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Quel est le rôle des femmes dans les réseaux jihadistes ?

Les femmes au sein de Daesh ne doivent plus être considérées comme des spectatrices. [GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]

Longtemps cantonnées, dans les réseaux jihadistes, aux rôles de supportrices, de soutien, voire d'inspiratrices, les femmes jouent de plus en plus des rôles actifs, au point d'avoir tenté de faire sauter une voiture au coeur de Paris.

Lors d'une conférence de presse vendredi, le procureur de Paris François Molins n'a pas hésité à évoquer "un commando terroriste composé de jeunes femmes totalement réceptives à l'idéologie mortifère de Daesh" pour commenter l'arrestation jeudi, en région parisienne, de trois jeunes femmes.

Se voyant repérées par les services spécialisés, deux d'entre elles n'ont pas hésité à foncer sur les policiers en civil avec des couteaux de cuisine, tentant de frapper pour tuer, blessant l'un d'eux à l'épaule. Les empreintes et les traces d'ADN d'une jihadiste présumée ont été trouvés à bord d'une Peugeot 607 chargée de bombonnes de gaz découverte le weekend dernier dans le coeur de Paris.

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"Le passage à l'acte par des jeunes femmes téléguidées par des individus se trouvant en Syrie dans les rangs de Daesh démontre que cette organisation entend faire des femmes des combattantes", a assuré le magistrat. "Si les femmes ont pu d'abord sembler être confinées à des tâches familiales et domestiques par l’organisation terroriste, force est de constater que cette vision est aujourd'hui largement dépassée".

Des kamikazes en Syrie et en Irak

Des femmes dans des rôles combattants, ou montant des agressions jihadistes, c'est une première en France mais pas dans les "terres de jihad", Syrie ou Irak. La jeune belge Muriel Degauque, convertie à l'islamisme radical, s'est faite exploser en novembre 2005 au passage d'un convoi de l'armée américaine à Bakouba, en Irak, tuant cinq policiers irakiens qui les escortaient. C'était la première fois qu'une jeune occidentale convertie acceptait d'endosser le rôle de kamikaze.

Al Qaïda en Irak, la formation qui a ensuite évolué pour devenir Daesh, a organisé plusieurs attentats suicide avec des volontaires portant des vestes explosives, dont plusieurs étaient des femmes. Et en novembre 2010 la jeune Britannique Roshonara Choudhry, 21 ans, a poignardé au ventre le député londonien Stephen Timms, à qui elle reprochait d'avoir voté en faveur de l'engagement de Londres dans la guerre en Irak.

Exploiter toutes les options

"Les cas de ce genre ne sont pas encore très nombreux, mais Daesh tente désormais d'exploiter toutes les options possibles", a expliqué à l'AFP l'expert Magnus Randstorp, directeur du centre de recherche sur les menaces asymétriques au sein du Collège national de défense suédois.

"Les femmes au sein de Daesh ne doivent plus être considérées comme des spectatrices : elle sont très motivées et en plus des rôles de support, de logistique, de soutien, elles deviennent opérationnelles", ajoute-t-il. "C'est une évolution inquiétante pour les forces de l'ordre, qui voient leurs listes de suspects à surveiller s'allonger". "D'autant", poursuit-il, "que cela peut provoquer des imitations, pousser d'autres femmes jihadistes à passer à l'action".

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Dans le cas du "commando composé de femmes" évoqué par François Molins, le manque d'expérience en matière d'explosifs était flagrant : ainsi constituée, la voiture n'avait pratiquement aucune chance de sauter. Elle avait été, pour une raison difficile pour l'instant à comprendre, abandonnée mal garée, les feux de détresse clignotant, comme pour être à tous les coups repérée.

Mais cela pourrait changer : si Daesh, comme ce fût le cas le 13 novembre à Paris, parvient à faire entrer en Europe un artificier de bon niveau capable de fabriquer des gilets explosifs, une femme pourrait tout à faire l'enfiler, et actionner le mécanisme mortel en ayant moins attiré l'attention qu'un jihadiste masculin.

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