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Trois journalistes espagnols portés disparus en Syrie

La ville syrienne d'Alep, où les trois journalistes ont été vus pour la dernière fois.

Trois journalistes espagnols sont portés disparus depuis dix jours à Alep en Syrie, a-t-on appris mercredi 22 juillet. L'Espagne a mobilisé ses agents de renseignement.

 

"L'activité est maximale" pour les retrouver, a dit mercredi le ministre des Affaires étrangères espagnol Jose Manuel Garcia Margallo, précisant n'avoir reçu "aucune revendication" en lien avec cette disparition et assurant ne "privilégier aucune hypothèse" à ce stade, sans écarter ni confirmer un enlèvement. "Laissez-nous travailler avec discrétion car croyez-moi c'est ce qui convient le plus à vos confrères", a-t-il ajouté, en réponse à la question d'un journaliste lors d'un forum à Madrid.

Mardi soir, la Fédération des associations de journalistes espagnols (FAPE) avait annoncé la disparition d'Antonio Pampliega, né en 1982, Jose Manuel Lopez, né en 1971 et Angel Sastre, 35 ans. Confirmant l'information, leurs familles ont appelé les médias à faire preuve de "patience" et "respect". Ils travaillaient récemment pour des médias espagnols, notamment les quotidiens ABC et La Razon, la chaîne Cuatro, et la radio Onda Cero.

Vus pour la dernière fois le 13 juillet

L'observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), citant des témoins, a indiqué que les trois journalistes ont été vus pour la dernière fois le 13 juillet dans le quartier de Maadi (Alep), contrôlé par plusieurs groupes rebelles. Ils circulaient à bord d'une camionnette blanche et, selon cette source, auraient été emmenés par un groupe d'hommes.

Le ministre des Affaires étrangères a cependant refusé de confirmer cette information.

 

Reporters expérimentés

Ces trois reporters free-lance ne manquent pas d'expérience. Antonio "Toni" Pampliega, qui travaille sur plusieurs supports - texte, video, photo - a contribué à la couverture du conflit en Syrie par l'AFP jusqu'en 2013. Il a aussi travaillé en Irak.

C'était aussi le cas du photographe Jose Manuel Lopez, dont les dernières photos pour l'AFP remontent à septembre 2014, sur la ligne de front séparant les forces kurdes irakiennes et les combattants de l'Etat islamique. Lopez a reçu plusieurs prix pour ses implacables images des victimes de la guerre, en Syrie et ailleurs.

En 2010, dans une tribune du Pais, Pampliega, un passionné, a décrit comment à 25 ans, il avait atterri dans "l'une des villes les plus dangereuses du monde: "Défiant les conseils et infligeant un terrible choc à mes parents, le 29 janvier 2008, j'ai pris un avion destination Bagdad", a-t-il écrit en décrivant ses efforts de free-lance sans le sou pour devenir "un grand journaliste".

Angel Sastre, qui a commencé sa carrière de grand reporter en Amérique latine, a lui assuré, dans un entretien qu'il était conscient du risque d'enlèvement voire de mort en Syrie. "Courage", a-t-il écrit dans son dernier message sur le réseau social Twitter, le 10 juillet.

 

Mobilisation des services de renseignement

Le ministre des Affaires étrangères a précisé que des agents des services de renseignement espagnols étaient mobilisés en Syrie. "Le ministère est en contact permanent avec l'ambassade en Turquie qui supervise les opérations", a déclaré le ministre. "Il y a des gens du CNI (Centre national de renseignement) qui sont en Syrie et nous aident", a-t-il dit.

"Nous n'avons rien de nouveau ces dernières heures", a aussi indiqué le ministre de la Justice Rafael Catala évoquant des efforts de "localisation".

La ville d'Alep, divisée depuis la mi-2012 entre rebelles et loyalistes, vit régulièrement sous les bombardements. La guerre en Syrie, qui avait commencé par des manifestations pacifiques réprimées dans le sang, a fait plus de 230.000 morts depuis mars 2011. Régime, rebelles, Kurdes et jihadistes s'affrontent sur un territoire de plus en plus morcelé.

 

Pays le plus dangereux pour les journalistes

En septembre 2013, trois autres journalistes espagnols avaient déjà disparu en Syrie. Ils avaient été enlevés, puis libérés, en mars 2014. Le reporter du quotidien El Mundo Javier Espinosa, le photographe free-lance Ricardo Garcia Vilanova, et Marc Marginedas, du journal El Periodico ont tous été otages du groupe Etat islamique (EI).

La Syrie est considérée comme le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes par l'organisation Reporters sans frontières (RSF), qui estime qu'au moins 44 journalistes y ont été tués depuis 2011. Selon, RSF au moins 30 journalistes et bloggeurs seraient prisonniers dans les prisons du régime et au moins 25 autres, dont six étrangers, seraient otages du groupe Etat islamique ou d'autres groupes extrémistes.

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