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Les forces irakiennes se préparent à reprendre Qaraqosh

Des forces gouvernementales irakiennes se déploient le 18 octobre 2016 Bajwaniyah à 30 km de Mossoul [AHMAD AL-RUBAYE / AFP] Des forces gouvernementales irakiennes se déploient le 18 octobre 2016 Bajwaniyah à 30 km de Mossoul [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]

Les forces gouvernementales irakiennes se préparaient mercredi à reprendre à Daesh la plus grande ville chrétienne d'Irak, qui constituerait une importante avancée dans le cadre de leur offensive sur Mossoul.

Les forces fédérales sont entrées mardi dans plusieurs quartiers de Qaraqosh, suscitant des manifestations de joie parmi les chrétiens qui s'étaient réfugiés il y a deux ans dans la région kurde proche. Mais les jihadistes demeurent encore présents dans cette ville où resteraient très peu de civils, voire aucun.

L'offensive, la plus importante menée ces dernières années par les forces de Bagdad, a donné lieu à des avancées rapides en deux jours, mais le président américain Barak Obama, à l'instar d'autres leaders occidentaux, a prédit une bataille "difficile".

Des soldats irakiens passent devant des blindés utilisés par les forces américaines le 18 octobre 2016 à Qayyarah [BULENT KILIC / AFP]
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Des soldats irakiens passent devant des blindés utilisés par les forces américaines le 18 octobre 2016 à Qayyarah

 

Les forces irakiennes reçoivent l'appui clé de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui, outre son aviation, a des militaires sur le terrain pour les conseiller. Selon des officiers, les unités du service de contre-terrorisme irakien sont en passe de chasser les jihadistes de Qaraqosh, située à quelque 15 km au sud-est de Mossoul.

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"Nous encerclons Hamdaniya maintenant", a déclaré à l'AFP le lieutenant Riyadh Tawfiq, commandant des forces terrestres irakiennes, dans la base de Qayyarah --d'où est organisé le gros de l'offensive--, en référence au district qui comprend Qaraqosh.

Offensive sur Mossoul [Iris ROYER DE VERICOURT, Alain BOMMENEL, Thomas SAINT-CRICQ / AFP]
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Offensive sur Mossoul

 

"Nous préparons un plan pour lancer un assaut et nettoyer" la ville, a-t-il dit. "Il y a des poches (de résistance), des combats, ils ont recours à des voitures piégées mais cela ne les aidera pas", a-t-il assuré. Mardi soir à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, située à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Mossoul, des chrétiens qui avaient dû fuir l'offensive de Daesh en 2014 ont dansé et chanté pour fêter l'entrée des troupes à Qaraqosh.

"Portée symbolique"

"Aujourd'hui est un jour heureux. Il ne fait aucun doute que notre terre va être libérée et nous remercions Dieu, Jésus Christ et la Vierge Marie", a déclaré Hazem Djedjou Cardomi, un journaliste présent parmi les fidèles.

Des chrétiens, qui avaient fui l'offensive de l'EI en 2014, dansent et chantent le 18 octobre 2016 à Erbil [SAFIN HAMED / AFP]
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Des chrétiens, qui avaient fui l'offensive de l'EI en 2014, dansent et chantent le 18 octobre 2016 à Erbil

 

Qaraqosh, où habitaient quelque 50.000 habitants en 2014, était la plus grande des villes chrétiennes d'Irak qui ont été prises durant l'été 2014 par Daesh dans la province septentrionale de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu. L'offensive avait alors provoqué un énorme exode de la minorité chrétienne, la plupart des déplacés se réfugiant au Kurdistan.

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Selon Faraj Benoit Camurat, président de Fraternité en Irak, une ONG qui soutient les minorités en Irak, Qaraqosh était "l'endroit en Irak où il y avait le plus de chrétiens au même endroit". Cela a donc "une portee symbolique importante". Quelque 300.000 chrétiens seraient encore présents en Irak.

Avant d'atteindre les abords directs de Mossoul où seraient retranchés entre 3.000 et 4.500 jihadistes, les forces irakiennes doivent traverser des territoires contrôlés par Daesh autour de la cité.

Les forces irakiennes déployées le 18 octobre 2016 à Bajwaniyah à environ 30 km au sud de Mossoul  [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]
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Les forces irakiennes déployées le 18 octobre 2016 à Bajwaniyah à environ 30 km au sud de Mossoul

 

Elles avancent sur deux axes: depuis Qayyarah, ville située à environ 70 km au sud de Mossoul, et depuis Khazir à l'est. Des commandants irakiens ont fait état de la reprise de plusieurs villages.

Des familles ayant retrouvé leur liberté de mouvement pour la première fois depuis deux ans se sont approchés avec prudence des forces de sécurité irakiennes, agitant un drapeau blanc alors que d'autres restaient dans leurs maisons.

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Dans un des villages du district d'Al-Choura, au sud de Mossoul, des hommes ont été rapidement mis à l'écart pour être contrôlés. "Nos forces vérifient (...) des informations fournies par des sources locales car nous essayons de démasquer des membres de Daesh", a déclaré à un journaliste de l'AFP un commandant de la police.

Cigarette interdite

La plupart des hommes de la ville portaient de longues barbes parce que l'EI leur interdisait de se raser. Abou Abdallah, un villageois, a demandé à un policer une cigarette, également bannie sous le règne de Daesh.

Des familles irakiennes en fuite le 18 octobre 2016 dans le village de Bajwaniyah, libéré par les forces gouvernementales irakiennes [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]
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Des familles irakiennes en fuite le 18 octobre 2016 dans le village de Bajwaniyah, libéré par les forces gouvernementales irakiennes

 

Mercredi, les forces irakiennes atteignaient le village de Bajwaniyah, à quelque 30 km au sud de Mossoul. M. Obama a prédit "une bataille difficile", se disant cependant "convaincu que Daesh sera vaincu à Mossoul".

Mais le sort des habitants de Mossoul et des localités proches inquiète l'ONU et les ONG, et les Etats-Unis ont déclaré que les jihadistes de l'EI retenaient les civils "contre leur gré" et s'en servaient comme "boucliers humains".

Environ 200.000 personnes pourraient être déplacées "dans les deux premières semaines", un chiffre susceptible d'augmenter de façon significative au fur et à mesure de l'avancée de l'offensive, selon l'ONU. Jusqu'à présent, seulement quelques dizaines de familles ont pu fuir Mossoul depuis le début de l'opération.

Mais des groupes plus importants de personnes ont fui des zones autour de la deuxième ville d'Irak et ont déjà trouvé refuge dans des secteurs plus sûrs, certains étant même prêts à aller en Syrie voisine, où la guerre fait rage.

"Des milliers d'Irakiens fuient vers un camp de réfugiés syrien (...) bondé pour pouvoir échapper à l'offensive sur Mossoul", a indiqué mercredi l'ONG Save the Children. Selon l'ONG, 5.000 civils sont arrivés ces dix derniers jours dans ce camp à Al-Hol, situé en Syrie, à quelques km de la frontière irakienne.

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