Un drone dans le ciel azur de l'est de Mossoul et Thaker, membre des forces spéciales irakiennes, sort sa mitrailleuse. Les balles violacées enlacent le drone de Daesh sans le toucher. «Mais ce matin, j'en ai abattu un», se console Thaker.
Thaker se fait un devoir de pulvériser ces petits engins blancs équipés de caméras, car les jihadistes «ne doivent pas connaître nos positions». Entrés dans le conflit dès le 17 octobre et la bataille pour reprendre Mossoul, les drones sont utilisés par les deux camps. Ces yeux dans le ciel permettent de se renseigner sur la topographie, d'ajuster le tir et, particularité propre à Daesh, «de trouver des itinéraires pour envoyer des voitures piégées», explique Thaker, quand une déflagration déchire l'air d'Al-Rifaq. Ce quartier, repris en fin de semaine dernière aux jihadistes, est mitoyen des ruines de la cité antique de Ninive.
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Des habitants apeurés entrouvrent leur porte pour venir aux nouvelles. Car dans cette guerre urbaine, les civils voient le conflit se dérouler devant chez eux. Ceux qui ont fui -- plus de 100.000 selon l'ONU -- ont rejoint des camps ou ont trouvé refuge dans des zones plus calmes dans et autour de Mossoul. Ceux qui restent vivent cloîtrés.
Offensive nocturne
Le Service du contre-terrorisme (CTS), le nom officiel des forces spéciales, est le fer de lance de l'offensive des forces irakiennes dans ce corps-à-corps contre les extrémistes sunnites. Le CTS a atteint pour la première fois les berges du fleuve Tigre dimanche, pratiquement trois mois après le début de «Ninive, nous voici!», l'opération des forces irakiennes pour reprendre cette province gorgée d'histoire.
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Les Forces spéciales ont aussi lancé pour la première fois une offensive nocturne dans cette bataille. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elles ont traversé le Khosar, un affluent du Tigre, pour entrer dans Al-Muthanna, un quartier voisin d'Al-Rifaq, et y défaire les jihadistes.
En début d'après-midi, les jihadistes lancent une offensive contre les forces spéciales positionnées dans Al-Rifaq. Encore une fois, le claquement des armes automatiques, le vrombissement sourd des roquettes et les obus de mortier déchirent l'air pendant une demi-heure. Puis le silence revient. «L'attaque a été repoussée», conclut sobrement Abdelwahab al-Saadi, un des commandants du CTS.
D'un Humvee s'échappe un air de pop irakienne que se passent les troupes sur leurs téléphones en attendant d'aller au front.