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Peut-on vaincre Daesh ?

[Capture d'écran Youtube]

Près d’un mois après le début de l’intervention de la coalition contre Daesh, les résultats se font attendre. Et les jihadistes continuent d’avancer.

 

Directement pris pour cible par la coalition, Daesh ne désarme pas. Pour la première fois hier, les combats faisaient rage dans les rues de la ville syrienne de Kobané, qui semblait sur le point de tomber aux mains des jihadistes après deux semaines d’affrontements acharnés. Les peshmergas kurdes, malgré l’appui des frappes aériennes de la coalition, pouvaient ainsi craindre de perdre la troisième ville kurde de Syrie. Ce nouveau succès qui se dessine pour Daesh met en lumière les limites de l’intervention de la coalition internationale, lancée il y a près d’un mois par Barack Obama. Car si elle avait, dans un premier temps, permis de stopper sa progression, le groupe jihadiste a conservé tout son pouvoir de nuisance. 

 

Les limites d’une stratégie

Certes, les premières frappes ont détruit de nombreuses pièces d’artillerie appartenant à Daesh, et l’armée irakienne a pu mener une contre-offensive efficace, regagnant plusieurs villes. L’intervention de la coalition a en outre visé des puits de pétrole, alors que l’or noir représente une manne financière cruciale pour le groupe jihadiste. Mais depuis, l’organisation a adapté sa stratégie.

Ses membres se fondent dans les populations et se déplacent de manière plus discrète, souvent à moto, évitant les convois trop voyants. Ce qui complique la donne. «Les opérations aériennes ne peuvent en aucun cas suffire à venir à bout de Daesh, estime Karim Pakzad, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

La présence de combattants au sol est indispensable.» Une option rejetée actuellement par les membres de la coalition, qui préfèrent s’appuyer sur les forces déjà sur place pour faire face. Des instructeurs de plusieurs pays ont ainsi été déployés aux côtés de l’armée irakienne et des peshmergas kurdes. La situation est en revanche plus compliquée côté syrien. L’armée syrienne constituerait un allié de poids, mais elle est dirigée par Bachar al-Assad, mis au ban de la communauté internationale pour sa gestion sanguinaire de la révolte en Syrie.

 

Pression psychologique intense

Aux difficultés d’ordre stratégique rencontrées par les alliés s’ajoute une dimension psychologique. Cinq otages occidentaux (deux Américains, deux Britanniques et un Français) ont déjà été exécutés, et les vidéos de leur mise à mort ont profondément choqué l’opinion.

Si 65 % des Français se disent favorables à l’intervention, selon un sondage Ifop publié hier, ce soutien pourrait s’effriter si le coût de l’intervention s’alourdissait. «L’opinion publique n’analyse pas les choses à long terme, elle peut être guidée par l’émotion, analyse Karim Pakzad. L’enga­gement d’un pays peut devenir impopulaire, et les gouvernements être tentés de suivre l’opinion si elle demande le retrait.» Le cas de l’otage américain Peter Kassig, actuellement menacé, pourrait ainsi jouer. On a d’ailleurs appris hier qu’il avait confié à ses parents, dans une lettre datée de juin, avoir «peur de mourir» entre les mains de ses geôliers.

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