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Haiyan, un an après : Enfants du Mékong maintient l'effort

Le super-typhon Haiyan, de force 5, a touché les Philippines en novembre 2013.[CHARISM SAYAT / AFP]

L'ONG Enfants du Mékong, qui oeuvre à la protection de l'enfance en Asie du Sud--Est, a participé à la reconstruction des Philippines après le passage du typhon Haiyan en novembre 2013. Un an après le drame qui a coûté la vie à des milliers de Philippins, Antoine Besson, rédacteur en chef du magazine Enfants du Mékong, fait le point sur la lente réhabilitation du pays.

 

Treize mois après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, où en est la reconstruction de logements entreprise par votre ONG dans le pays ?

Enfants du Mékong a reconstruit à ce jour plus de 2400 maisons, 10 écoles et garderies dans toutes les Visayas, la région centrale de l’archipel des Philippines dévastée par le typhon Haiyan. Un impact sur plus de 3 000 familles.

Ce travail de reconstruction n’a été possible que grâce à la mobilisation des Philippins. Après la catastrophe, ils se sont tournés vers nous pour demander un support logistique tandis qu’ils s’organisaient en petite communautés solidaires pour rebâtir les maisons en échange de travaux communautaires de déblaiement des gravats.

Par la suite, la question de la subsistance des familles s’est posée. Au total, 600 000 hectares de terres agricoles et un million de tonnes de riz qui venaient d’être récoltées ou plantées ont été détruits par le typhon, 30 000 bateaux de pêche ont été détruits et 33 millions de cocotiers ont été déracinés ou endommagés.

C’est toute l’économie locale qui s’est effondrée, pénalisant en premier lieu les couches de la population les plus pauvres : les saisonniers. Enfants du Mékong a donc initié, toujours sous l’impulsion de ses responsables philippins, des programmes de restauration de l’économie domestique en favorisant l’émergence de potagers communautaires qui nourrissent les familles des bénéficiaires et assurent un revenu grâce à la revente.  

 

Quelle était votre principale priorité auprès des enfants philippins après Haiyan ?

Notre priorité n’a pas changé depuis 17 ans que nous sommes présents aux Philippines. Il s’agit d’aider et d’accompagner les enfants les plus pauvres pour leur permettre d’aller le plus loin dans leurs études et d’accéder à un emploi qui leur permette de s’assumer avec dignité. Dans les conditions particulières du typhon Haiyan, cette aide passait par un travail de reconstruction très concret.

Pourquoi envoyer un enfant à l’école s’il n’a pas de toit pour s’abriter et rien pour se nourrir ? L’équilibre de l’enfant repose en majeure partie sur l’équilibre familial. C’est d’autant plus vrai en Asie que la culture traditionnelle fait souvent passer la communauté avant l’individu. C’est pourquoi nous nous sommes autant impliqués auprès des Philippins dans la reconstruction en suivant leurs intuitions et en s’appuyant sur "le Banahiyan spirit", l’esprit de communauté, pour organiser notre action.

Une fois les familles individuelles aidées, nous avons pu envisager une aide concrète des communautés plus larges en aidant également à la reconstruction des écoles et des garderies dans les zones isolées ou difficiles d’accès.

Nous avons reconstruit plus de 10 écoles. Mais notre travail n’est qu’une goutte d’eau à l’échelle du pays. 200 000 familles sont encore logées sous tente et plus d’un million vivent dans des habitations précaires et dangereuses. C’est pourquoi Enfants du Mékong a inscrit les Philippines dans sa liste des pays prioritaires pour le parrainage.

 

Le récent passage du typhon Hagupit a-t-il impacté votre travail de reconstruction entrepris depuis plus d’un an ?

Nous avons été très inquiets comme tous les Philippins à l’annonce du passage de ce super typhon de force 5 sur le même trajet qu’Haiyan, l’an dernier. Heureusement les dégâts semblent être peu importants.

La plupart des programmes et des maisons ont tenu le coup. Quelques toits ont été endommagés. Seules quelques maisons ont été victimes de coulées de boue ou d’écroulements de terrain sur l’ile de Samar, là où le typhon a été le plus fort.

Sur le plan humain, toutes les communautés contactées ont trouvé refuge (notamment dans les daycare que nous avons construit) et sont sains et saufs. Aujourd’hui, le gouvernement fait état de 27 morts suite au super-typhon même s’il appelle tous les acteurs sur le terrain à ne pas faire de bilan hâtif tant que certaines zones restent inaccessibles.  

Le site d'Enfants du Mékong

 

 

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