En direct
A suivre

Une guérison spectaculaire bientôt reconnue comme miracle

Des nonnes portent des reliques du prêtre polonais martyr Jerzy Popieluszko, lors d'une procession à Varsovie, le 6 juin 2010 [Janek Skarzynski / AFP/Archives] Des nonnes portent des reliques du prêtre polonais martyr Jerzy Popieluszko, lors d'une procession à Varsovie, le 6 juin 2010 [Janek Skarzynski / AFP/Archives]

Plus de 30 ans après sa mort, la canonisation du prêtre polonais martyr Jerzy Popieluszko, assassiné en 1984, arrive entre les mains du pape après la clôture en France d'une enquête de l'Eglise catholique saisie d'un cas de rémission "totale" d'un mourant atteint de leucémie.

 

"C'est vrai, c'est une guérison étonnante, j'y vois un signe du royaume de Dieu". L'évêque de Créteil (Val-de-Marne), Mgr Michel Santier, veut y croire, après la clôture de l'enquête de la commission chargée par le diocèse, à la demande du cardinal de Varsovie, d'étudier la guérison "inexplicable" de François.

En septembre 2012, ce patient de l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil a connu une rémission rapide et spectaculaire de son cancer après la prière d'un prêtre accompagnateur de l'aumônerie, Bernard Brien, pour demander l'intercession posthume de Jerzy Popieluszko.

 

Le miracle doit être vérifié

Aumônier du syndicat Solidarnosc et figure de l'opposition, tué par la police politique communiste, Jerzy Popieluszko a été béatifié comme martyr le 6 juin 2010 à Varsovie, mais pour accéder au rang des saints, un "miracle" soigneusement vérifié doit lui être attribué.

L'évêque ayant annoncé la fin des investigations, qui ont duré un an, officialisera la nouvelle lors d'une prière à la cathédrale de Créteil lundi, le 14 septembre, une date qui ne doit rien au hasard.

Elle correspond au jour de la fête de la Croix glorieuse, mais aussi à la date de naissance de Jerzy Popieluszko et du père Bernard Brien. Et à la date des faits. C'était le 14 septembre 2012.

Photo prise dans les années 80 de l'aumônier du syndicat polonais Solidarité Jerzy Popieluszko avant son assassinat le 19 octobre 1984 par les forces de sécurité communistes [- / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Photo prise dans les années 80 de l'aumônier du syndicat polonais Solidarité Jerzy Popieluszko avant son assassinat le 19 octobre 1984 par les forces de sécurité communistes
 

 

Ce jour-là, François, un habitant du Val-de-Marne aujourd'hui âgé de 58 ans, vit ses derniers instants à l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil. Atteint d'une leucémie rare depuis 2001, il est "complètement à l'ouest", "shooté par les médicaments", raconte le père Brien. Son épouse a pris contact avec les pompes funèbres.

Au chevet de François, le prêtre est appelé pour célébrer le rituel du sacrement des malades. Il prie aussi pour demander l'intercession du martyr polonais. Ils sont nés tous les deux le 14 septembre 1947. "Je lui ai dit: +aujourd'hui, Jerzy, c'est ton anniversaire, c'est aussi le mien, alors si tu peux faire quelque chose pour notre frère François+".

Au moment de prononcer sa prière, Bernard Brien, ordonné 4 mois auparavant, revenait d'un pèlerinage en Pologne au cours duquel il s'était intéressé à Jerzy Popieluszko.

 

"Debout, douché et rasé"

Le lendemain, la responsable de l'aumônerie vient prendre des nouvelles du malade. Elle le croit décédé. Mais François est sorti de son lit. "Il était debout, douché et rasé", raconte le père Brien.

Les médecins sont stupéfaits. Huit jours plus tôt, les scanners montraient les assauts de la maladie sur les os. Quelques semaines après la prière, "il n'y avait plus rien, la guérison était évidente", relate le prêtre, soulignant que "le miracle est toujours spontané et total".

Père et grand-père, cet ancien commercial reconverti en homme d'Eglise, qui aura donc 68 ans lundi, perçoit dans cette guérison "la grâce de Dieu", mais aussi "un signe très fort de la reconnaissance de (son) ordination tardive".

Durant sa mission, la commission d'enquête, composée de deux notaires français et polonais, du délégué épiscopal pour la canonisation de Jerzy Popieluszko et d'un spécialiste du droit canon, a livré "un travail sérieux et scientifique", selon Mgr Santier, et interrogé de nombreux témoins: le père Brien, des membres de l'aumônerie, des proches du malade, le personnel médical de l'hôpital.

Ses conclusions seront prochainement envoyées à la Congrégation pour les causes des Saints à Rome qui présentera le dossier au pape François. C'est à lui qu'appartient la décision de reconnaître le miracle et de décréter la canonisation, très attendue par la Pologne.

"Pourquoi moi et pourquoi pas les autres?" Selon Bernard Brien, la question a souvent hanté François. Aujourd'hui, il "va très bien", assure le curé. Les deux amis avaient prévu de se retrouver ce samedi à l'église. "Je marie sa deuxième fille", annonce le prêtre, en route pour la cérémonie.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités