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Turquie : Erdogan étend la purge jusque dans ses rangs

Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 5 août 2016 à Ankara [ADEM ALTAN / AFP] Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 5 août 2016 à Ankara [ADEM ALTAN / AFP]

Le parti au pouvoir en Turquie étend jusque dans ses propres rangs la purge des sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis et qui a réagi vivement au mandat d'arrêt émis à son encontre par Ankara.

Les relations diplomatiques de la Turquie ne se sont pas améliorées: des échanges acerbes ont eu lieu avec Vienne, et Washington n'a pas confirmé pas une visite de son secrétaire d'Etat John Kerry annoncée par Ankara.

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Le Parti de la justice et du développement (AKP) a ordonné vendredi que ses rangs soient "nettoyés" des sympathisants de Gülen, accusé d'être derrière le coup d'Etat depuis son exil volontaire en Pennsylvanie, a annoncé l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

L'AKP va ainsi être également touché par la traque implacable menée depuis le coup d'Etat raté du 15 juillet, qui s'est soldée par au moins 60.000 limogeages, arrestations et gardes à vue, surtout dans l'armée, la justice, la presse et l'éducation.

Signée par le numéro deux du parti, Hayati Yazici, une circulaire de l'AKP "ordonne l'urgent nettoyage de l'organisation du parti", afin d'en éliminer ceux qui sont liés au réseau de Gülen, accusé d'avoir noyauté les institutions et la société turques en créant un "Etat parallèle".

Le prédicateur turc Fethullah Gülen, chez lui à Saylorsburg, en Pennsylvanie, le 18 juillet 2016 [Thomas URBAIN / AFP/Archives]
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Le prédicateur turc Fethullah Gülen, chez lui à Saylorsburg, en Pennsylvanie, le 18 juillet 2016

 

Gülen dénonce "l'autoritarisme" d'Erdogan

L'ex-imam a vivement réagi vendredi à l'annonce que la Turquie venait de lancer contre lui un mandat d'arrêt dans la perspective d'une demande officielle d'extradition auprès des Etats-Unis. "Le système judiciaire turc n'est pas indépendant, donc ce mandat d'arrêt est encore un exemple de la tendance du président Erdogan à l'autoritarisme et aux écarts vis-à-vis de la démocratie", a-t-il dit dans un communiqué.

M. Gülen a rappelé avoir "condamné à plusieurs reprises la tentative de coup d'Etat" et nié "toute implication". L'un des avocats américains du prédicateur, Reid Weingarten, a été catégorique: Fethullah Gülen ne sera pas extradé car il n'y a pas "l'ombre d'une preuve" contre lui. "Nous n'avons pas vu la moindre preuve, directe ou indirecte, qui résisterait de manière convaincante à un examen des faits", a dit cet avocat au cours d'une conférence de presse.

"Les théories du complot et les menaces du président Erdogan ne sont pas assez solides pour ébranler le système juridique américain. Pour ces raisons, nous pensons que M. Gülen ne devrait pas être et ne sera pas extradé", a déclaré l'avocat.

Le président Erdogan a averti jeudi soir que la purge en cours, qui a provoqué de vives protestations à l'étranger, n'avait encore touché que "le sommet de l'iceberg". Vendredi, 12 des 14 journalistes du quotidien Zaman qui étaient en garde à vue ont été placés en détention préventive.

"Racisme radical"

La Turquie et l'Autriche ont à nouveau eu des échanges peu diplomatiques au lendemain d'une passe d'armes sur les négociations d'adhésion turque à l'Union européenne, devenues "une fiction" selon Vienne.

Le Secrétaire général du Conseil de l'Europe Thorbjorn Jagland et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu lors d'une conférence de presse le 3 août 2016 à Ankara [ADEM ALTAN / AFP/Archives]
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Le Secrétaire général du Conseil de l'Europe Thorbjorn Jagland et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu lors d'une conférence de presse le 3 août 2016 à Ankara

"Le racisme est l'ennemi des droits de l'homme", a lancé le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu à la télévision TGRT. "Le chancelier autrichien (Christian Kern) ferait mieux de regarder son propre pays. Aujourd'hui l'Autriche est la capitale du racisme radical", a-t-il dit.

Son homologue autrichien Sebastian Kurz a réagi sur Twitter: "J'appelle instamment le ministre (turc) des Affaires étrangères à faire preuve de retenue et je rejette fermement ses critiques. La Turquie doit modérer (...) son langage et ses actes".

Le président Erdogan a reproché amèrement aux Occidentaux de ne pas l'avoir soutenu après le putsch raté et de ne pas être venus le voir.

C'est le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui pourrait être le premier haut responsable occidental à se rendre en Turquie, à en croire Ankara. M. Kerry viendra le 24 août, a assuré M. Cavusoglu après que M. Erdogan a évoqué la date du 21. Mais à Washington un porte-parole du département d'Etat déclarait sèchement: "Nous n'avons pas de voyage à annoncer".

Cette visite, si elle a lieu, interviendra à un moment où les relations turco-américaines sont ébranlées par l'exigence turque de l'extradition de Gülen. Ankara l'a déjà réclamée plusieurs fois à Washington.

Par ailleurs, le ministère allemand des Affaires étrangères, confirmant des informations de presse, a confirmé qu'une Allemande est détenue depuis plusieurs jours en Turquie en raison de liens supposés avec le mouvement de Fethullah Gülen.

Selon le quotidien Sueddeutsche Zeitung, cette femme "a été arrêtée il y a plusieurs jours parce que des livres ont été trouvés chez elle qui indiqueraient des contacts avec ou une appartenance au mouvement de Gülen".

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