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Daesh subit un coup dur, après une série de défaites

Un membre de l'unité anti-terroriste irakienne le 28 décembre 2015 après la prise de Ramadi [AHMAD AL-RUBAYE / AFP] Daesh pourrait être contraint de se replier en Libye. [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]

Daesh a subi une série de défaites ces derniers mois en Syrie et en Irak dont la dernière en date dimanche à Ramadi mais cette organisation jihadiste est encore loin d'être vaincue, estiment des experts.

Au printemps, Daesh avait pris le contrôle de Ramadi, chef-lieu de la vaste province sunnite d'Al-Anbar, dans l'ouest de l'Irak, infligeant une cinglante défaite à l'armée irakienne.

Les jihadistes avaient également conquis Palmyre, cité syrienne antique mondialement connue, prouvant alors leur capacité à étendre leur «califat» autoproclamé entre l'Irak et la Syrie.

Le groupe EI en Syrie et en Irak [Adrian LEUNG, Gillian HANDYSIDE, Gal ROMA / AFP]
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Le groupe EI en Syrie et en Irak

 

Mais récemment les jihadistes ont cédé du terrain, perdant les villes irakiennes de Baiji, Sinjar puis de Ramadi dimanche. En Syrie, Daesh a aussi perdu fin décembre le contrôle du barrage de Tichrine (nord) face à une coalition militaire arabo-kurde qui l'a ainsi privé d'une source de revenus stratégique.

«Pour Daesh qui se revendique comme un Etat, contrôler des centre-villes et des infrastructures clés est important mais (les récentes) défaites entament la crédibilité de cette revendication», estime Firas Abi Ali, analyste à l'institut IHS Jane's spécialisé dans les questions de défense et basé à Londres.

Ramadi, une victoire symbolique

Mais la reconquête de Ramadi par les forces irakiennes est davantage une victoire symbolique, tempèrent toutefois des experts. «Daesh est toujours capable de lancer des attaques à travers l'Irak sans Ramadi, une ville plus importante pour les forces de sécurité irakiennes que pour Daesh», estime Patrick Martin, analyste à l'Institute for the Study of War basé à Washington.

Les jihadistes ont réussi à évacuer un grand nombre de véhicules et d'armes avant le début de la bataille de Ramadi, a indiqué à l'AFP un haut gradé des forces d'élite antiterroristes qui furent en première ligne pour la reprise de la ville.

Gagner des batailles, même si elles sont d'un intérêt stratégique mineur, demeure cependant important pour le moral des troupes qui luttent contre Daesh, souligne Patrick Skinner du cabinet de consultants Soufan Group spécialisé dans le renseignement. Selon lui, le dernier message audio du chef autoproclamé de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi la semaine dernière était «moins triomphant» que les précédents.

Même constat pour Firas Abi Ali qui voit dans les menaces proférées contre Israël «le signe que Daesh est en crise». «La popularité de la rhétorique antisioniste dans la région pousse les dictateurs à penser qu'elle est une garantie de soutien des foules. Ils l'utilisent pour détourner (leur population) des autres problèmes», analyse-t-il.

Restauration des forces fédérales irakiennes

Au delà de la comptabilisation des points gagnés ou perdus par chacune des parties, de nombreux experts se sont penchés sur la nouvelle équation militaire qui a conduit aux récentes victoires contre Daesh.

A Sinjar, des factions rivales kurdes, appuyées par les frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, ont bouté les jihadistes hors de la ville. Dans le nord de la Syrie, ce sont aussi des combattants kurdes, qui ont été les fers de lance de la lutte contre Daesh.

La reprise de Ramadi a elle été menée par les seules forces fédérales irakiennes, sans l'implication des groupes paramilitaires chiites qui avaient jusqu'à présent joué un rôle central dans la guerre contre Daesh.

«Le fait de restaurer la capacité des forces irakiennes est très important et pourrait devenir un modèle pour les offensives à venir», souligne Firas Abi Ali.

«La reprise méthodique de Ramadi, avec la couverture aérienne de la coalition limitant les mouvements de Daesh (...) dans les quartiers urbains, a prouvé son efficacité. Une méthode qui pourrait à nouveau être utilisée à Fallouja», bastion jihadiste situé entre Ramadi et Bagdad, analyse Patrick Skinner.

Vers un repli de Daesh en Libye ?

Le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi s'est engagé lundi à libérer son pays de Daesh en 2016. Pour Firas Abi Ali, les forces kurdes syriennes rencontreront plus de difficultés dans leur avancée vers Raqa, capitale de facto des jihadistes en Syrie.

Si les défaites se multiplient en Syrie et en Irak, Daesh pourrait voir dans la Libye une terre de repli. L'organisation y contrôle déjà la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. De plus, rappelle Firas Abi Ali, «les idéologies du jihad et de l'islam politique se portent bien. Il est trop tôt pour annoncer la mort de Daesh (...)».

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