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La Polynésie commémore les 50 ans du premier essai nucléaire

Une photo prise en 1971 montre un essai nucléaire français à Moruroa dans le Pacifique [AFP PHOTO / AFP/Archives] Une photo prise en 1971 montre un essai nucléaire français à Moruroa dans le Pacifique [AFP PHOTO / AFP/Archives]

Près d’un millier de Polynésiens ont commémoré, samedi à Papeete (dimanche à Paris), les 50 ans du premier essai nucléaire à Moruroa, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les associations anti-nucléaires avaient marché toute la semaine autour de Tahiti, pour dénoncer les conséquences des 193 essais réalisés entre 1966 et 1996 à Moruroa et Fangataufa, dans l’archipel des Tuamotu, en Polynésie française.

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Ces militants ont été rejoints au mémorial des essais nucléaires, sur le front de mer de Papeete, par le leader indépendantiste Oscar Temaru, qui s’est toujours opposé à ces essais. Plus rare, plusieurs personnalités autonomistes de premier plan, comme le président de l’assemblée de la Polynésie française et les ministres de la santé et de l’environnement, se sont joints à cette commémoration, ainsi que des représentants des Eglises protestante et catholique.

Une photo prise en 1970 montre un essai nucléaire français à Moruroa, en Polynésie française [AFP PHOTO / AFP/Archives]
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Une photo prise en 1970 montre un essai nucléaire français à Moruroa, en Polynésie française

 

Faire réviser la loi Morin

Ce rassemblement a permis d’exprimer les attentes des vétérans des sites d’expérimentation vis-à-vis de l’Etat. Ils souhaitent une révision de la loi Morin. Cette loi devait permettre l’indemnisation des vétérans touchés par des maladies radio-induites, mais la plupart des dossiers sont rejetés. "L’Etat joue la montre en attendant que les anciens travailleurs des sites nucléaires décèdent", a déclaré à l’AFP Roland Oldham, président de l’association de vétérans Moruroa e tatou.

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Il espère que la notion de "risque négligeable" sera supprimée de la loi. Les associations souhaitent fonder le processus d’indemnisations sur le "modèle américain", où plus de la moitié des demandes aboutissent selon elles, contre moins de 2% en Polynésie française. Lors de sa venue en Polynésie en février, le Président Hollande avait pris une série d’engagements liés au nucléaire, notamment sur l’amélioration du processus d’indemnisation.

Cérémonie devant le mémorial dédié aux victimes des essais nucléaires à Papeete, en Polynésie française, le 2 juillet 2014 [GREGORY BOISSY / AFP/Archives]
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Cérémonie devant le mémorial dédié aux victimes des essais nucléaires à Papeete, en Polynésie française, le 2 juillet 2014

 

"La volonté politique des dirigeants est freinée par les bureaux des ministères et les lobbies, et la parole d’un Président ne suffit pas à assurer la réalisation des promesses", tempère l’historien Jean-Marc Regnault, fin connaisseur de la période du CEP (Centre d’Expérimentations du Pacifique). Autorisé depuis peu à consulter des archives auparavant classées secret-défense, il a aussi affirmé qu’"historiquement, on a la preuve que le gouvernement de De Gaulle a voulu éliminer Pouvanaa de la vie politique, ce qui a écarté le principal obstacle aux essais nucléaires en Polynésie".

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Pouvanaa a Oopa a été accusé d’avoir voulu mettre le feu à Papeete, sans que ces accusations aient été prouvées. Ce leader charismatique a été incarcéré en métropole en 1960, deux ans avant le début des essais nucléaires, et n’est revenu en Polynésie qu’en 1968. Beaucoup de Polynésiens le considèrent comme leur "Metua" (Père, en tahitien) et demandent sa réhabilitation.

Les militants anti-nucléaires veulent faire connaître cette part d’ombre de l’Histoire en créant un musée. "Ce centre de la mémoire doit être financé par l’Etat, comme annoncé par François Hollande : ce sera un musée où les écoles pourront venir s’informer, et je suis sûr que ça intéressera aussi les touristes" a affirmé Bruno Barrillot, l’un des experts les plus reconnus de la question nucléaire en Polynésie française.

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