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La reconnaissance de l’Etat palestinien en débat

Des hommes portent le drapeau palestinient à Gaza, le 15 mai 2013 [Mohammed Abed / AFP]

Alors qu’un vote se prépare à l’Assemblée, la reconnaissance d’un Etat palestinien alimente les tensions au Proche-Orient et au-delà.

 

De l’huile sur le feu ou un début de solution ? Vendredi, les députés français débattront d’une proposition de résolution socialiste invitant le gouvernement français à reconnaître l’Etat palestinien, devenant ainsi le 136e pays membre de l’ONU (sur 193) à le faire. Une proposition qui sera votée le 2 décembre prochain.

Mais en suivant l’exemple de plusieurs pays européens, comme dernièrement la Suède ou le Royaume-Uni, la France risque de déclencher la colère d’Israël. Dimanche, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a en effet estimé que «la reconnaissance d’un Etat palestinien par [Paris] serait une grave erreur». Car cette question,  en suspens depuis des années, pourrait avoir de grandes conséquences.

 

Le 194e Etat membre de l’ONU ?

En 1947, le plan de partage de la Palestine imaginé par les Nations unies prévoyait la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe. Mais près de soixante-dix ans plus tard, et après des années de conflit, le second n’a jamais vu le jour.

Une situation que les Palestiniens, sous l’impulsion de leur président Mahmoud Abbas, ont bien l’intention de rectifier. Depuis plusieurs années, ils espèrent la reconnaissance d’un Etat indépendant, comprenant Jérusalem-Est, la bande de Gaza et la Cisjordanie, et son adhésion de plein droit aux Nations unies.

Le 29 novembre 2012 (jour du 65e anniversaire du plan de partage), l’Assemblée générale de l’ONU a reconnu la Palestine en tant qu’Etat observateur non-membre. Un premier pas. Depuis, elle a adhéré à quinze institutions ou traités internationaux, et des organisations comme les Nations unies, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont certifié qu’elle disposait des conditions nécessaires à la création d’un Etat.

«Tout cela peut encourager la reprise des pourparlers de paix avec Israël, mais tant que les Etats-Unis ne reconnaissent pas l’Etat palestinien cela ne bougera pas», estime Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris et auteur de l’ouvrage Géopolitique du Printemps arabe (PUF).

 

Des conséquences majeures

La reconnaissance de l’Etat palestinien pourrait mettre une pression internationale sur Israël et relancer le processus de paix entre les deux pays. Intégrée aux organisations internationales, la Palestine aurait alors plus de poids sur la scène internationale. Mais ce statut pourrait aussi déstabiliser un peu plus la région. Car Israël, qui ne devrait probablement pas reconnaître la Palestine, aura l’obligation d’arrêter la colonisation et de rappeler des milliers de colons installés à Jerusalem-Est ou en Cisjordanie.

Une telle décision pourrait provoquer une montée des extrémismes. Du côté israélien comme palestinien, où le Hamas, qui ne reconnaît pas Israël, continuera de plaider pour un Etat impliquant toutes les terres juives. De plus, ce nouvel Etat poserait problème pour près de 7 millions de Palestiniens (dont 4 millions ont le statut de réfugiés) qui se trouvent aujourd’hui hors des frontières souhaitées (en Jordanie ou au Liban) et qui seront obligés de revenir pour rester palestiniens.

 

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