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Kiev se prépare à un retrait d'armes, Moscou accuse l'Occident

Un séparatiste prorusse garde une barricade à Marioupol, dans l'est de l'Ukraine.[Daniel Mihailescu / AFP]

L'armée ukrainienne attendait jeudi l'ordre de retirer ses armes lourdes du front dans l'Est séparatiste prorusse où la trêve semble globalement respectée alors que la Russie dénonce une "mauvaise volonté" des Occidentaux après des menaces de nouvelles sanctions.

 

"Nous avons défini les endroits où nous allons retirer les pièces d'artillerie. Nous y sommes prêts", a déclaré jeudi matin le porte-parole militaire ukrainien Vladislav Seleznev.

Le retrait des armes lourdes prévu par les accords Minsk 2 signés le 12 février avec la médiation du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel en présence de Vladimir Poutine était censé commencer dimanche. Kiev avait toutefois fait savoir qu'il n'en était pas question avant le respect total du cessez-le-feu.

La veille, l'armée ukrainienne s'est félicitée du fait qu'il n'y avait pas eu de morts dans ses rangs en 24 heures pour la première fois depuis l'entrée en vigueur du dernier cessez-le-feu le 15 février.

La nuit de mercredi à jeudi a également été calme, selon les premières informations communiquées dans la matinée par les militaires ukrainiens.

 

Retrait d'armes lourdes ou mouvement habituel ?

Les séparatistes prorusses ont montré mercredi à la presse ce qu'ils ont présenté comme un retrait des armes lourdes près de leur bastion de Donetsk, mais l'OSCE n'était pas en mesure de confirmer qu'il s'agissait bien d'un retrait et non d'un mouvement habituel.

Un autre porte-parole militaire ukrainien Anatoli Stelmakh a pourtant dénoncé une "concentration des troupes ennemies" près de Marioupol, port stratégique sur les bords de la mer d'Azov et dernière grande ville de l'Est rebelle sous contrôle de Kiev.

Marioupol, dont la prise serait une étape clé pour construire un pont terrestre entre la Russie et la Crimée sous autorité russe, est considérée comme la prochaine cible potentielle des séparatistes prorusses après la prise la semaine dernière du noeud stratégique ferroviaire de Debaltseve, reliant les capitales rebelles de Donetsk et de Lougansk.

 

Moscou accuse les Occidentaux

Malgré une accalmie relative sur le front, les Occidentaux, et en premier lieu les Américains, semblent peu convaincus de la volonté de la Russie d'apaiser le conflit.

Accusée d'armer les rebelles de l'Est et de leur avoir envoyé des troupes régulière, Moscou dément toute implication dans ce conflit qui a fait 5.800 morts en dix mois.

"Des mensonges", a lancé le secrétaire d'État américain John Kerry qui a accusé la Russie aussi bien que les séparatistes prorusses de ne pas respecter le cessez-le-feu en brandissant la menace de nouvelle sanctions contre Moscou, déjà lourdement frappée.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a souligné mercredi que la question des sanctions pourrait être soulevée au niveau européen en cas d'attaque contre Marioupol.

 

Mauvaise volonté

"Derrière ces appels se cache la mauvaise volonté de ces protagonistes, les États-Unis et l'Union européenne, à chercher la mise en oeuvre de ce qui a été conclu à Minsk le 12 février", a répondu jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Tout le monde comprend parfaitement qu'il n'existe pas de cessez-le-feu idéal", a poursuivi M. Lavrov, rappelant que l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) avait aussi rapporté une baisse en intensité des affrontements.

"Après tout, la trêve a montré des résultats", a-t-il plaidé, accusant Kiev d'avoir des exigences "ridicules" quant au respect total du cessez-le-feu avant le retrait des armes lourdes.

 

La réaction de l'OTAN

De son côté, le général américain Philip Breedlove, commandant des troupes de l'Otan en Europe, a estimé que la Russie avait "mis la barre très haut (...) dans ses interactions en Ukraine orientale et au Donbass" en matière militaire, avec "plus d'un milliers de véhicules de combat, des forces de combat, certaines des défenses anti-aériennes les plus sophistiquées, des bataillons d'artillerie".

Quant au Premier ministre britannique David Cameron, il a évoqué l'idée d'exclure la Russie du système de paiement interbancaire Swift si Moscou continuait à "démanteler" l'Ukraine, annonçant également l'envoi d'instructeurs militaires pour conseiller et entraîner les troupes ukrainiennes.

La Pologne a aussi annoncé envisager d'envoyer en Ukraine des instructeurs militaires pour y former des sous-officiers ukrainiens.

 

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