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Les premières mesures du gouvernement Tsipras

Alexis Tsipras, leader du parti d'extrême gauche, Syriza. [ANGELOS TZORTZINIS / AFP]

A peine constitué, le gouvernement anti-austérité du nouveau Premier ministre Alexis Tsipras devait énoncer mercredi les premières mesures qu'il prendra, à la fois pour améliorer le quotidien des Grecs et pour renégocier la dette du pays.

 

Le gouvernement, qui compte 13 ministres au lieu de 19 précédemment, devait se réunir autour du Premier ministre Alexis Tsipras, dans les locaux du Parlement, aux environs de 08h30 GMT (10h30 locales).

L'Europe était dans l'attente des premières déclarations économiques d'un gouvernement largement issu de la gauche radicale Syriza, avant les premières visites de dignitaires de l'UE programmées à Athènes :  jeudi le président du Parlement européen Martin Schulz, et vendredi celui de l'Eurogroupe (les ministres des Finances de l'UE) Jeroen Dijsselbloem. 

Dès mercredi M. Tsipras pourrait annoncer une réduction des privatisations en cours -- celle du port du Pirée serait déjà dans la balance -- et des mesures concrètes pour améliorer le bien-être des Grecs, épuisés par six ans de récession, un taux de chômage de 25% et des mesures de restrictions de toutes sortes, notamment salariales. 

Le gouvernement a l'intention de faire adopter très vite une loi rehaussant de 580 à 751 euros le salaire minimum, de laisser des facilités de paiement à ceux qui ne peuvent payer leurs arriérés d'impôt, d'accorder l'électricité gratuites et des bons d'alimentations aux plus démunis, et d'en finir avec l'obligation de "mobilité et d'évaluation" dans les services publics, largement imposée par les créanciers du pays, la fameuse troïka (UE, BCE, FMI).

Autant de mesures qui s'éloignent des préconisations de la troïka, avant même que le gouvernement n'évoque le grand point de confrontation avec l'UE : son exigence de réduction par les créanciers de l'énorme dette grecque. 

 

 - "Apprendre à se connaître" -

Tout cela à un moment crucial, l'UE ayant prévu de verser à la Grèce fin février les 7 derniers milliards prévus par son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire. 

La visite de M. Dijsselbloem, vendredi, aura surtout pour objectif que lui-même, M. Tsipras, et les responsables grecs en charge des Finances, et en particulier le ministre des Finances Yanis Varoufakis, "apprennent à se connaître", a indiqué à l'AFP une porte-parole de l’Eurogroupe. 

Mais M. Dijsselbloem avait annoncé la couleur dès lundi : "Faire partie de la zone euro signifie qu'il faut respecter l'ensemble des accords déjà passés".

Mardi soir, le commissaire européen Pierre Moscovici a exclu néanmoins toute rupture à venir avec la Grèce : "La Commission aide et veut continuer à aider la Grèce. Il n'est pas question que, de ce point de vue-là, il y ait une rupture".

Autant de déclarations soufflant le chaud et le froid qui semblent traduire le malaise des partenaires de la Grèce face à ce nouveau venu encore difficile à cerner.

L'économiste de BNP Paribas Gizem Kara remarquait que mardi, M. Varoufakis avait dit à une radio irlandaise avoir eu une première conversation téléphonique "encourageante et inspirante" avec M. Dijsselbloem. Il avait ajouté que les Grecs ne chercheraient pas à Bruxelles une solution qui soit "uniquement bonne pour eux", mais aussi pour "les Irlandais, les Slovaques, les Allemands, les Français et les Italiens".

La Grèce semble donc bien décidée à initier un mouvement général en Europe, pour secouer le joug de l'austérité consécutive à une crise dont beaucoup de populations ne se sentent pas responsables.

"L’arrivée de Syriza au pouvoir en Grèce va bousculer l’Europe. Elle va l’obliger à réfléchir sur la façon dont elle fonctionne", observait Philippe Waechter, de Natixis Asset Management.

Capital economics estimait de même que "la victoire de Syriza peut accroître l'influence des partis anti-austérité dans le reste de l'Europe, notamment en Espagne avec Podemos", mais que "la résistance de l'Allemagne limitera la possibilité des instances européens d'assouplir cette politique".

La Bourse d'Athènes poursuivait son recul mercredi, ouvrant en baisse de 2,22%.

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