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Turquie : Erdogan le tout-puissant

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en septembre 2016 à Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en septembre 2016 à Ankara.[ADEM ALTAN / AFP]

Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan mène une politique de plus en plus autoritaire, suscitant la crainte des puissances étrangères.

Plus de 15 000 fonctionnaires limogés, 550 associations, 19 centres de santé et neuf médias fermés... Ce n’est pas le bilan d’un an de répression en Turquie, mais de ce seul mardi 22 novembre. 

Une journée comme le pays en a connu beaucoup depuis la tentative de putsch de juillet dernier, qui a donné lieu à des purges d’une rare ampleur à tous les échelons de la société. Au nom de la protection de la démocratie menacée par les tenants du coup d’État, le président Recep Tayyip Erdogan mène une politique de plus en plus liberticide.

Une société muselée

La tentation autoritaire du gouvernement turc, encore soutenu par une importante part de la population, ne date pas de cet été. Depuis qu’il est passé du poste de Premier ministre à celui de président, en 2014, Recep Tayyip Erdogan revendique son désir de voir le pays adopter un régime présidentiel et non plus parlementaire. 

Au cours de l’année écoulée, un cran a été franchi dans l’autoritarisme sécuritaire à la suite de plusieurs attentats meurtriers, revendiqués tantôt par des organisations terroristes kurdes, tantôt par Daesh. Mais la coercition a pris une dimension inédite après la tentative de putsch, attribuée aux partisans de l’ancien prédicateur Fethullah Gülen.

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«Cela a permis à Erdogan de justifier la répression», explique le politologue Ali Kazancigil, directeur de la revue de géopolitique Anatoli.  Des dizaines de milliers de personnes ont été mises à pied dans l’armée, la police, la justice, et l’enseignement. Plus de 35 000 ont été arrêtées. Après les fonctionnaires, ce sont les journalistes qui ont été inquiétés. Plusieurs rédacteurs du quotidien d’opposition Cumhuriyet ont été placés en détention. 

L’immunité parlementaire a en outre été levée, permettant l’arrestation de certains députés, en particulier kurdes. «Erdogan ne supporte plus qu’il y ait une opposition, ni au parlement ni dans la société», résume Ali Kazancigil.

L’UE inquiète mais impuissante

L’aggravation de l’oppression en Turquie a conduit plusieurs pays à prendre leurs distances. L’Allemagne a notamment condamné les atteintes à la liberté de la presse, tandis que Bruxelles a déploré un «retour en arrière» d’Ankara. Toutefois, «de nombreux intellectuels turcs se plaignent de l’Union européenne, qui n’en fait pas assez», souligne le spécialiste. 

De fait, l’Europe est trop dépendante de la Turquie dans sa gestion de la crise des réfugiés pour dénoncer frontalement ses dirigeants. Et la Turquie, de son côté, semble de moins en moins intéressée par une adhésion à l’Union, au sujet de laquelle elle envisage d’organiser un référendum. Dimanche, Recep Tayyip Erdogan a même suggéré qu’Ankara pourrait plutôt rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai, parrainée par la Chine et la Russie.       

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