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Israël-Palestine : une conférence pour le symbole à Paris

Le 28 septembre 1995, le président américain Bill Clinton (C) observe le premier ministre israélien Yitzhak Rabin (2e D) et Yasser Arafat (2e D), dirigeant de l'OLP, se serrer la main après la signature d'un accord, à Washington. [LUKE FRAZZA / AFP/Archives] Le 28 septembre 1995, le président américain Bill Clinton (C) observe le premier ministre israélien Yitzhak Rabin (2e D) et Yasser Arafat (2e D), dirigeant de l'OLP, se serrer la main après la signature d'un accord, à Washington. [LUKE FRAZZA / AFP/Archives]

Paris accueille dimanche une réunion très symbolique sur le conflit israélo-palestinien, dans un contexte rendu explosif par le projet annoncé par la future administration américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.

Plus de 70 pays et organisations internationales (ONU, Ligue arabe, Quartette...), mais pas les parties concernées, doivent réaffirmer solennellement que la solution des deux Etats, israélien et palestinien, est la seule voie possible pour régler un des plus vieux conflits du monde. Clouée au pilori par Israël, qui dénonce une «imposture», la conférence s'inscrit dans le cadre d'une initiative française lancée il y a un an pour remobiliser la communauté internationale et inciter Israéliens et Palestiniens à reprendre des négociations interrompues depuis deux ans.

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Cette réunion vaut surtout pour le symbole, à un moment où la perspective de deux Etats s'évapore compte tenu de la situation sur le terrain, marquée par la poursuite de la colonisation israélienne, les attaques et attentats palestiniens, la radicalisation des discours et la montée des frustrations.

Et c'est aussi une façon de faire date, à cinq jours de l'arrivée à la Maison Blanche du futur président américain Donald Trump, dont l'imprévisibilité angoisse nombre d'acteurs du dossier.

Jérusalem, question explosive 

Si Washington a toujours été un allié historique indéfectible d'Israël, M. Trump s'est distingué par des prises de position très pro-israéliennes, particulièrement sur la question de Jérusalem. Il a promis pendant sa campagne de reconnaître cette ville comme la capitale d'Israël et d'y installer l'ambassade américaine, actuellement à Tel-Aviv. Une ligne rouge pour les Palestiniens, qui menacent en retour de revenir sur leur reconnaissance d'Israël.

Le transfert de l'ambassade «non seulement priverait les États-Unis de toute légitimité à jouer un rôle dans la résolution du conflit, mais elle réduirait à néant la solution des deux États», a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas au quotidien français Le Figaro samedi. Une telle mesure romprait avec la politique historique des Etats-Unis et irait à l'encontre de la position de l'ONU, pour qui le statut de Jérusalem, également revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur futur Etat, doit se régler par la négociation.

Symbole 

25 ans de tentatives de résolution du conflit israélo-palestinien [Thomas SAINT-CRICQ, AFP, Laurence SAUBADU / AFP]
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25 ans de tentatives de résolution du conflit israélo-palestinien

La conférence de Paris devrait donc répéter son engagement en faveur d'une solution négociée et rappellera dans son communiqué final les textes internationaux de référence sur le conflit, particulièrement ceux de l'ONU - sans toutefois s'avancer dans le détail ou fixer des paramètres de résolution du conflit trop précis. «Si l'on fait ça, on entre dans une zone de turbulences», admet un diplomate français.

La communauté internationale ne fait pas bloc

Car la communauté internationale, même si elle réaffirme son engagement pour les deux Etats, ne fait pas bloc pour autant. Que ce soit au sein de l'Union européenne ou des pays arabes, certains pays ont d'autres priorités ou ne veulent pas s'aliéner la future administration Trump.

«Il nous semble important que dans le contexte actuel, 70 pays réaffirment que la solution à deux Etats est la seule possible. C'est aussi simple que ça, ce n'est pas plus que ça», résume le diplomate français.

Plusieurs sources diplomatiques ont ainsi exclu que les conclusions de Paris soient ensuite gravées dans le marbre d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, comme s'en est inquiété Israël.

Cette conférence «n'aura aucune conséquence", estime Nathan Trall, spécialiste de la région au sein de l'ONG International Crisis Group. «S'il n'y a pas de conséquences, si l'on répète encore et encore les mêmes choses, ce n'est rien de plus qu'une mise en scène», déplore-t-il.

Obama a marqué le coup avant son départ

La réunion de Paris s'annonce néanmoins comme le dernier acte d'une série de gestes remarqués sur la question israélo-palestinienne, dont le plus important s'est produit à l'ONU le 23 décembre.

Un mois avant son départ de la Maison Blanche, l'administration du président sortant Barack Obama a en effet marqué le coup en s'abstenant sur une résolution condamnant la colonisation israélienne, la première depuis 1979. Au grand dam du président élu Trump qui avait exhorté Washington à mettre son veto.

Quelques jours plus tard, dans un discours en forme de testament politique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui sera présent dimanche à Paris, avait à nouveau dénoncé la colonisation et énoncé des paramètres pour la solution du conflit.

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