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Vienne : début des pourparlers internationaux sur la Syrie avec l'Iran

Les ministres de Affaires étrangères russe, américain, saoudien et turc, à Vienne, le 29 octobre 2015  [BRENDAN SMIALOWSKI / POOL/AFP] Les ministres de Affaires étrangères russe, américain, saoudien et turc, à Vienne, le 29 octobre 2015 [BRENDAN SMIALOWSKI / POOL/AFP]

Les pourparlers internationaux pour tenter de trouver une solution politique au conflit en Syrie ont commencé jeudi à Vienne avec une première série d'entrevues entre les représentants des grandes puissances adversaires ou alliées de Damas, dont l'Iran.

Les participants à ces grandes manoeuvres diplomatiques ne tablent sur aucun accord décisif concernant l'avenir du régime de Bachar al-Assad mais la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes est perçue comme un progrès.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a rencontré jeudi dans la capitale autrichienne deux représentants des plus fidèles soutiens de Damas, ses homologues iranien Mohammad Javad Zarif et russe Sergueï Lavrov, avant une réunion élargie vendredi matin à une vingtaine de diplomaties régionales et européennes pour évoquer les perspectives d'un conflit qui a fait plus de 250 000 morts depuis 2011.

"Il est désormais temps d'accorder à l'Iran une place à la table", a estimé M. Kerry, marquant une avancée notable dans la position américaine, jusque-là hostile à cette idée.

En fin de journée, le chef de la diplomaties américaine a rencontré ses homologues russe, turc et saoudien pour une réunion quadrilatérale.

"Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception, les principaux acteurs (dans le dossier), les membres du Conseil permanent (de sécurité de l'ONU), l'Iran, l'Égypte, les pays du Golfe, l'Irak", s'est félicité à Moscou, avant de partir pour Vienne, Sergueï Lavrov qui a également vu le ministre iranien.

C'est la première fois que l'Iran chiite, qui soutient militairement et financièrement le régime du président Bachar al-Assad, est représenté dans une réunion internationale sur la Syrie. Jusqu'alors les États-Unis et l'Arabie Saoudite, qui appuient la rébellion majoritairement sunnite, refusaient que Téhéran participe à ces ébauches de négociations.

"Il peut y avoir un accord sur une méthode mais un accord sur le fond, malheureusement, c'est encore prématuré. Il y aura certainement plusieurs sessions", a estimé à Bruxelles le ministre français Laurent Fabius qui sera à Vienne vendredi.

"Sortir de l'enfer"

Pour l'instant, il n'est pas question d'une participation du gouvernement syrien ou de son opposition.

Le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou et leurs alliés.

Interrogé par la BBC, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a assuré n'avoir "aucun doute" sur le fait que le président al-Assad allait devoir quitter le pouvoir. "Il partira soit à l'issue d'un processus politique soit parce qu'il sera renversé par la force", a-t-il déclaré.

Le défi créé "n'est rien moins qu'une course pour sortir de l'Enfer", avait lancé M. Kerry avant son départ pour Vienne. Ces pourparlers représentent "l'occasion la plus prometteuse de (trouver) une ouverture politique".

Aux chefs des diplomaties américaine, russe, saoudienne et turque se joindront vendredi leurs homologues libanais et égyptien. Les ministres français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, et allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, seront aussi présents.

"Il y a ne serait-ce qu'une semaine, cette réunion aurait été difficile à imaginer. Nous devons laisser cet espace politique progresser et porter ses fruits", a estimé Mme Mogherini.

Pour l'Arabie saoudite, ces pourparlers seront l'occasion de tester "le sérieux" de l'Iran et de la Russie en vue d'un règlement négocié.

"Le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens à Vienne est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre à ce que ce ne soit pas une réunion pour rien", a confié  Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

"La crise des réfugiés en Europe a convaincu tout le monde qu'on avait besoin d'une phase de transition, que l'autoritarisme de Bachar el-Assad était un moindre mal", estime M. Bitar.

Washington et ses partenaires soupçonnent la Russie, engagée depuis le 30 septembre dans des bombardements aériens intensifs en Syrie, de vouloir par ces raids sauver le chef de l'État syrien. Moscou affirme de son côté intervenir contre le "terrorisme".

Sur le terrain, les frappes russes, qui ont visé 14 provinces de Syrie, ont déjà fait près de 600 morts, en majorité des membres de groupes armés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

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