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Migrants : Berlin veut durcir ses règles d'asile

Des migrants et réfugiés attendent un train pour passer la frontière entre la Macédoine et la Grèce, le 29 septembre 2015 à Gevgelija [ARMEND NIMANI / AFP] Des migrants et réfugiés attendent un train pour passer la frontière entre la Macédoine et la Grèce, le 29 septembre 2015 à Gevgelija [ARMEND NIMANI / AFP]

Le gouvernement allemand a approuvé mardi un durcissement des règles pour certaines catégories de demandeurs d'asile afin de mieux répondre à la crise migratoire qui gagne toujours en ampleur en Europe, plus d'un demi-million de migrants ayant traversé la Méditerranée cette année.

 

Mesure phare approuvée lors d'un conseil des ministres à Berlin : déclarer l'Albanie, le Kosovo et le Monténégro "pays d'origine sûrs" afin de pouvoir accélérer les procédures d'examen des dossiers et d'expulsion. Ces règles doivent entrer en vigueur début novembre après un vote du Parlement. Il s'agira aussi de réduire les aides financières afin de rendre la venue en Allemagne moins attractive aux migrants économiques.

"Nous voulons envoyer un signal clair à ceux (...) qui ne fuient pas la guerre ou ne sont pas victimes de persécutions : nous voulons leur dire ne venez pas", a lancé le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière. Au premier semestre 2015, près de 40% des demandeurs d'asile en Allemagne étaient originaires des Balkans, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1%.

 

Cap des 500 000 arrivées

Or, avec entre 800.000 et un million de demandeurs attendus cette année, dont des centaines de milliers de Syriens, d'Afghans et d'Irakiens fuyant des guerres, les dossiers balkaniques contribuent à embouteiller le système d'accueil des réfugiés.

Un membre de "Médecins sans frontières" aide un migrants lors d'une opération de sauvetage en Méditerranée, le 28 septembre 2015 au large des côtes libyennes [Ricardo Garcia Vilanova / AFP]
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Un membre de "Médecins sans frontières" aide un migrants lors d'une opération de sauvetage en Méditerranée, le 28 septembre 2015 au large des côtes libyennes
 

 

Selon M. de Maizière, septembre sera d'ailleurs un nouveau mois "record" supérieur aux 105.000 migrants comptabilisés en août. Après un ralentissement mi-septembre avec la réintroduction des contrôles aux frontières, les chiffres sont repartis à la hausse avec entre 8.000 et 10.000 nouvelles arrivées quotidiennes ces derniers jours.

A l'échelle européenne, la crise migratoire a passé le cap symbolique du demi-million de migrants arrivés cette année par la Méditerranée. Près de 515.000 personnes et 3.000 morts ont été recensés dans un bilan du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) publié mardi. Lundi, 5.335 migrants sont encore entrés en Hongrie, quasiment tous depuis la Croatie. Quelque 3.700 personnes ont été prises en charge à la frontière autrichienne avant d'être acheminées en Allemagne, première destination en Europe.

Carte du nombre de réfugiés et migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015, localisation des principales routes  [K. Tian/JM.Cornu/J.Jacobsen, jj/abm / AFP]
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Carte du nombre de réfugiés et migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015, localisation des principales routes
 

 

Un total de 1.151 personnes ont aussi été secourues en Méditerranée lundi, et mardi 346 personnes à bord de trois canots pneumatiques ont été sauvées au large de la Libye. 

Sur le front diplomatique, et sur fond de divisions européennes, le Premier ministre hongrois Viktor Orban se rend lui mercredi à l'assemblée générale de l'ONU pour défendre sa ligne dure et ses clôtures barbelées aux frontières Schengen de son pays, qui a vu transiter près de 300.000 migrants en 2015.

Par le passé, il a indiqué vouloir fermer la frontière croato-hongroise, par où passent la plupart des migrants depuis que la frontière serbe leur a été fermée par Budapest. Le Premier ministre croate Zoran Milanovic a dénoncé mardi la politique "totalement inacceptable" de Budapest.

Opposé à la proposition de la chancelière allemande Angela Merkel d'imposer aux pays de l'Union européenne des quotas d'accueil de réfugiés, le gouvernement hongrois a par contre dit vouloir plaider devant l'ONU pour l'introduction de "quotas mondiaux" de répartition.

 

Juncker inquiet des divisions en Europe

La ministre de l'Intérieur slovène Vesna Györkös Znidar a indiqué de son côté que la Slovénie était préparée au transit de quelques milliers de migrants vers l'Autriche et l'Allemagne en cas de fermeture de la frontière croato-hongroise. Mais "si 10.000 personnes arrivent chaque jour, ce sera un problème pour nous", a-t-elle prévenu.

Confronté à ces divisions, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a jugé mardi que "l'état de notre Union européenne n'est pas bon, les fissures de solidarité se multiplient".

S'inquiétant d'une "dangereuse renaissance de sentiments nationaux", M. Juncker a souligné que l'Europe avait "une ardente obligation" d'accueillir les réfugiés.

Pour la ministre de l'Intérieur conservatrice autrichienne Johanna Mikl-Leitner, "s'il n'y a pas de solution internationale, il n'y a que deux possibilités : soit on continue comme ça (avec un corridor de fait jusqu'en Allemagne, ndlr), soit on adopte une attitude plus stricte aux frontières, y compris avec usage de la force". Berlin n'a jamais évoqué de fermeture de sa frontière.

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