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Ukraine : la trêve conclue hier déjà violée à Donetsk

Des soldats ukrainiens le 1er décembre 2014.[ANATOLII STEPANOV]

Les autorités ukrainiennes ont accusé mercredi les rebelles prorusses d'avoir violé la trêve conclue la veille à l'aéroport de Donetsk, théâtre des combats les plus violents dans l'Est séparatiste du pays depuis plusieurs mois.

 

Des journalistes de l'AFP sur place ont entendu des salves de lance-roquettes multiples Grad mercredi dans la zone de l'aéroport vers 11H00 locales (08H00 GMT).

Ils ont également aperçu sur la route de l'aéroport quatre véhicules des rebelles, trois remplis de roquettes Grad qui avaient été utilisées et un de roquettes non-utilisées, sans qu'il soit possible d'établir si les roquettes utilisées avaient été tirées dans la matinée.

"On entend les bombardements, mais nous n'avons pas peur. Nous sommes déjà habitués!", témoigne Alexandre, un mineur retraité de 54 ans qui habitait avec sa fille dans un immeuble à proximité de l'aéroport, aujourd'hui en ruines.

Le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a pour sa part affirmé que si les tirs avaient bien cessé le temps des négociations sur le cessez-le-feu mardi, ils ont repris dès le départ des négociateurs mardi soir.

Un dirigeant rebelle, Andreï Pourguine, avait annoncé la veille la conclusion d'un cessez-le-feu dans l'aéroport de Donetsk après des pourparlers avec des généraux russe et ukrainien, les rebelles et l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Les autorités ukrainiennes n'ont pas fait état de victimes dans les combats dans la zone, mais ont admis quelques jours auparavant qu'il était impossible d'avoir des informations fiables en raison des combats ininterrompus.

 

Rencontre Kerry-Lavrov jeudi

Cette reprise des affrontements intervient alors qu'une cinquantaine de ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OSCE devaient discuter à Bâle (Suisse) à partir de mercredi soir de l'Ukraine avec l'espoir "d'un pas de plus vers une paix durable".

Les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov doivent notamment s'y rencontrer jeudi.

De maigres espoirs étaient apparus mardi après l'annonce par l'OSCE et les dirigeants séparatistes d'un cessez-le-feu à partir du 5 décembre dans la région séparatiste de Lougansk, qui compte également des points chauds comme le village de Stanitsa Louganska où des tirs d'artillerie sont signalés quotidiennement.

Mais selon les experts il est trop tôt pour fonder beaucoup d'espoir sur ces efforts pour un arrêt des combats dans l'est de l'Ukraine, qui ont déjà fait plus de 4.300 morts depuis plus de sept mois.

Les accords de paix conclus en septembre à Minsk entre Kiev et les rebelles avec la participation de Moscou et de l'OSCE ont été violés quasiment chaque jour par les deux camps.

Le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a déploré mercredi à Kiev l'absence d'une "enquête satisfaisante" de la part des autorités de Kiev, à la suite des accusations de l'ONG concernant l'utilisation par l'armée ukrainienne de bombes à sous-munitions.

"Plutôt que de se rendre sur place et d'examiner les preuves, les enquêteurs sont allés au dépôt de munitions et ont examiné les registres. Ils en ont conclu que ces armes n'avaient pas été déplacées", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Kiev.

L'ancien président ukrainien Leonid Koutchma, qui participe au groupe de médiateurs sur l'Ukraine, a indiqué mercredi que le prochain cycle de pourparlers avec les rebelles pourrait être entamé la semaine prochaine, ce que les rebelles n'ont pas confirmé.

M. Lyssenko a également souligné qu'il y a "des signaux qui montrent que les rebelles commencent à écouter les négociateurs".

 

500 millions de l'UE

Ces espoirs naissent au lendemain de la confirmation par le Parlement ukrainien du nouveau gouvernement pro-occidental, qui compte pour la première fois dans ses rangs des étrangers, avec notamment aux Finances une Américaine, ancienne du département d'État, et un Lituanien à l'Économie.

Ils auront la lourde tâche de sortir une économie en profonde crise de l'impasse et d'endiguer une corruption endémique.

L'Union européenne a versé mercredi une nouvelle tranche de 500 millions d'euros d'aide à l'Ukraine, une "promesse de solidarité", mais a exigé en échange un "maintien du rythme des réformes".

Le nouveau ministre de l'Économie, Aivaras Abromavicius, a d'ores et déjà promis d'utiliser les "méthodes les plus radicales" pour mener à bien ce travail. "Attendre signifierait échouer", a-t-il lancé mercredi devant les journalistes.

 

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