant local de Televisa, Eliseo Caballero et José Luis Diaz Perez, directeur de l'agence locale de presse Esquema, semblent accepter de l'argent de "La Tuta", selon MVS.

 

"C'est une nouvelle démonstration de la domination que l'organisation criminelle avait sur l'Etat (du Michoacan), presque un substitut aux autorités", selon Jaime Rivera, professeur de science politique à l'Université du Michoacan.

Avec la collaboration de politiciens ou de fonctionnaires locaux corrompus, les Chevaliers Templiers "étaient capables de prendre tout le monde dans leurs filets, y compris des hommes d'affaires, des politiciens et des journalistes", dit-il à l'AFP.

Les vidéos étaient publiées même quand les milices locales d'autodéfense le pourchassaient dans la forêt et que son groupe venait d'être très affaibli par la mort ou l'arrestation de ses principaux chefs.

L'an dernier, il avait donné des interviews à des chaînes étrangères et apparaissait vitupérant contre ses ennemis dans des vidéos postées sur YouTube, coiffé d'une casquette de baseball, un pistolet à la ceinture.

 

Mais ses vidéos les plus récentes sont d'un autre genre. On le voit en présence de gens qui ne savent probablement pas qu'ils sont filmés, ce qui fait penser qu'elles ont été tournées et mises de côtés pour les menacer ou les compromettre un jour ou l'autre.

 

On ne dit pas non à La Tuta

"Pour La Tuta, ces vidéos étaient une sorte de police d'assurance contre une possible trahison", estime Alejandro Hope, analyste des questions de sécurité et ancien agent de renseignement.

La source des fuites récentes de ces vidéos n'est pas connue. "Il y a deux possibilités : le gouvernement fédéral ou La Tuta", dit Hope à l'AFP. Selon lui, l'intérêt du gouvernement pourrait être de discréditer des médias dont on n'apprécie guère la couverture.

Les autorités ont arrêté un ancien gouverneur par intérim du Michoacan, le fils d'un ex-gouverneur et un ancien dirigeant syndical des transports après leur apparition sur des vidéos de La Tuta.

Les deux journalistes qu'on voit sur la vidéo transmise à MVS ont admis que leur rencontre a eu lieu fin 2013. Ils ont expliqué qu'ils n'avaient pas le choix car Servando Gomez n'est pas le genre de personne à qui l'on dit non.

"Tout ce que j'ai répondu à la Tuta pendant cette rencontre faisait partie d'un plan, parce que je voulais m'en sortir librement et m'assurer que je pourrait revenir chez moi sain et sauf", a dit Caballero à MVS. Televisa a licencié Caballero après qu'il a admis sa rencontre avec La Tuta. 

La guerre contre les narcotrafiquants a fait du Mexique un des pays les plus dangereux pour les journalistes ces dernières années, avec des dizaines de morts. Nombre d'entre eux exercent sous la menace constante du crime organisé.

Pendant ce temps, quelque 1.200 membres des forces de défense rurale, composées d'ancien miliciens des groupes d'autodéfense du Michoacan, continuent à traquer Servando Gomez.

"Nous travaillons dur dans les montagnes pour l'isoler de tout et l'empêcher de se ravitailler (...) de manière à ce qu'il finisse par tomber", a expliqué à l'AFP Estanislao Beltran, l'un des leaders de ces détachements sous autorité de l'armée.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités