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Hollande et Merkel vont chercher "un accord" pour l'Ukraine à Moscou

Angela Merkel et François Hollande le 5 février 2015 à Kiev

François Hollande et Angela Merkel sont attendus vendredi soir au Kremlin pour tenter de convaincre Vladimir Poutine d'accepter le nouveau plan de paix qu'ils ont défini dans l'urgence face à l'intensification des combats dans l'est de l'Ukraine.

 

L'initiative de paix franco-allemande, soutenue par Washington et par l'Union européenne, a tout de la médiation de la dernière chance au terme de 10 mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations Est-Ouest de la Guerre froide.

"Nous travaillons, on ne peut pas préjuger du résultat" mais "c'était bien l'initiative qu'il fallait prendre: tout faire pour la paix pour qu'il n'y ait rien à regretter", a-t-il ajouté.

Une initiative de paix largement soutenue

"Mais en même temps nous devons aussi espérer. Si je fais ce déplacement à Moscou avec la chancelière après avoir passé plusieurs plusieurs heures à Kiev c'est bien pour aller chercher un accord. Et pour ensuite dire, s'il a été obtenu, les efforts consentis par les uns et par les autres, et s'il ne l'a pas été, qui en sera responsable", a aussi affirmé M. Hollande.

 

L'initiative de paix franco-allemande, soutenue par Washington et par l'Union européenne, a tout de la médiation de la dernière chance au terme de 10 mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations Est-Ouest de la Guerre froide.

 

Défendre la paix européenne

Avant de s'envoler pour Moscou où elle devait atterrir à 16H30 (13H30 GMT), suivie une heure plus tard par François Hollande, la chancelière allemande a énoncé depuis Berlin son credo : trouver une solution ukrainienne pour défendre "la paix européenne".

La veille au soir, les deux dirigeants européens avaient exposé au président ukrainien Petro Porochenko le plan annoncé à la surprise générale par François Hollande lors d'une conférence de presse à Paris.

 

Une situation urgente

La présidence ukrainienne a indiqué dans la nuit, après plusieurs heures de négociations, que l'initiative franco-allemande "laisse espérer un cessez-le-feu" alors qu'environ 220 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les bombardements et les combats sur les seules trois dernières semaines.

Illustration de l'urgence sur le terrain : la situation à Debaltseve, une ville de l'est tenue par l'armée ukrainienne et presque encerclée par les rebelles prorusses. Vendredi, une trêve de quelques heures y a été conclue pour permettre l'évacuation des civils pris entre les bombardements des deux camps. Environ 25 bus sont arrivés sur place pour l'évacuation des civils en territoire contrôlé par les Ukrainiens ou dans les zones tenues par les rebelles, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Des tirs d'artillerie pouvaient être entendus mais les obus épargnaient Debaltseve. Parallèlement, au moins deux soldats et un civil ont été tués lors des dernières 24 heures.

 

Des "contre-proposition" comme plan de paix

Petro Porochenko a souligné que toutes les parties devaient respecter les accords de paix conclus à Minsk en septembre, les seuls pour l'heure signés par les Ukrainiens comme par les rebelles prorusses soutenus par Moscou qui ont engrangé ces dernières semaines les victoires militaires.

En fait de plan de paix, il s'agit plutôt d'une "contre-proposition" de plan de paix, Vladimir Poutine ayant soumis il y a quelques jours, selon des responsables russes et américains, des idées à Angela Merkel et François Hollande. Ces derniers en ont alors fait part mercredi aux Etats-Unis et à l'Ukraine et ont dans la foulée préparé leurs contre-propositions.

Cette "nouvelle proposition de règlement sur le conflit" garantit "l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a assuré le chef de l'Etat français, tout en prévenant Moscou que le temps était désormais compté et que "l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment".

 

La France et l'Allemagne "garants" du cessez-le-feu

Selon des informations publiées dans la soirée par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par le gouvernement allemand, ce plan prévoirait de "conclure un cessez-le-feu immédiat " contre une "autonomie plus grande accordée aux séparatistes, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu'ici".

"A Porochenko, on veut clairement faire comprendre qu'il s'agit de la dernière chance offerte à l'Ukraine d'éviter une défaite militaire et un écroulement économique", selon SZ.

Interrogé par la radio française Europe 1, l'ambassadeur de Russie à Paris, Alexandre Orlov, a estimé que la France et l'Allemagne devaient être "les garants" du respect du cessez-le-feu. Et si le plan de paix est adopté par toutes les parties, il devra être "garanti par l'Europe, les Etats-Unis et la Russie", a-t-il ajouté, disant vouloir "croire" au succès de la mission des Européens.

 

Obama réserve sa réponse sur les armes

Parallèlement à l'initiative franco-allemande, les Etats-Unis continuaient de réfléchir à la possibilité de livrer des armes à l'armée ukrainienne, qui accumule les revers dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.

Mais en visite jeudi à Kiev, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a douché les attentes du gouvernement ukrainien concernant une annonce immédiate sur la livraisons d'armes à l'Ukraine en disant que Washington privilégiait "une solution diplomatique".
 

Kiev a besoin d'artillerie

Barack Obama "passe en revue toutes les options dont celle de la livraison d'armes défensives" et prendra sa décision "prochainement", a ajouté M. Kerry, afin notamment de laisser une chance au plan de paix des Européens.

De quoi l'armée ukrainienne a-t-elle besoin pour renverser la situation ? "D'outils de communication, de brouillage électronique ou des radars", selon Kiev; de drones, de missiles anti-char, selon un rapport indépendant récent rédigé par plusieurs groupes de réflexion américains.

Mais une réponse positive des Américains risquerait d'être interprétée comme un casus belli par Moscou, et d'aggraver encore les relations russo-américaines qui traversent leur pire crise depuis la Guerre froide.

 

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