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Apprendre à “Perdre son temps sur Internet” dans une université américaine

Les étudiants devront passer trois heures derrière leur écran à surfer sur Internet, essayant d'atteindre un état de dispersion "propice à la création", comme le pense le professeur qui dirigera le cours Kenneth Goldsmith. [AFP/Archives]

Tous les mercredis du prochain semestre à l'Université de Pennsylvanie, aux États-Unis, les étudiants du département d'Anglais pourront suivre un cours de trois heures intitulé "Perdre son temps sur Internet".

 

"Et si toutes ces activités -cliquer, envoyer des textos, actualiser son statut et divaguer sur Internet- étaient utilisées comme matières premières pour créer des œuvres de littérature ?". Voilà la question que pose le cours, pour le moins original, intitulé "Perdre son temps sur Internet".

Cet atelier d'écriture sera dirigé par le professeur Kenneth Goldsmith, également poète et connu pour être avoir fondé le site internet Ubuweb (un fonds de films, de musiques et de poésie sonore en libre accès) à partir du semestre de printemps aux étudiants de l'Université de Pennsylvanie.

 

"Vous devrez fixer votre écran pendant 3 heures"

Sur la page de présentation du cours, l'université indique que les étudiants devront fixer leur écran pendant trois heures, échangeant uniquement par le biais des forums et des réseaux sociaux.

De nombreuses autres questions, que pose l'ère numérique, seront également soulevées, telles que : "Pourrions-nous reconstruire notre autobiographie en utilisant seulement Facebook ? Pourrions-nous écrire un bon roman en puisant dans notre fil Twitter ? Pourrions-nous écrire le plus beau des poèmes à partir de pages Internet ?" 

 

Réveiller son subconscient en surfant sur Internet ?

Le professeur Kenneth Goldsmith s'est expliqué sur l'origine de son cours : "Je suis très fatigué de lire toutes les semaines des articles dans le New York Times qui me font culpabiliser de passer tant de temps sur Internet, au sujet du dispersement de l'attention qu'il provoque", a-t-il confié au site d'information Vice.

Le professeur a ensuite ajouté : "Je pense qu'il est complètement faux de dire qu'Internet nous rend plus bêtes. Je pense qu'il nous rend plus intelligents."

Ainsi, à l'instar des artistes du XXe siècle qui cherchaient constamment de nouvelles façons de réveiller leur subconscient pour créer des œuvres surréalistes, Internet permettrait, selon Goldsmith, de se rapprocher plus facilement de cet état de dispersion propice à la création.

"La distraction électronique et le multitâche sont le nouveau surréalisme", ose-t-il même avancer.

L'atelier tentera donc "d'arracher un objet artistique de cet état de distraction créé par le fait de parler au téléphone tout en surfant sur le Web, ou bien de regarder une vidéo tout en discutant".

Les étudiants exploreront entre autres l'histoire de la récupération de l'ennui et de la réutilisation du temps, s'appuyant sur l'étude d'artistes expérimentaux comme Georges Perec, membre de l'Oulipo (Ouvroir à littérature potentielle) ou John Cage, inspirateur du mouvement du Fluxus.

 

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