Le divorce avec l’UE, déclenché ce mercredi 29 mars, ne sera qu’un dossier parmi d’autres pour Theresa May, confrontée aux lourdes divisions de son pays.
«Il n’y aura pas de retour en arrière». La Première ministre britannique, Theresa May, a acté hier le lancement de la procédure de divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), devant le Parlement de Westminster.
Let us together choose to believe in Britain with optimism and hope. And we can together build a stronger, fairer, better Britain. pic.twitter.com/QFGplzkZ7T
— Theresa May (@theresa_may) 29 mars 2017
Au même moment, la lettre déclenchant le processus de négociations de deux ans était remise au président du Conseil européen, Donald Tusk. «Il n’y a aucune raison de faire comme si c’était une journée heureuse», a commenté ce dernier. Theresa May s’est, de son côté, voulue rassurante : «nos meilleurs jours sont à venir», a-t-elle déclaré, appelant le peuple à se «rassembler». Mais l’unité est loin d’être gagnée.
Un pays fragmenté
Le 23 juin dernier, c’est une courte majorité de Britanniques qui a choisi de quitter l’UE. Depuis, l’opinion est restée remarquablement constante. Selon un sondage Yougov publié lundi, 51 % des Britanniques pensent que le Brexit était le bon choix, tandis que 49 % le considèrent toujours comme une erreur.
Le pays reste donc déchiré, avec près la moitié de la population s’apprêtant à quitter l’UE contre son gré. Cette proportion est particulièrement marquée dans certaines nations du royaume.
«Avant de déclencher le Brexit, Theresa May a d’abord voulu faire le tour des exécutifs nationaux, au Pays de Galles, en Ecosse, pour les consulter sur la suite», souligne Agnès Alexandre-Collier, professeure de civilisation britannique à l’université de Bourgogne.
La Première ministre était en effet lundi à Edimbourg, où elle a tenté de dissuader les Écossais de se lancer dans un nouveau référendum d’indépendance. Mais pour ces derniers, qui ont voté à plus de 60 % pour le maintien dans l’UE, rester au sein du Royaume-Uni n’a plus rien d’évident.
Today, the PM will take the UK over a cliff with no idea of the landing place. Scotland didn't vote for it and our voice has been ignored.
— Nicola Sturgeon (@NicolaSturgeon) 29 mars 2017
Autre nation en plein questionnement, l’Irlande du Nord, elle aussi majoritairement favorable à l’UE. Elle s’interroge désormais sur sa frontière avec l’Irlande, qui risque d’être rétablie après le Brexit. Un dossier explosif pour Belfast, qui traverse une crise politique majeure, les élus ne parvenant pas à s’entendre pour former un gouvernement.
Pas de menace imminente
Malgré ces nombreuses tensions, certains veulent se montrer optimistes. «Nous allons renforcer les liens qui unissent les quatre nations de notre Royaume-Uni», a même assuré Theresa May. Et de fait, «l’Ecosse ne va pas pouvoir organiser son référendum tout de suite, elle devra d’abord obtenir l’accord de Londres», rappelle Agnès Alexandre Collier.
En outre, la Première ministre a aussi insisté hier sur l’émergence d’«une Grande-Bretagne véritablement mondiale», et non plus limitée à l’Europe.
En effet, la conjoncture actuelle, avec notamment l’accession au pouvoir de Donald Trump, dont Theresa May a été la première invitée à la Maison Blanche, place le Royaume-Uni dans une position plutôt avantageuse sur l’échiquier international.