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Espagne : la campagne électorale s'achève en plein suspense

Mariano Rajoy en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [CESAR MANSO / AFP] Mariano Rajoy en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid [CESAR MANSO / AFP]

La campagne pour les élections législatives de dimanche en Espagne s'est achevée en plein suspense, le chef du gouvernement conservateur sortant, Mariano Rajoy, tentant de freiner une lame de fond politique qui pourrait coûter cher à son parti et faire de Podemos le nouveau leader de la gauche.

A Barcelone, Murcia, Valence, Madrid: jusqu'à la dernière seconde vendredi soir les chefs des partis en lice -- Rajoy pour le PP, Pedro Sanchez pour le PSOE (socialiste), et ceux des deux nouveaux, Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre-droit) -- ont harangé les foules. Il leur fallait encourager des électeurs encore très indécis, à 36 heures du scrutin.

"Il y a quatre ans, on connaissait depuis un an le résultat et là, à deux jours du scrutin, un électeur sur quatre n'a rien décidé", constatait en début de journée le vice-président de l'institut de sondages Metroscopia Jose Pablo Ferrandiz.

En 2011, Mariano Rajoy, alors âgé de 56 ans et déjà deux fois candidat, avait infligé à son adversaire Alfredo Perez Rubalcaba la pire défaite électorale du Parti socialiste après trois ans d'une crise qui laissait cinq millions de chômeurs dans son sillage. Mais en 2015, rien n'est gagné. Le PP, qui avec 45% des suffrages s'était assuré une confortable majorité de 186 sièges sur 350 au Parlement, pourrait ne pas dépasser les 30% et être contraint de gouverner en minorité.

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Les socialistes (110 sièges) pourraient encore plonger, d'après les sondages. Comme le PP, ils payent cher leur politique d'austérité entre 2009 et 2011 et la corruption. "Nous ne pouvons pas accepter cette Espagne noire que certains veulent dépeindre, c'est un mensonge", s'est défendu vendredi soir à Valence (est) Mariano Rajoy.

"Jouer aux expériences, à la nouveauté, aux talk-shows (...), un pays comme celui-ci, vieux, jeune, ancien, moderne, fort, avec de la personnalité (...) ne peut se le permettre", a encore dit à Madrid M. Rajoy, dont la campagne est axée sur la reprise économique (+3,3% de croissance du PIB en 2015, selon le gouvernement), à Madrid, peu avant minuit.

Mariano Rajoy, 60 ans, a parcouru 12.000 km, tenté de perdre son image distante, visité 19 provinces, et encaissé sans perdre son calme mercredi un coup de poing au visage de la part d'un jeune de 17 ans. L'homme qui aussi fait campagne sur son "sérieux", cherche les voix des gens de sa génération: les 10,9 millions d'électeurs âgés de plus de soixante ans sur 34,5.

Albert Rivera en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP]
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Albert Rivera en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid

Il restait, vendredi soir, talonné à droite par le parti de centre-droit Ciudadanos, lancé au niveau national en 2014. La formation d'Albert Rivera, 36 ans, est la préféré des jeunes cadres pour sa promesse de réformes en profondeur de l'Education et d'un contrat de travail unique, gommant les différences entre contrats définitifs et précaires.

"Il ne reste plus que 48 heures pour entamer une nouvelle étape politique en Espagne !", s'est enthousiasmé Albert Rivera, devant plus d'un millier de partisans rassemblés sur une place dans le coeur historique de Madrid, entre les terrasses par une nuit très tiède pour la fin décembre.

Selon les derniers sondages, c'est cependant l'autre parti émergent, Podemos, qui pourrait avoir le plus à gagner à l'issue d'un vote où il pourrait être deuxième en nombre de voix et prendre la place du PSOE comme grand parti de la gauche.

Pablo Iglesias en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [JOSE JORDAN / AFP]
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Pablo Iglesias en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid

Donné en perte de vitesse jusqu'à l'automne, le chef de Podemos Pablo Iglesias, 37 ans, a modéré son ton, tout en promettant des mesures pour les très nombreux Espagnols qui vivent encore la crise au quotidien -- un actif sur cinq est au chômage.

Après l'élection, le "21, il faudra qu'il y ait des sourires de complicité, au travail, dans la queue pour le chômage dans les bars où l'on déjeune (....) parmi tous ces gens petits, humbles, qui peuvent donner une leçon aux puissants!", a hurlé Pablo Iglesias vendredi soir depuis des milliers de personnes en liesse à Valence.

"Il n'est pas exclu que Podemos l'emporte en nombre de voix" sur le PSOE, a estimé M. Ferrandiz. "Le PSOE est debout et prêt à gouverner", a rétorqué Pedro Sanchez, le leader du Parti socialiste.

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