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Municipales en Italie : une jeune avocate à l'assaut de Rome

Virginia Raggi, candidate du Mouvement 5 Etoiles (M5S), lors d'un meeting de campagne à Ostia Lido près de Rome, le 17 juin 2016 [ANDREAS SOLARO / AFP] Virginia Raggi, candidate du Mouvement 5 Etoiles (M5S), lors d'un meeting de campagne à Ostia Lido près de Rome, le 17 juin 2016 [ANDREAS SOLARO / AFP]

Plus de neuf millions d'Italiens sont appelés à voter dimanche pour le second tour d'élections municipales qui pourraient voir une jeune avocate remporter Rome et sonner comme un coup de semonce pour le chef du gouvernement Matteo Renzi.

Dans les 126 communes concernées, les bureaux de vote doivent ouvrir à 07H00 (05H00 GMT) et fermer à 23H00 (21H00 GMT). Avec 35% des voix au premier tour le 5 juin, Virginia Raggi, 37 ans, candidate de l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S) du comique Beppe Grillo, a 10 points d'avance sur Roberto Giachetti, soutenu par le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de M. Renzi. Le PD est aussi à la peine à Turin, où son maire sortant est également menacé par une jeune candidate du M5S, et surtout à Milan, la capitale économique du pays, où son candidat Giuseppe Sala (38,5%) est au coude à coude avec celui du centre-droit, Stefano Parisi (38,4%). Le duel gauche-droite se jouera aussi à Bologne, mais à Naples, le parti de M. Renzi n'est même pas arrivé au second tour, et l'atypique maire sortant, Luigi De Magistris, bien parti pour remporter un nouveau mandat, a annoncé vendredi qu'il entendait fonder un nouveau mouvement de gauche, après l'élection.

Une analyse nationale des résultats restera délicate, le M5S étant en tête à Rome mais absent à Naples, Bologne ou Milan, la droite déchirée à Rome mais unie à Milan. Depuis des semaines, M. Renzi tente cependant de limiter les enjeux en répétant que "la mère de toutes les batailles" politiques reste pour lui le référendum prévu en octobre sur sa réforme constitutionnelle, sur lequel il s'est engagé à démissionner en cas d'échec. Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25% des voix dès les législatives de 2013, le M5S y compte bien. Piochant dans ses propositions à droite comme à gauche, y compris dans les extrêmes, il continuer de tisser sa toile aux élections locales en s'appuyant toujours sur la dénonciation d'une classe politique malhonnête.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, le 24 mai 2016 à Rome [VINCENZO PINTO / AFP/Archives]
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Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, le 24 mai 2016 à Rome

C'est ce discours que Mme Raggi a répété à l'envi pendant sa campagne, sans vraiment entrer dans les détails de son programme pour redresser une ville croulant sous une dette de 12 milliards d'euros ou présenter les têtes de sa future équipe. Ce dernier point est pourtant crucial : l'absence au sein de cadres ayant déjà fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien est l'une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne. Et alors que les "grillini" du M5S se présentent comme les chevaliers blancs de la politique, la presse a réservé un large écho depuis deux jours au fait que Mme Raggi n'a pas mentionné dans des documents administratifs une série de consultations pour un organisme public. "Ce n'est que de la boue, ils ne savent plus à quoi s'attaquer. J'ai déjà clarifié, tout est déclaré et dans les règles", a-t-elle réagi.

Mais au-delà de ces considérations, ce scrutin est "destiné à laisser une trace dans la politique italienne, à marquer une discontinuité et une possible rupture de système", a prévenu samedi dans un éditorial le directeur de La Repubblica, Mario Calabresi. Avec le M5S, "on en arrive à choisir la fraîcheur et la sympathie, à considérer l'inexpérience comme la plus grande des valeurs. Et à l'associer à l'espérance", a-t-il estimé, comparant ses militants aux passagers prenant les commandes d'un avion pour protester contre les retards des vols et les avantages sociaux des pilotes. En attendant, les principaux pilotes ont déserté le terrain. Pour les derniers meetings avant le "silence électoral" du week-end, M. Renzi était en voyage en Russie, M. Grillo aux abonnés absents et Matteo Salvini, l'omniprésent chef de la Ligue du Nord, anormalement discret. Quant à Silvio Berlusconi, qui tente en vain de se maintenir à la tête du centre-droit, il est toujours sur un lit d'hôpital après une opération à cœur ouvert.

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