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Les 5 prix Nobel de la Paix les plus controversés

Barack Obama a reçu à Oslo le 10 décembre 2009 son prix Nobel de la paix.[JEWEL SAMAD / AFP]

Difficile de faire consensus pour l'obtention du prix Nobel de la paix. Cette année, c'est au président colombien Juan Manuel Santos qu'a été attribuée cette distinction pour ses efforts en faveur du processus de paix avec les FARC après 52 ans de guerre civile.

Un prix qui suscite certaines critiques : car si les deux parties ont signé le 26 septembre un accord historique, celui-ci a été rejeté par référendum par le peuple colombien. De plus, l'absence des FARC de ce prix Nobel pose aussi question, certains estimant qu'une telle récompense aurait été plus utile aux Casques blancs syriens, par exemple. 

A lire aussi : Le Nobel de la paix au président colombien Santos

Depuis sa création en 1901, l'attribution de cette distinction a plusieurs fois fait débat. Voici notre sélection des 5 prix Nobel de la paix les plus controversés.

1906 : Theodore Roosevelt, président des Etats-Unis

Au début du XXe siècle, le président des Etats-Unis reçoit avec surprise la prix Nobel de la paix pour «son aide lors des négociations de paix dans la guerre russo-japonaise.» Surprenant, puisque l'homme politique est l'auteur de la doctrine du Big stick selon laquelle la négociation diplomatique doit être appuyée par une force militaire. A l'époque, le New-York Times écrit alors que le prix a été attribué au «plus belliqueux des citoyens américains.»

1973 : Henry Kissinger, secrétaire d'Etat américain

C'est probablement le prix Nobel le plus polémique. En 1973, le secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger reçoit, conjointement avec le leader nord-vietnamien Le Duc Tho, le Nobel de la paix pour la signature des accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam.

Un choix incompréhensible pour beaucoup puisque Kissinger est accusé d'avoir fait escalader ce conflit. C'est en effet lui qui est déjà secrétaire d'Etat au moment du bombardement du Cambodge et il est également accusé de soutenir les dictatures d'extrême droite pendant la Guerre Froide. Cette attribution fait tellement grincer des dents qu'un membre du comité Nobel démissionne et que Le Duc Tho refuse ce prix conjoint.

1994 : Yasser Arafat, président de l'Organisation de la Libération de la Palestine

Cette année-là, le prix est remis conjointement aux Israéliens Shimon Peres et Yitzhak Rabin et à l'Israélien Yasser Arafat en raison de leurs «remarquables avancées dans les négociations de paix entre Israël et la Palestine.» Si l'attribution de ce prix dans son ensemble fait polémique, c'est essentiellement le leader Palestienien qui cristallise les critiques. Celui-ci est accusé de financer le terrorisme et d'armer son peuple avec l'argent des aides internationales. Comme lors de l'attribution du Nobel de la paix à Henry Kissinger, un membre du comité démissionne pour montrer son mécontentement.

A lire aussi : L'ancien directeur du Nobel regrette le prix attribué à Barack Obama

2009 : Barack Obama, président des Etats-Unis

Moins d'un an après le début de son mandat de président des Etats-Unis, Barack Obama reçoit le prix Nobel de la paix. Par ce choix, le comité souhaite récompenser «le nouveau climat dans la politique internationale» crée par le Démocrate ainsi que ses «efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples.» Ce prix se veut alors un encouragement pour celui qui a promis de sortir les Etats-Unis du conflit en Irak et en Afghanistan.

Un peu partout dans le monde, des voix s'élèvent pour exprimer leurs réserves comme Lech Walesa, l'ancien président polonais et lauréat du Nobel de la paix en 1983, qui juge cette attribution trop précipitée : «Il n'a pas encore eu le temps de faire quoi que ce soit.» De son côté, Newsweek estime qu' Obama est le «premier prix Nobel virtuel» : «Nous nous trouvons dans un univers particulier où les bonnes intentions sont récompensées avant qu'elles ne se soient métamorphosées en bonnes actions ou en faits réels.»

2012 : l'Union Européenne

Pour «avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocraties et les droits de l'Homme en Europe» et «fait passer l'Europe d'un continent deguerre vers un continent de paix», la Fondation Nobel octroie en 2012 son prix Nobel de la paix à l'Union Européenne. C'est alors oublié la guerre de Yougoslavie qui, de 1991 à 1999, a provoqué la mort de plus de 300 000 personnes et condamnés à l'exil quatre millions d'autres.

Par ailleurs, à cette époque l'UE se montre incapable d'agir de manière solidaire face à la crise grecque et certains dirigeants de pays européens n'hésitent pas à dénoncer le choix de la Fondation Nobel. C'est ainsi que Vaclav Klaus, le président tchèque, évoque une «farce tragique». De son côté, David Cameron, le premier ministre du Royaume-Uni, envoie lui son vice-premier ministre, Nick Clegg, le représenter à Oslo afin d'apaiser les eurosceptiques.

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