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Les Italiens aux urnes pour une réforme capitale pour Matteo Renzi

46 millions d'électeurs italiens sont attendus dans la journée pour ce referendum. [Andreas SOLARO / AFP]

Les Italiens se prononçaient dimanche par référendum sur une réforme constitutionnelle qui s'est transformée, en pleine vague populiste, en plébiscite sur le chef du gouvernement, Matteo Renzi (centre-gauche).

Les bureaux de votes ont ouvert à 07h00 (06h00 GMT) et doivent fermer à 23h00 (22h00 GMT) pour plus de 46 millions d'électeurs, tandis que le vote, par correspondance, des quelque 4 millions d'Italiens à l'étranger s'est clôt jeudi soir. Les premières estimations issues des sondages de sortie des urnes sont attendues à la clôture du vote et les résultats dans la nuit.

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Selon le ministère de l'Intérieur, la participation a atteint 57,22% à 20h, un chiffre qui traduit une forte mobilisation de l'électorat.

Matteo Renzi a assuré qu'il démissionnerait en cas d'échec, et en l'absence d'alternative claire l'incertitude quant au résultat provoque des sueurs froides en Europe et sur les marchés financiers, où l'on redoute, après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, une nouvelle phase d'instabilité dans la troisième économie de la zone euro.

Le scrutin porte sur une réforme constitutionnelle qui prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.

Une vaste majorité de la classe politique, de la droite aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des «frondeurs» du Parti démocrate (PD) de M. Renzi, appelle à voter «non» en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.

Cette opposition est également unie dans son désir de chasser M. Renzi, arrivé au pouvoir en février 2014 et omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre «sa» réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays ayant vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.

«Tout le mécontentement du pays»

«Renzi a eu le tort, dès le départ, de personnaliser ce scrutin, en disant qu'il démissionnerait en cas de victoire du non. Du coup, il concentre sur lui tout le mécontentement du pays, y compris celui des jeunes», a expliqué Elena Piccolo, 21 ans, étudiante à Naples. Les derniers sondages autorisés, il y a deux semaines, donnaient 5 à 8 points d'avance au non, mais avec encore beaucoup d'indécis.

«J'ai voté un non sec», a déclaré à l'AFP Fernando Angelaccio, 77 ans, à la sortie d'un bureau de vote à Rome. «On ne touche pas à la Consitution. Renzi veut juste plus de pouvoirs, mais sa priorité c'est de sauver les banques, pas les retraités».

Antonio, 84 ans, a pour sa part voté oui avec enthousiasme : «Cela fait 40 ans qu'on attend une réforme et personne n'a rien fait. On a besoin d'avoir un gouvernement qui ait suffisamment de voix, qui puisse durer 5 ans et seulement après on en change».

Quel avenir pour Matteo Renzi ?

Compte tenu des inquiétudes à l'étranger, le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont ouvertement appelé à voter oui.

Du petit lait pour Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles, qui a exhorté vendredi les Italiens à voter «avec les tripes» pour défendre leurs libertés et leur indépendance, tout en se lançant dans un intrigant éloge du caractère «poétique» d'une éventuelle défaite. En cas de victoire du non, le M5S devrait réclamer des élections anticipées, mais le président Sergio Mattarella ne devrait pas dissoudre le Parlement avant une réforme de la loi régissant l'élection des députés.

La réalité d'un retrait de Matteo Renzi en cas d'échec dépendra sans doute de l'ampleur du score. Même s'il présente la démission de son gouvernement, il pourrait en effet rester à la tête du PD, voire même être reconduit à la présidence du conseil. Mais il a répété qu'il ne prendrait jamais la tête d'un gouvernement «technique» chargé uniquement de réformer la loi électorale.

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