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Une Amérique à désarmer

Le gouvernement américain peine à légiférer sur le contrôle des armes. [CENGIZ YAR, JR. / AFP]

Si l’Amérique a toujours été divisée sur les armes, le débat semble aujourd’hui plus vif que jamais et risque de rythmer la course à la présidentielle.

«Combien doivent mourir  avant que nous fassions quelque chose ?» Avec une dizaine de collègues démocrates, Robin Kelly, une élue de l’Illinois, a organisé durant plus de quinze heures un sit-in en plein Congrès américain afin de faire voter aux républicains un texte limitant l’accès aux armes à feu. Malgré le soutien du président Obama, cette action inédite dans de tels murs a pris fin hier sans résultat. Mais elle a toutefois eu le mérite d’illustrer l’urgence de la situation. Dix jours après la sanglante attaque d’Orlando, la fusillade la plus meurtrière de l’histoire du pays avec 49 morts, le «gun control» est en effet plus que jamais au cœur des débats. Jusqu’à devenir un des principaux thèmes de la campagne présidentielle.

Une opposition politique

La tentative des élus démocrates (et son échec) a illustré les difficultés que rencontrent ceux qui souhaitent changer les lois et les mentalités. Le Congrès empêche en effet toute évolution de la loi. A majorité républicaine, il est soutenu par la National rifle association (NRA), le puissant lobby des armes, qui investit chaque année des millions dans les campagnes politiques. Au total, ce sont ainsi cinq propositions de loi démocrates qui ont été soumises au Congrès cette semaine, toute rejetées.

Une impossibilité à légiférer qui, en janvier dernier, a poussé  Barack Obama a agir par décret pour généraliser le contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs ou encore imposer une licence à chaque vendeur. Une technique que pourrait utiliser Hillary Clinton si jamais elle venait à lui succéder. Historiquement engagée pour un plus grand contrôle, l’ex-secrétaire d’Etat a émaillé sa campagne de déclarations fortes pour un changement de législation, souhaitant notamment abroger les lois protégeant les fabricants et les marchands.

Son rival, Donald Trump, est de son côté un grand défenseur des armes et a été invité à la convention annuelle de la NRA il y a un mois. Après Orlando, il a estimé que «s’il y avait eu des armes dans la boîte de nuit [...] on n’aurait pas [cette] tragédie».

Un droit constitutionnel

L’attachement des Américains aux revolvers ou aux fusils mitrailleurs vient des fondations même du pays. Selon le deuxième amendement de la Constitution, tout citoyen américain est libre de transporter une arme à feu. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les mentalités sont loin d’évoluer avec la multiplication des fusillades. Selon une étude du Pew Research Center datée de 2015, seuls 50 % des Américains considèrent que contrôler les armes est plus important que de garantir la liberté de possession. En 2000, ils étaient 66 %. Et force est de constater que les armuriers enregistrent des pics de ventes au lendemain des drames.

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