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La semaine de Philippe Labro : Hong Kong la rebelle, Victor le conquérant

Philippe Labro.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

Dimanche 28 septembre

Victoire plutôt large de l’Europe sur l’Amérique dans la Ryder Cup de golf à Gleneagles, en Ecosse. Cet événement (qui a lieu tous les deux ans) est suivi par plus d’un milliard de téléspectateurs dans le monde.

C’est à peine si les grandes chaînes de télé, chez nous, en ont parlé. En France, le golf n’a pas encore atteint la notoriété dont il jouit dans les pays anglo-saxons. Nous sommes très loin du tennis et, pourtant, ce sport fait appel aux mêmes qualités : concentration totale, méticulosité quasi mécanique dans le geste et l’action, obligation qu’une fois un coup joué, s’il est raté, il ne faut plus y penser et s’obstiner à gagner le prochain – et s’il est réussi, alors, engranger la dynamique du succès.

Il faudra encore de longues années pour que la masse des Français se familiarise avec ce sport, qui avait besoin d’un «champion national» pour devenir plus populaire. Le voici ! Cette année, un jeune homme bourré de talent, capable de subir la pression de la Ryder Cup, si compétitive, pleine de rebonds et de coups d’éclat, a crevé l’écran.

Il s’appelle Victor Dubuisson, il a 24 ans, il mesure 1,83 m. Il a déjà gagné le surnom de «Dubus» ou «Cactus Boy» (pour avoir réussi, dans un tournoi américain, à sortir la petite balle blanche d’un tas de cactus). Il a le sourire facile et gamin, une belle allure, du culot, tout ce qui fait le matériau des stars.

 

Du lundi 29 septembre au mercredi 1er octobre

Quelle que soit l’issue de la confrontation entre manifestants et autorités chinoises, ce qui se passe à Hong Kong est, tout simplement, passionnant. C’est la «Umbrella Revolution» («Révolution des parapluies»).

Les centaines de milliers de jeunes gens, (au début des lycéens, puis des étudiants, puis presque toute la ville), ont choisi le parapluie comme emblème et comme «arme de défense» face aux grenades lacrymogènes. Les images que l’on reçoit de cette enclave originale qui attire une grande proportion de jeunes Européens désireux de vivre au rythme de la cité magique et, où, malgré la tutelle chinoise, les habitants veulent plus de démocratie, un choix libre de leur dirigeant, sont spectaculaires.

Comme un océan humain. Un calme tsunami. C’est un Mai 68 à l’asiatique, avec l’ingéniosité d’une jeunesse «zenifiée» mais déterminée, qui dort à même les boulevards de cette cité unique au monde, où l’on a l’impression que rien ne s’arrête, ni la nuit, ni le jour. Le pouvoir central chinois va-t-il longtemps accepter cette gigantesque protestation, ce refus du compromis ?

En attendant une fin de crise – si elle est concevable – les envoyés spéciaux occidentaux notent l’ordre et le sens de la discipline des manifestants. On nettoie les détritus. On distribue de l’eau, des lingettes, des biscuits et des bananes. On s’organise grâce aux réseaux sociaux.

Une sorte de sérénité mêlée à la certitude habite cette population qui n’affiche aucune crainte d’un «autre Tian’anmen». C’est le bout du monde, Hong Kong, et, cependant, nous devons nous y intéresser. Il se joue, là-bas, une partie cruciale entre l’autorité du président chinois,

Xi Jinping, et ses forces de police, et les porteurs de parapluie de cet ancien village de pêche devenu, par la nature énergique de son peuple disparate, un fascinant centre financier international de sept millions d’êtres humains et, aujourd’hui, témoin exemplaire du besoin de démocratie.

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