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Vidéo : des femmes filment en secret Raqqa, la capitale de Daesh

Deux femmes syriennes ont réussi à filmer à l'aide d'une caméra cachée la vie à Raqqa, la "capitale" des jihadistes de Daesh. Leur vidéo, relayée lundi 14 mars par le média suédois Expressen TV, constitue un document exceptionnel.

Elles ont filmé au péril de leur vie. Le corps et le visage entièrement couverts, elles font leurs courses, prennent un taxi et parcourent les rues d'une ville détruite où seuls quelques hommes armés et barbus occupent les lieux. "Tout le monde est parti", disent-elles, "depuis que les raids aériens sur Raqqa se sont intensifiés". Une fuite qui concernerait même les terroristes. "Les combattants étrangers de Daesh ont établi des postes de contrôle. Certains demandent leurs papiers d'identité aux Syriens afin de fuir vers la Turquie", avancent-elles.

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Selon Expressen TV, la vidéo aurait été tournée cet hiver. Entrecoupée d'images de propagande, elle montre les décombres de ce qui était autrefois la mosquée Uwais al-Qarni, un important lieu de culte pour les musulmans chiites. C'est là que les deux femmes ont assisté à la décapitation d'un jeune homme. "Je me suis rendue compte qu'il y avait un homme assis par terre", dit l'une d'entre elles, la voix trafiquée, utilisant le pseudonyme Oum Mohammad. "Les bourreaux étaient alignés autour de lui, tous habillés de noir", ajoute-t-elle.

Les droits des femmes atteints comme jamais

La chaîne américaine CNN, affiliée à Expressen TV, précise que les femmes de Raqqa ont perdu quasiment tous leurs droits du fait de la charia. Un comble dans cette ville qui était autrefois l'une des plus libérales de Syrie. Les femmes doivent désormais entièrement recouvrir leurs corps et être intégralement voilées. "Toutes les femmes aiment montrer leurs visages. Nous ne pouvons plus le faire, nous avons perdu notre féminité", déclare Oum Mohammad.

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Et ce refus de la féminité se propage jusque dans les choses les plus banales du quotidien. La vidéo montre par exemple un magasin où les emballages de teinture pour cheveux ont tous étés noircis au marqueur. Demandant au vendeur pourquoi il en est ainsi, les deux femmes se voient simplement répondre "c'est un niqab". 

Présence de Français

Enfin, la vidéo montre les quartiers où vivait la bourgeoisie de Raqqa avant d'être expulsée par Daesh à leur arrivée en 2013. Les deux femmes indiquent que les combattants étrangers occupent les meilleures maisons et appartements. "Ce sont des gens du Kazakhstan, d'Afghanistan, d'Arabie Saoudite, ou encore des Européens comme des Francais", indique Oum Mohammad.

Et si les deux femmes ont courageusement fait cette vidéo c'est parce qu'elles veulent "que le monde sache, en espérant qu'un jour on sera libre". En attendant quand vient le soir, "je retire mon niqab et l'obscurité qui nous couvre", dit Oum Rohammad. Et de conclure : "rien n'est plus important que la liberté."

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