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Russie : verdict attendu dans le procès de Savtchenko

La militaire ukrainienne Nadia Savtchenko le 7 novembre 2014 à Moscou [Kirill ZYKOV / AFP/Archives] La militaire ukrainienne Nadia Savtchenko le 7 novembre 2014 à Moscou [Kirill ZYKOV / AFP/Archives]

La justice russe doit commencer lundi la lecture du verdict dans le procès de la militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, jugée depuis six mois pour le meurtre de deux journalistes russes dans l'est de l'Ukraine en juin 2014.

La pilote d'hélicoptère de 34 ans risque 23 ans de prison au terme de ce procès qui s'est tenu à Donetsk, petite ville russe proche de la frontière avec l'Ukraine. Pour le procureur, Nadia Savtchenko a fourni à l'armée ukrainienne le 17 juin 2014 la position d'Anton Volochine et Igor Korneliouk, tués par un tir de mortier dans l'Est séparatiste de l'Ukraine.Nadia Savtchenko rejette en bloc ces accusations, assurant avoir été capturée par des rebelles prorusses, puis livrée à la Russie avant que les deux journalistes russes ne soient tués. 

"Savtchenko sera condamnée à quelques dizaines d'années, il n'y a aucun doute là-dessus", a déclaré dimanche sur Twitter l'un des avocats de la jeune femme, Mark Feïguine, dénonçant "une machine de propagande en action" et "une absence de justice et de liberté".L'Ukraine et l'Occident dénoncent pour leur part un procès politique et voient en elle une victime des opérations russes en Ukraine où Moscou, qui dément, est accusé de soutenir militairement la rébellion prorusse.

Vers un échange de prisonniers ?

Le président ukrainien Petro Porochenko a promis de faire "tout son possible" pour ramener Nadia Savtchenko chez elle, évoquant sans plus de détails un éventuel échange de prisonniers. Deux hommes capturés par les forces ukrainiennes et présentés par Kiev comme des agents du renseignement militaire russe sont actuellement jugés en Ukraine et pourraient servir de monnaie d'échange.

Capture d'écran d'une vidéo AFP de la militaire ukrainienne Nadia Savtchenko le 9 mars 2016 à Donetsk, en Russie [YURY MALTSEV / AFP/Archives]
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Capture d'écran d'une vidéo AFP de la militaire ukrainienne Nadia Savtchenko le 9 mars 2016 à Donetsk, en Russie

 

Moscou détient de son côté entre une dizaine et une trentaine d'Ukrainiens, selon les sources, dont plusieurs détenus dont le cas a été médiatisé comme le réalisateur Oleg Sentsov, arrêté en Crimée et condamné à 20 ans de prison pour "terrorisme" et "trafic d'armes". Emprisonnée depuis 21 mois, Nadia Savtchenko n'a pas hésité à défier ouvertement le pouvoir russe tout au long de sa détention et de son procès, et a vu sa popularité grandir en Ukraine.

Elue symboliquement députée pendant son incarcération, elle a passé plus de 80 jours en grève de la faim entre décembre 2014 et mars 2015. Début mars, elle a même arrêté de se nourrir et de s'hydrater pendant sept jours. "Tout ce que je peux faire est de montrer par l'exemple que la Russie, avec son régime totalitaire, peut être vaincue si vous n'avez pas peur et n'êtes pas brisé", a-t-elle déclaré au dernier jour de son procès, avant de sauter sur le banc des accusés et d'adresser un spectaculaire bras d'honneur à ses juges.

Pression occidentale

Les relations entre Moscou et Kiev sont déjà quasiment gelées depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014, au terme d'un référendum jugé illégal par l'Occident, puis de l'insurrection armée dans l'Est, où les combats entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les insurgés ont fait plus de 9.000 morts en quasiment deux ans.

Le président ukrainien Petro Porochenko à Bruxelles le 12 février 2015  [EMMANUEL DUNAND / AFP/Archives]
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Le président ukrainien Petro Porochenko à Bruxelles le 12 février 2015

 

Les accords de Minsk signés sous l'égide de Berlin et Paris, censés mettre fin au conflit entre Kiev et les rebelles à travers un ensemble de mesures politiques, économiques et sociales, n'ont pas permis aux deux pays de se rapprocher, chacun accusant l'autre de ne pas en respecter les termes.

La Russie, dans le même temps, s'est replacée au centre du jeu international à la faveur de la guerre en Syrie, faisant craindre à Kiev que l'Occident ne soit tenté d'atténuer sa pression sur Moscou.

L'Ukraine a proposé que l'Occident sanctionne 40 personnes "directement impliquées" dans le procès Savtchenko, tout en espérant que le sort de la pilote ukrainienne soit évoqué par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, en visite à Moscou la semaine prochaine.

"Après la façon dont cette affaire a été dépeinte dans les médias russes, les autorités russes ne peuvent pas la laisser partir ou ne pas lui infliger une lourde peine", estime Nikolaï Petrov, de l'Ecole supérieure d'Economie de Moscou.

"Ils pourraient essayer de l'échanger après l'avoir lourdement condamnée, mais il faudrait que ce soit contre quelqu'un qui a de la valeur aux yeux de l'opinion publique russe", ajoute-t-il.

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