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Syrie : incursion turque pour évacuer une tombe ottomane

Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 5 septembre 2013 [Vladimir Astapkovich / G20russia/AFP/Archives]

La Turquie a mené une vaste opération militaire en Syrie dans la nuit pour évacuer la dépouille d'un dignitaire ottoman et les 40 soldats qui gardaient son tombeau situé dans une zone tenue par le groupe Etat islamique (EI), a annoncé dimanche le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

 

Cette opération a été décidée en raison de la détérioration de la situation autour de l'enclave turque de quelques centaines de mètres carrés en plein désert syrien où gît Souleïmane Shah, le grand-père d'Osman Ier, fondateur de l'empire ottoman, a indiqué M. Davutoglu lors d'un point de presse à l'état-major des armées.

"Une opération a été lancée à 21H00 (locales 19H00 GMT) avec le passage de 572 soldats par le poste-frontière de Mursitpinar (sud-est)", a dit M. Davutoglu flanqué de son ministre de la Défense Ismet Yilmaz et du chef de l'armée, le général Necdet Özel.

 

Les reliques rapatriées

Une quarantaine de chars sont en outre entrés en sol syrien accompagnés de plusieurs dizaines d'autres véhicules blindés et protégés par l'aviation dans le cadre de l'opération baptisée "Shah Firat", a-t-il continué, indiquant que l'opération s'était terminée sans combats.

"Les reliques du dignitaire turc ont été rapatriées temporairement en Turquie pour être inhumés ultérieurement en Syrie", a indiqué le Premier ministre qui a ajouté qu'une zone avait été sécurisée en territoire syrien, à la localité d'Eshme, à quelques kilomètres seulement de la frontière turque, pour transférer la dépouille du dignitaire turc à cet endroit dans les jours suivant.

 

Sains et saufs

Il s'est félicité du "bon déroulement" de l'opération militaire "comportant potentiellement d'importants risques" menée à environ 35 km à l'intérieur du territoire syrien.

Toutes les troupes turques et le contingent gardant la tombe sont rentrées sains et saufs tôt dimanche en Turquie et tout ce qui reste du lieu saint a été détruit, selon M. Davutoglu.

 

Importance politique et diplomatique

Les chaînes de télévision turques ont diffusé des images de soldats turcs plantant dans la nuit le drapeau turc sur le nouveau site qui doit abriter la tombe de l'ancêtre du fondateur de l'empire ottoman, mort dans le désert syrien au XIIIe siècle, alors qu'il fuyait devant l'avancée mongole.

La relocalisation en sol syrien de ce tombeau revêt une importance politique et diplomatique pour Ankara qui souhaite montrer qu'il n'a pas "perdu" contre les jihadistes, ont commenté les observateurs.

D'ailleurs M. Davutoglu a fait remarquer que "la Turquie n'a été privée d'aucun de ses droits en ce qui concerne le droit international", qui lui attribue un morceau de territoire syrien pour ce tombeau.

  

La Turquie "prête à riposter"

"Nous étions prêt à riposter de la manière la plus forte à toute attaque qui aurait pu avoir pour cible nos troupes", a insisté le chef du gouvernement turc.

Un soldat turc a perdu la vie lors d'"un accident" au moment de l'incursion turque, a indiqué en outre l'état-major des armées dans un communiqué en ligne.

 

Attachement à l'empire ottoman

La Turquie avait menacé à plusieurs reprises les jihadistes de représailles s'ils attaquaient les soldats turcs protégeant ce site, sous souveraineté turque, très symbolique et historique, situé au nord-est d'Alep.

Le régime islamo-conservateur au pouvoir en Turquie depuis 2002 voue un attachement particulier à l'empire ottoman sur les ruines duquel a été fondé la République de Turquie, en 1923.

 

Propriété turque depuis 1921

Le tombeau est considéré comme un territoire turc depuis la signature d'un traité entre la France, qui occupait alors ce territoire, et la Turquie en 1921. 

En 1973, la sépulture a été transférée plus au nord, en raison de la construction d'un barrage, mais la propriété est restée inchangée. 

 

Intervenir en Syrie

La Turquie a rompu avec son ex-allié syrien et le régime du président Bachar al-Assad depuis l'éclatement de la guerre civile dans ce pays en 2011.

Le parlement turc avait donné son feu vert l'an dernier au gouvernement d'Ankara pour intervenir en Syrie et en Irak contre l'EI et à accueillir sur son territoire des troupes étrangères qui participeraient à une opération militaire.

 

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