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Kiev se prépare au combat, l'ONU redoute une "guerre totale

Un avion de chasse ukrainien. (Photo d'illustration)[AFP]

L'Ukraine a dit mercredi se préparer au combat en réaction à une concentration de troupes russes dans l'Est séparatiste prorusse confirmée par l'Otan, qui fait craindre à l'ONU "une guerre totale" après deux mois de trêve fragile.

 

Le ministère russe de la Défense a rejeté comme "sans fondements" les accusations du commandant en chef de forces alliées de l'Otan en Europe, Philip Breedlove, sur l'arrivée dans l'est de l'Ukraine de convois militaires russes.

L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui déploie des observateurs en Ukraine, a également confirmé ces incursions militaires russes.

Le conflit entre armée gouvernementale et séparatistes pro-russes qui embrase des régions orientales de l'Ukraine a fait plus de 4.000 morts depuis la mi-avril. Un cessez-le-feu conclu en septembre par Kiev et les séparatistes est aujourd'hui moribond.

Face à l'escalade militaire, l'ONU a dit redouter "le retour à une guerre totale", lors d'une réunion d'urgence de l'ONU où Occidentaux et Russes se sont une nouvelle fois affrontés. Le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, Jens Andres Toyberg-Frandzen, a aussi évoqué parmi les scénarios possibles "un conflit gelé et persistant qui maintiendrait le statu quo dans le sud-est de l'Ukraine pendant les années ou les décennies à venir".

Cette réunion, la 26ème session infructueuse consacrée à la crise ukrainienne, avait été demandée par les Etats-Unis, dont l'ambassadrice Samantha Power a accusé Moscou de "parler de paix tout en continuant à fomenter la guerre". Le représentant russe Dimitri Pankin a dénoncé des "déclarations de propagande".

Quelques heures auparavant, le secrétaire général de l'OSCE, Lamberto Zannier, avait reconnu que le cessez-le-feu était de plus en plus virtuel et que l'afflux d'armes dans les zones rebelles pouvait "mener à une confrontation plus ouverte".

A Kiev, le ministre de la Défense Stepan Poltorak a annoncé un redéploiement des troupes ukrainiennes face à une éventuelle offensive.

"Nous observons un renforcement de la part des groupes terroristes (les insurgés dans la terminologie de Kiev, NDLR) ainsi que de la part de la Russie (...) Nous nous attendons à des agissements imprévisibles de leur part", a-t-il déclaré. "Notre principale tâche est de nous préparer au combat".

Pour la première fois depuis la trêve du 5 septembre, l'Otan a confirmé mercredi l'entrée de convois militaires russes dans l'est du pays, dénoncée par Kiev.

Ces deux derniers jours, "nous avons vu des colonnes d'équipements russes, des chars russes, des systèmes de défense antiaérienne russes, de l'artillerie russe, et des troupes de combat russes entrant en Ukraine", a déclaré le général Breedlove.

Le gouvernement ukrainien a annoncé mercredi le renforcement de la sécurité autour de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov désigné par les rebelles comme leur prochaine cible, des centrales nucléaires et des gazoducs.

Selon un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, des mouvements de convois militaires ont été observés près de Novoazovsk, ville proche de Marioupol et qui pourrait servir de base à une éventuelle offensive des insurgés sur ce port.

Bastion rebelle, Donetsk a été secoué mercredi pendant quelques heures par des tirs d'artillerie plus intenses qu'au cours des derniers jours, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

Les hostilités ont gagné en intensité depuis les élections organisées le 2 novembre dans les zones séparatistes, un scrutin rejeté par Kiev et l'Occident, mais reconnu de facto par la Russie.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a averti mercredi que les séparatistes pro-russes se préparaient à de nouveaux affrontements avec les soldats gouvernementaux. Selon lui, il y a des indices, confirmés par les observateurs de l'OSCE, sur "de nouveaux mouvements qui indiquent que les séparatistes se préparent à des confrontations violentes importantes".

Accusant Moscou d'avoir "franchi des centaines de lignes rouges" dans la crise ukrainienne, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a appelé la communauté internationale à "cesser de souffrir de daltonisme géopolitique", jugeant que l'Occident n'avait pas été assez ferme.

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel avait indiqué que l'Union européenne ne prévoyait pas de nouvelles sanctions contre la Russie, mis à part la possibilité d'allonger la liste des responsables ukrainiens prorusses visés par les sanctions existantes.

Le dossier doit être abordé pendant une rencontre ministérielle à Bruxelles lundi prochain.

L'Ukraine a été la veille au coeur de l'activité diplomatique internationale.

Outre un entretien téléphonique entre Mme Merkel et le président ukrainien Petro Porochenko, le sujet a été abordé par les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine en marge d'un sommet des dirigeants d'Asie-Pacifique à Pékin.

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