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Irak : les forces spéciales mitraillent les drones de Daesh

Un soldat irakien des forces spéciales vise un drone de l'EI dans le ciel, dans les environs de Mossoul, le 8 janvier 2017 [Dimitar DILKOFF / AFP] Un soldat irakien des forces spéciales vise un drone de Daesh dans le ciel. [Dimitar DILKOFF / AFP]

Un drone dans le ciel azur de l'est de Mossoul et Thaker, membre des forces spéciales irakiennes, sort sa mitrailleuse. Les balles violacées enlacent le drone de Daesh sans le toucher. «Mais ce matin, j'en ai abattu un», se console Thaker.

Thaker se fait un devoir de pulvériser ces petits engins blancs équipés de caméras, car les jihadistes «ne doivent pas connaître nos positions». Entrés dans le conflit dès le 17 octobre et la bataille pour reprendre Mossoul, les drones sont utilisés par les deux camps. Ces yeux dans le ciel permettent de se renseigner sur la topographie, d'ajuster le tir et, particularité propre à Daesh, «de trouver des itinéraires pour envoyer des voitures piégées», explique Thaker, quand une déflagration déchire l'air d'Al-Rifaq. Ce quartier, repris en fin de semaine dernière aux jihadistes, est mitoyen des ruines de la cité antique de Ninive.

L'explosion a vraisemblablement pour origine un obus de mortier qui a fini sa course près d'une mosquée à deux pâtés de maison de là. La rue résidentielle où est posté le détachement des forces spéciales irakiennes vacille légèrement. 

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Des habitants apeurés entrouvrent leur porte pour venir aux nouvelles. Car dans cette guerre urbaine, les civils voient le conflit se dérouler devant chez eux. Ceux qui ont fui -- plus de 100.000 selon l'ONU -- ont rejoint des camps ou ont trouvé refuge dans des zones plus calmes dans et autour de Mossoul. Ceux qui restent vivent cloîtrés.

Youssef, père de six enfants à la barbe poivre et sel, ouvre son portail. Après plus de deux ans et demi sous leur coupe, il s'estime «libéré» des jihadistes. «Avec eux, pas de justice et pas de cigarettes!» tonne-t-il. Le nez et l'oreille droite de son neveu Mohammed ont été soignés à la va-vite et la solution antiseptique appliquée sur ses pansements suinte légèrement. «Ce n'est qu'une blessure superficielle», explique Mohammed. «Une voiture piégée a explosé à environ 50 mètres de là où je me trouvais», lâche-t-il tout en remerciant profusément les forces spéciales, dont les Humvee peints en noir sont garés sur le pas de sa porte.

Offensive nocturne

Le Service du contre-terrorisme (CTS), le nom officiel des forces spéciales, est le fer de lance de l'offensive des forces irakiennes dans ce corps-à-corps contre les extrémistes sunnites. Le CTS a atteint pour la première fois les berges du fleuve Tigre dimanche, pratiquement trois mois après le début de «Ninive, nous voici!», l'opération des forces irakiennes pour reprendre cette province gorgée d'histoire.

Le Tigre divise Mossoul en deux. Sa rive droite est encore totalement sous contrôle des jihadistes, mais la rive gauche a été reprise à plus des deux-tiers par l'armée, la police, les forces spéciales et la Force d'intervention rapide du ministère de l'Intérieur irakien. 

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Les Forces spéciales ont aussi lancé pour la première fois une offensive nocturne dans cette bataille. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elles ont traversé le Khosar, un affluent du Tigre, pour entrer dans Al-Muthanna, un quartier voisin d'Al-Rifaq, et y défaire les jihadistes.

Au bout de la rue où les forces spéciales ont pris position, une butte obstrue le paysage. Derrière se trouve un vaste terrain, puis les ruines de Ninive, une des plus anciennes cités de Mésopotamie et ancien centre de l’empire assyrien, partiellement détruites par Daesh

En début d'après-midi, les jihadistes lancent une offensive contre les forces spéciales positionnées dans Al-Rifaq. Encore une fois, le claquement des armes automatiques, le vrombissement sourd des roquettes et les obus de mortier déchirent l'air pendant une demi-heure. Puis le silence revient. «L'attaque a été repoussée», conclut sobrement Abdelwahab al-Saadi, un des commandants du CTS.

D'un Humvee s'échappe un air de pop irakienne que se passent les troupes sur leurs téléphones en attendant d'aller au front.

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