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Mexique : le mystère des momies du Pic d'Orizaba

Deux corps momifiés ont été retrouvés près du sommet du Pic d'Orizaba, point culminant du Mexique.[HILARIO AGUILAR / CHALCHICOMULA TOWN COUNCIL / AFP]

Deux corps momifiés et figés dans une embrassade: cette étonnante découverte, début mars près du sommet du Pic d'Orizaba, le point culminant du Mexique, garde son mystère en raison de fortes chutes de neiges.

 

Pour les autorités locales, les dépouilles sont celles de deux Mexicains ayant disparu, avec un troisième homme, il y a 55 ans dans une avalanche.

Mais le mauvais temps a obligé à suspendre "de manière indéfinie" l'opération de sauvetage prévue ce week-end.

 

A nouveau recouverts

"J'ai peur que les cadavres soient à nouveau recouverts (par la neige), qu'une fois l'euphorie (médiatique) passée, ils retombent une fois encore dans l'oubli", témoigne à l'AFP Luis Espinosa.

Alpiniste chevronné de 78 ans, il a cherché sans relâche ses trois collègues disparus en 1958, emportés par une avalanche sur le volcan Citlaltépetl, plus connu comme le Pic d'Orizaba.

 

Sauvetage à 5.000 m

Le sommet du massif, à 5.610 mètres, était entouré vendredi d'un brouillard impénétrable, empêchant les opérations de secours.

"Nous savons que les gens sont inquiets, il y a beaucoup de proches qui peuvent penser que c'est une tâche facile" d'aller chercher les deux corps, explique Ricardo de la Cruz, directeur général de la protection civile.

"Mais un sauvetage à 5.000 mètres d'altitude met en danger la vie de tous".

 

Hasard

C'est par hasard qu'un groupe d'alpinistes a trouvé, le 1er mars, un premier corps près de la cime.

Alors qu'ils grimpaient sur un mur de glace incliné à 50 degrés, à seulement 200 mètres du sommet, les sportifs avaient décidé de rebrousser chemin, plusieurs d'entre eux étant blessés.

 

Tâche et crâne humain

Ils avaient alors remarqué une tache dans la neige, leur semblant être une noix de coco.

En se rapprochant, ils ont vu qu'il s'agissait en fait d'un crâne humain, momifié. Ils ont d'abord pensé à un homme préhistorique.

Quelques jours plus tard, une mission officielle a fait l'ascension pour confirmer la découverte, avec une surprise à l'arrivée: en creusant la neige, l'équipe a trouvé un deuxième corps, enlacé au premier.

 

4 novembre 1959

Luis Espinosa en est persuadé: "ce sont eux, il n'y a aucun doute". Il montre un exemplaire du journal local, daté du 4 novembre 1959, qui raconte "la recherche intense" des alpinistes Alberto Rodriguez, Manuel Campos et Enrique García, après l'avalanche.

"Je l'ai confirmé quand ils ont trouvé le deuxième corps, qui portait un pull rouge", comme celui qu'avait toujours Enrique Garcia, chef de l'expédition.

 

Personne porté disparu

Gerardo Reyes, chargé du registre de ceux entamant l'ascension par la face nord - celle où reposaient les deux corps - est du même avis.

"Il n'y a personne d'autre, à notre connaissance, qui soit porté disparu sur la montagne, ni étranger ni Mexicain", assure-t-il, désignant pour preuve les cahiers aux feuilles jaunies servant de registre depuis les années 1930.

Il admet toutefois que certains sportifs escaladent la montagne sans se faire enregistrer au préalable. L'un d'eux a pu disparaître sans que personne le sache.

 

Appels d'Espagnols et d'Allemands

Depuis que la découverte des corps a été rendue publique, le maire du village le plus proche, Chalchicomula, Juan Navarro, dit avoir reçu des appels d'Espagnols et d'Allemands demandant des informations.

La trouvaille, atypique, attire aussi des curieux sur place: "nous avons surpris des alpinistes qui essayaient de monter, ils allaient direct vers les momies", raconte une employée de la mairie.

 

"Je ne sais pas quoi en penser"

"Nous savons à quel point les alpinistes sont audacieux", relève l'un d'eux, Alberto Rangel, qui faisait partie de l'expédition ayant trouvé le premier corps.

Il raconte que, le jour de la découverte, dans l'émotion du moment, un des membres de l'équipe a glissé et fait une chute libre de 300 mètres. Miraculeusemeent, il n'a eu que des blessures légères.

"Je ne suis pas croyant, mais je ne sais pas quoi en penser", confie Alberto Rangel, avant d'éclater de rire en imaginant une "protection" grâce à l'esprit des momies.

 

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