En direct
A suivre

Santos assure que la «paix en Colombie» est «proche»

"La paix en Colombie est proche" a assuré le président Juan Manuel Santos lors d'une conférence de presse à Bogota, le 5 octobre 2016 [Cesar CARRION / Colombian Presidency/AFP] "La paix en Colombie est proche" a assuré le président Juan Manuel Santos lors d'une conférence de presse à Bogota, le 5 octobre 2016 [Cesar CARRION / Colombian Presidency/AFP]

Le président Juan Manuel Santos a assuré que la "paix en Colombie" était "proche", après avoir reçu mercredi deux de ses prédécesseurs, opposés à l'accord signé avec la guérilla des Farc pour en finir avec plus d'un demi-siècle de conflit armé.

"La paix en Colombie est proche et nous allons l'atteindre", a assuré M. Santos depuis le palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota, après s'être longuement entretenu avec son plus farouche adversaire, Alvaro Uribe, leader de la campagne du "non" au référendum de dimanche lors duquel les électeurs ont rejeté l'accord avec la guérilla marxiste des Farc.

L'ex-président colombien (2002-2010) Alvaro Uribe (C) après la rencontre avec Juan Manuel Santos, le 5 octobre 2016 [GUILLERMO LEGARIA / AFP]
Photo
ci-dessus
L'ex-président colombien (2002-2010) Alvaro Uribe (C) après la rencontre avec Juan Manuel Santos, le 5 octobre 2016

 

Dans une déclaration séparée hors du palais, M. Uribe, qui a dirigé le pays de 2002 à 2010 et mené alors une véritable croisade contre la guérilla, a assuré qu'"il vaut mieux la paix pour tous les Colombiens qu'un accord faible pour la moitié des citoyens".

M. Santos, qui a juré de mettre fin à la guerre fratricide qui déchire le pays, s'était auparavant entretenu avec un autre ex-président, Andrés Pastrana (1998-2002), promoteur des dialogues du Caguan, précédente tentative de paix menée en vain dans ce bastion des Farc du sud-est de la Colombie.

Le chef de l'Etat centriste a notamment reçu son prédécesseur de droite, Alvaro Uribe (2002-2010), le plus farouche des opposants à l'accord conclu à Cuba avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) [Cesar CARRION / PRESIDENCIA COLOMBIA/AFP]
Photo
ci-dessus
Le chef de l'Etat centriste a notamment reçu son prédécesseur de droite, Alvaro Uribe (2002-2010), le plus farouche des opposants à l'accord conclu à Cuba avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc)

 

A sa sortie, M. Pastrana a déclaré avoir pour sa part demandé la mise en place "immédiate" des zones où les rebelles doivent se rassembler pour déposer leurs armes, sous supervision de l'ONU. Selon lui, cela donnerait aux "guérilleros des Farc la tranquillité que nous allons avancer dans ce processus".

"Chercher un nouvel accord"

Une femme manifeste devant le palais présidentiel en brandissant le mot "paix", le 5 octobre 2016 à Bogota [GUILLERMO LEGARIA / AFP]
Photo
ci-dessus
Une femme manifeste devant le palais présidentiel en brandissant le mot "paix", le 5 octobre 2016 à Bogota

 

M. Santos avait décidé de recevoir ses opposants à huis clos pour tenter de sauver l'accord négocié pendant près de quatre ans à Cuba avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), et qui prévoyait notamment leur désarmement et leur reconversion en mouvement politique légal.

M. Uribe, actuellement sénateur, a précisé avoir rappelé à M. Santos les "ajustements et propositions initiales" qu'il juge nécessaires "pour chercher un nouvel accord de paix, liant la totalité des Colombiens". Il a en outre à nouveau dénoncé "l'impunité totale" et "éligibilité politique" prévues, selon lui, par l'accord pour les guérilleros démobilisés.

M. Santos avait déclaré mardi soir qu'il espérait pouvoir "avancer (...) pour concrétiser les dispositions et les accords qui nous permettent de mettre en oeuvre la solution à ce conflit", qui a fait plus de 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés, impliquant diverses guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et forces armées.

Référendum colombien: vote par région [Gustavo IZUS, Tatiana MAGARINOS / AFP]
Photo
ci-dessus
Référendum colombien: vote par région

 

Pendant sa campagne pour le "non" au référendum sur l'accord, signé le 26 septembre par le chef de l'Etat et le leader des Farc, Rodrigo Londoño, alias Timochenko, M. Uribe, n'a cessé aussi d'agiter le spectre du basculement de la Colombie dans un castro-chavisme, inspiré des régimes cubain et vénézuélien.

Le référendum, qui s'est soldé par 50,21% pour le "non" et 49,78% pour le "oui" avec une abstention d'environ 62%, a montré un pays polarisé et peu mobilisé pour une consultation non obligatoire, mais que le chef de l'Etat avait voulue afin de donner une "plus large légitimité" à la paix.

"La paix est à nous"

Des manifestants brandissent le drapeau colombien devant le palais présidentiel, le 5 octobre 2016 à Bogota [GUILLERMO LEGARIA / AFP]
Photo
ci-dessus
Des manifestants brandissent le drapeau colombien devant le palais présidentiel, le 5 octobre 2016 à Bogota

 

Les Farc ont pour leur part réitéré leur souhait d'en finir avec la confrontation armée, annonçant sur Twitter qu'elles "maintenaient leur volonté de paix".

La veille pourtant, M. Santos a posé la date limite du 31 octobre au cessez-le-feu, à l'origine définitif, qu'il avait décrété le 25 août, au lendemain de la conclusion de l'accord avec les Farc, elles-mêmes en trêve unilatérale depuis plus d'un an.

"Et ensuite la guerre continue ?", s'est interrogé Timochenko sur Twitter. Un autre chef guérillero, Pastor Alape, a appelé les rebelles à "se déplacer vers des positions sûres pour éviter les provocations".

Toutefois, le ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas, a temporisé: "Le cessez-le-feu bilatéral sera prorogé autant que nécessaire pour préserver la sécurité des Colombiens, de la force publique, des zones où sont concentrées les Farc et des membres de cette organisation".

Les Etats-Unis ont de leur côté dépêché à La Havane leur envoyé spécial pour la paix en Colombie, Bernard Aronson, afin qu'il apporte son soutien à "un dialogue inclusif, prochaine étape d'une paix juste et durable", selon le département d'Etat.

La crise suscitée par le référendum semble provoquer un sursaut des milieux universitaires et de gauche, qui ont appelé à des rassemblements pour la paix dans plusieurs villes. A Bogota, une marche blanche, bougies en main, devait rallier la place Bolivar, coeur de la capitale où se trouve le palais présidentiel. "J'ai le coeur gros", a déclaré à l'AFP Alejandro Quevedo, 31 ans, professeur de mathématiques. "La paix n'appartient ni à Uribe, ni à Santos. La paix est à nous!"

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités