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RDC : l'ex-rebelle Ntaganda devant la Cour pénale internationale

Bosco Ntaganda lors de sa première comparution devant la Cour pénale internationale le 26 mars 2013 à La Haye  [PETER DEJONG / POOL/AFP/Archives] Bosco Ntaganda lors de sa première comparution devant la Cour pénale internationale le 26 mars 2013 à La Haye [PETER DEJONG / POOL/AFP/Archives]

Le procès de l'ex-chef de guerre Bosco Ntaganda, accusé de crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo, dont le viol d'enfants soldats, s'ouvre mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI).

 

"Il a recruté des centaines d'enfants soldats qu'il a utilisés comme de la chair à canon et il a ordonné le viol systématique des jeunes filles", avait affirmé mardi la procureure Fatou Bensouda, lors d'une conférence de presse.

Elle prendra la parole la première, après l'ouverture du procès à 09H30 (07H30 GMT) contre celui qui est accusé de 13 crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel.

L'ancien rebelle de 41 ans aurait joué, avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), un rôle central dans les violences ethniques et attaques menées contre les civils en Ituri, dans le nord-est du Congo, en 2002 et 2003.

Selon l'accusation, les FPLC, milice à prédominance Hema, visaient ceux perçus comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.

Selon les ONG, ce conflit a coûté la vie à plus de 60.000 personnes.

C'est la première fois en droit pénal international qu'un accusé doit répondre de viols et esclavage sexuel commis sur des enfants de sa propre milice.

"Il ne s'agit pas du procès d'un groupe ethnique, c'est le procès d'un individu qui a profité des tensions ethniques en Ituri à des fins personnelles, pour atteindre le pouvoir et la richesse", a ajouté Mme Bensouda.

Au cours du procès, l'accusation devrait présenter plus de 8.000 documents, dont des rapports d'experts, extraits vidéo et déclarations. Plus de 70 "témoins de faits" et une dizaine d'experts témoins seront cités, a assuré Fatou Bensouda.

 

Impatient de se défendre

Bosco Ntaganda, qui apprend l'anglais et le piano dans sa prison de La Haye, plaide non-coupable. Il prendra la parole lorsque son avocat, le Canadien Stéphane Bourgon, aura terminé sa déclaration liminaire.

M. Ntaganda "maintient son innocence face à chacune des accusations portées contre lui et il entend présenter une défense exhaustive", a indiqué son avocat mardi: "il est impatient d'avoir une chance de se défendre".

Général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, Bosco Ntaganda était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende, de manière inopinée, à l’ambassade américaine de Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.

Du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) à la dernière rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l'est de la RDC, cet aventurier opportuniste aura été de toutes les guerres qui ont déchiré la région, entraînant des violences inouïes sur les civils.

Grand, de corpulence moyenne, teint clair, imbu de lui-même, Ntaganda est réputé, partout où il est passé, pour avoir la "gâchette facile". Il a été surnommé "Terminator", "Maréchal" ou encore "Tango Roméo".

 

Entre 7,5 et 15 ans

Les avocats des 2.149 victimes reconnues dans le cadre des procédures auront également la parole: "nos clients avaient entre 7 ans et demi et quinze ans quand ils ont été enrôlés", a affirmé l'une des avocates, Sarah Pellet.

"Leur reconstruction passe par la reconnaissance des crimes qu'ils ont subis", a-t-elle ajouté.

Les déclarations liminaires seront diffusées dans les communautés affectées, et des résumés seront retransmis sur les radios communautaires, a par ailleurs indiqué le greffier de la Cour.

Le procès de Bosco Ntaganda est le quatrième procès "congolais" de la CPI, qui avait fait des violences en RDC sa première enquête en 2004.

"Nous continuons à enquêter", a prévenu Mme Bensouda.

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