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Premier procès au Vatican d'un prélat pour pédophilie

Le premier procès au Vatican d'un ancien prélat poursuivi pour abus sexuels sur mineurs s'est brièvement ouvert samedi au tribunal du Saint-Siège, en l'absence de l'accusé, hospitalisé en soins intensifs.

 

Alors que l'audience devait marquer la première apparition publique de l'ancien nonce à Saint-Domingue, le Polonais Jozef Wesolowski, depuis qu'il a été rappelé en urgence en août 2013, l'hospitalisation semble avoir pris de court le service de presse du Vatican lui-même.

Elle a été annoncé quelques minutes avant le début de l'audience et confirmée dans la petite salle du tribunal par le procureur Gian Piero Milano.

 

Un malaise soudain

"L'accusé a été pris d'un malaise soudain et a été emmené dans une structure hospitalière romaine, où il a été placé dans un service de soins intensifs", a-t-il expliqué. 

Selon le Vatican, M. Wesolowski a eu ce malaise vendredi et a été emmené d'abord aux urgences du petit Etat, avant d'être hospitalisé, sous surveillance policière, dans un hôpital public italien. 

L'avocat de M. Wesolowski, Me Antonello Blasi, a assuré avoir appris la nouvelle samedi matin, et assuré que son client "allait bien" il y a encore quelques jours.

 

Le procès reporté

Assigné à résidence en septembre 2014 dans une chambre au premier étage du palais de justice, l'ancien nonce avait bénéficié en décembre, pour des raisons de santé dont la nature n'a pas été précisée, d'une plus grande liberté de mouvement, dans les limites de la cité-Etat.

Samedi matin, l'audience n'a donc duré que sept minutes, le temps pour le procureur de lire les chefs d'inculpation et d'évoquer l'hospitalisation de l'accusé.

Le président du tribunal, Giuseppe Dalla Torre, a ensuite clos les débats en indiquant que le procès était "reporté à une date encore à déterminer".

 

Corruption sexuelle d'adolescents

L'ancien nonce est accusé de détention et de recel "en quantité importante" de photos pédopornographiques, chargées sur internet au Saint-Siège, entre son retour de Saint-Domingue en août 2013 et son arrestation le 22 septembre 2014.

Il est aussi accusé de corruption sexuelle d'adolescents de 13 à 16 ans à Saint-Domingue, où il a été nonce de janvier 2008 à août 2013, avec la complicité d'un ancien diacre, Francisco Javier Occi Reyes.

L'ancien nonce est accusé d'avoir infligé aux adolescents "des lésions graves" d'ordre psychologique. Il est aussi jugé pour "avoir eu une conduite qui offense les principes de la religion et de la morale chrétiennes".

 

Ligne plus sévère

Il y a un an, l'ancien archevêque avait été réduit à l'état laïc -- la peine maximale -- à la suite d'une procédure ecclésiastique pour les abus sexuels.

Josef Wesolowski risque six à sept ans de prison, sans compter d'éventuelles circonstances aggravantes. Le procès pourrait durer un an. La peine pourrait être purgée dans l'enceinte même du Vatican.

Ce procès est une première pour le tribunal du Saint-Siège, qui n'avait jamais jugé un prélat dans l'histoire récente. Sa toute petite enceinte a déjà connu un procès célèbre en 2012, quand il a jugé l'ancien majordome du pape Benoît XVI, le laïc italien Paolo Gabriele, condamné pour avoir transmis à la presse italienne des documents confidentiels. 

Ce procès pour pédophilie illustre la ligne plus sévère du Vatican pour faire face à ce fléau, même si les associations de victimes lui reprochent de ne pas aller assez loin. 

En juin, le Saint-Siège avait aussi annoncé la création d'une nouvelle instance ecclésiastique pour sanctionner les évêques coupables de négligence -- voire de complicité -- envers des prêtres sous leur autorité. Et plusieurs évêques accusés d'avoir protégé des prêtres abuseurs ont récemment été démis. 

Jozef Wesolowski avait été ordonné prêtre en 1972 par l'archevêque de Cracovie, le futur pape Jean Paul II, qui l'avait ensuite ordonné évêque en 2000.

Nommé nonce apostolique en Bolivie puis dans différents pays d'Asie, il était arrivé en 2008 en République dominicaine, d'où il a été rappelé en urgence quand le scandale avait éclaté dans les médias dominicains.

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