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Incendie de Bucarest : la presse pointe l’«irresponsabilité» des autorités

Des personnes disposent des bougies en hommage aux victimes de l'incendie dans la discothèque à Bucarest,  le 31 octobre 2015 [DANIEL MIHAILESCU / AFP] Des personnes disposent des bougies en hommage aux victimes de l'incendie dans la discothèque à Bucarest, le 31 octobre 2015 [DANIEL MIHAILESCU / AFP]

L'enquête sur l'incendie qui a fait 27 morts et près de 200 blessés dans une boîte de nuit à Bucarest se poursuivait dimanche dans un climat d'indignation, les médias accusant les propriétaires du lieu et les autorités d'"irresponsabilité" .

Le Parquet général doit auditionner les trois actionnaires du club Colectiv, théâtre du drame, situé dans le centre de la capitale roumaine. "Coïncidence, malédiction ou indolence criminelle ?", s'interroge en Une le quotidien Evenimentul Zilei, selon lequel deux autres boîtes de nuit détenues par l'un des patrons de Colectiv ont déjà été détruites par des incendies ces dernières années.

L'éditorialiste du quotidien Gandul accuse pour sa part les autorités de ne pas avoir durci les contrôles dans les bars et les discothèques après des accidents similaires, moins meurtriers toutefois. "Qui est responsable du fait qu'on soit bouleversé par le 'nombre des morts' plus que par la mort elle même ?", s'interroge-t-il, mettant en cause "irresponsabilité, manque de scrupules et infamie".

Selon des témoins, 300 à 500 jeunes venus assister vendredi à un concert du groupe local de hard rock Goodbye to Gravity étaient entassés dans la discothèque lorsqu'un show pyrotechnique a déclenché un incendie. Une seule porte était ouverte. Le club ne disposait d'aucune sortie de secours.

En outre, des matériaux inflammables de mauvaise qualité avaient été utilisés pour l'isolation acoustique, ce qui a accéléré la propagation du feu. Selon la société qui avait fait des travaux de rénovation à l'intérieur du bâtiment industriel, les patrons du club avaient préféré économiser de l'argent, au détriment de la sécurité.

Une victime de l'incendie est transportée aux urgences à Bucarest le 31 octobre 2015 [ANDREEA TANASE / AFP]
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Une victime de l'incendie est transportée aux urgences à Bucarest le 31 octobre 2015
 

La discothèque ne disposait en outre pas des autorisations requises pour accueillir des concerts et encore moins des shows pyrotechniques, selon le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Raed Arafat. Le Parquet doit désormais décider qui de la mairie d'arrondissement, des pompiers, de la police locale ou de l'inspectorat pour des situations d'urgence devait délivrer un tel document.

Les enquêteurs ont passé une dizaine d'heures sur les lieux du sinistre samedi pour rassembler des preuves. "Nous avons recueilli des morceaux de tissu, de matériaux d'isolation acoustique et d'autres éléments, que nous devons maintenant analyser", a déclaré le chef des experts en sécurité anti-explosions, George Gaman.

Ils vont désormais se concentrer sur l'audition des témoins. "Nous avons identifié ceux parmi les blessés hospitalisés dont l'état de santé permet de raconter ce qui s'est passé", a indiqué le Parquet. Sur les près de 200 personnes blessées, 146 ont été hospitalisées. "Trente-cinq blessés sont dans un état critique", a déclaré le ministre de la Santé Nicolae Banicioiu.

Les trois derniers morts non identifiés l'ont été dimanche matin, ont indiqué des sources hospitalières citées par Realitatea TV. Les médecins légistes doivent commencer les autopsies des 27 morts, dont le plus jeune serait un adolescent de 15 ans. Deux guitaristes du groupe sont également décédés.

Des jeunes qui ont perdu un proche sont devant la discothèque à Bucarest le 31 octobre 2015 au lendemain de l'incendie qui a fait 27 morts [DANIEL MIHAILESCU / AFP]
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Des jeunes qui ont perdu un proche sont devant la discothèque à Bucarest le 31 octobre 2015 au lendemain de l'incendie qui a fait 27 morts
 

Selon plusieurs témoignages, la plupart des victimes ont été intoxiquées par la fumée épaisse qui a envahi le local, avant d'être rattrapées par les flammes. "Pour pouvoir sortir, j'ai dû fouler les corps de ceux qui gisaient, inconscients, devant l'unique porte ouverte", a raconté l'un des rescapés.

Devant ce drame, le plus grave dans la capitale depuis des décennies, un élan de solidarité a gagné la Roumanie. A Bucarest et dans plusieurs grandes villes, des centaines de personnes ont pris d'assaut les centres de transfusion pour donner du sang. Et sur internet, les appels à la solidarité avec les familles des victimes se sont multipliés, plusieurs artistes et groupes annonçant leur intention de verser à ces dernières les recettes de leurs futurs concerts.

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