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3.419 migrants morts en Méditerranée en 2014

Des hommes enlèvent la dépouille d'un migrant échoué sur une plage libyenne à 60km à l'est de Tripoli, le 19 juillet 2014. [Mahmud Turkia / AFP]

La Méditerranée est devenue "la route la plus mortelle du monde" en 2014, avec au moins 3.419 migrants qui ont perdu la vie en tentant de la traverser en quête d'un avenir meilleur, a annoncé mercredi l'agence des Nations Unies en charge des réfugiés.

 

Depuis le début de l'année, ce sont plus de 207.000 migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée, un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record de 2011 lorsque 70.000 migrants avaient fui leur pays lors du printemps arabe.

"Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle nous assistons cette année : nous faisons fasse à un arc de conflits et l'Europe y a été directement confrontée", a déclaré à l'AFP Adrian Edwards, le porte-parole du HCR.
Avec des conflits au sud (Libye), à l'est (Ukraine) et au sud-est (Syrie/Irak), l'Europe connait actuellement le plus grand nombre d'arrivées par la mer. Près de 80% des départs s'effectuent depuis les côtes libyennes pour rejoindre l'Italie ou Malte. 

La plupart de ces migrants arrivés en Italie cette année sont Syriens (60.051), leur pays est ravagé par une guerre civile depuis plus de trois ans et demi, et Erythréens (34.561) qui fuient leur pays pour échapper à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail forcé, non rémunéré et à durée illimitée.

    

"Mauvaise réaction" des Etats
    
Le HCR a critiqué la gestion migratoire des Etats européens, regrettant que certains gouvernements se focalisaient davantage sur le maintien des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l'asile.
"C'est une erreur, et précisément la mauvaise réaction à avoir dans une période où un nombre record de personnes fuient la guerre, a affirmé António Guterres, Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. Tous les pays ont des préoccupations de sécurité et de gestion de l'immigration, mais les politiques doivent être conçues de manière à ne pas conduire à ce que les vies humaines deviennent des dommages collatéraux".

Pour le seul mois de novembre, 8.000 migrants ont été secourus en mer Méditerranée. Des bateaux de sauvetage ont encore porté secours fin novembre à 320 migrants sur une embarcation de fortune, rapatriés au port d'Augusta (Sicile), et à un autre bateau avec à son bord 182 migrants, transportés jusqu'à Porto Empedocle en Sicile.
Fin octobre, les autorités italiennes ont cependant confirmé la fin de l'opération "Mare Nostrum" qui a permis de sauver des dizaines de milliers de migrants en Méditerranée. L'Italie avait lancé cette opération sans précédent dans l'urgence de la tragédie qui avait frappé Lampedusa, mais ne souhaitait pas la prolonger à long terme, faute de soutien de ses partenaires européens.

Plusieurs d'entre eux ont finalement accepté de contribuer à une nouvelle opération, baptisée Triton. Géré par Frontex, l'organisme européen chargé de la surveillance des frontières extérieures de l'Union européenne, elle sera limitée à la surveillance de la frontière extérieure de l'UE en Méditerranée. 
    

Record de migrants maritimes
    
"Vous ne pouvez pas utiliser des moyens de dissuasion pour empêcher une personne de fuir pour sauver sa vie, sauf en augmentant les dangers", a affirmé M. Guterres. 
Selon lui, les Etats doivent "s'attaquer aux vraies causes profondes, c'est-à-dire examiner les raisons pour lesquelles les personnes fuient, ce qui les empêche de chercher asile par des moyens plus sûrs, et ce qui peut être fait pour sévir contre les réseaux criminels qui prospèrent dans ce contexte, tout en protégeant les victimes".

Toutefois, si la Méditerranée constitue "la route la plus mortelle du monde" selon le HCR, elle n'est pas la seule. Avec ceux de Méditerranée, au moins 348.000 migrants dans le monde ont ainsi entrepris de traverser une mer depuis début janvier, un pic jamais atteint.

Le HCR a dénombré 540 victimes sur les 54.000 ayant tenté de traverser le golfe de Bengale en Asie du sud-est, la plupart en provenance du Bangladesh ou de Birmanie et à destination de la Thaïlande ou de la Malaisie. En Mer rouge et dans le golfe d'Aden, au moins 242 personnes ont perdu la vie, tandis que dans les Caraïbes le nombre de morts ou de disparitions signalées s'élevait à 71 début décembre. 

 

 

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