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Maroc : deux ans de prison pour avoir «trompé» son ex-mari

Hind Achabi Hindd Achabi, condamnée pour adultère par son ex-mari, de qui elle s'était séparée plusieurs mois auparavant[Capture d'écran Dalia Air]

L’affaire fait beaucoup de bruit au Maroc. Hind Achabi a été condamnée à deux ans de prison ferme pour avoir «trompé» son ex-mari. 

Pourtant, il avait reconnu le divorce deux ans avant de la poursuivre en justice...

Propriétaire de la compagnie d’aviation privée de luxe Dalia Air, cette femme d’affaire de 38 ans avait été condamnée en première instance par le tribunal de Rabat à trois ans de prison ferme pour adultère.

Elle s’en est finalement tirée avec deux ans d’incarcération en appel. Une peine qui paraît encore bien lourde au regard des événements.

Premier mariage au Koweït

En mars 2013, Hind Achabi épouse Sadiq Marafi, ambassadeur du Koweït à Vienne (Autriche). Le mariage, qui se déroule au Koweït selon les rites chiites, est reconnu au Maroc, pays musulman sunnite.

Un an après les noces, en août 2014, elle lance une procédure de divorce par procuration. Son mari accepte et, trois mois plus tard, les papiers officialisant le divorce sont signés et placés en sûreté dans le coffre-fort de la résidence secondaire du couple, à New-York.

Nouvelle vie

En janvier 2015, Hind Achabi est unie par les liens du mariage avec un nouvel époux, Mohsine Karim-Bennani, un homme d’affaire très connu dans le milieu à Casablanca. Le couple donne naissance à sa première fille en septembre 2015, et Hind Achabi retombe enceinte deux mois plus tard.

Mais en juin 2016, quelques semaines avant la naissance du second enfant du couple, Sadiq Marafi, l’ex-mari ambassadeur, porte plainte contre Hind Achabi et l'accuse d’adultère.

Il ne reconnaît plus le divorce, et ordonne des tests de paternité sur la progéniture de son ex-femme.

Condamnée pour adultère

Hind Achabi se défend et compte alors prouver sa bonne foi par les documents attestant le divorce, enfermés dans un coffre-fort de l’autre côté de l’Atlantique, à plus de 5 800 kilomètres du tribunal de Rabat.

Mais la plainte à son encontre lui interdit toute sortie du territoire marocain. Elle songe alors à faire récupérer les papiers du divorce par des proches, mais là encore la solution n’est pas aussi simple. Son avocat, Mohamed Faziou, explique que l’ambassadeur aurait empêché tout accès à l’ancienne maison.

Hind Achabi est derrière les barreaux, dix jours après la naissance de sa seconde fille.

Le second mariage remis en cause

L’absence de preuve du divorce est un coup dur pour la défense. Hind Achabi et son nouvel époux ne parviennent pas à convaincre le tribunal de la légalité de leur mariage, lequel a pourtant été soumis à un acte légal musulman.

Peut-être aussi, soupçonne l’avocat, parce que ce second mariage a été prononcé au Mali, en raison de la rapidité du pays dans la procédure de l’union polygame, plus lente au Maroc. Car Mohsine Karim-Bennani avait déjà une femme lorsqu’il a épousé Hind Achabi.

7 mois de prison pour le second mari

Contrairement à Hind Achabi, son second mari Mohsine Karim-Bennani n’a pas été accusé d’adultère, puisqu’il a reçu l’assentiment écrit de son autre femme pour son union avec la Marocaine.

Le code pénal marocain précise en effet, dans son article 491, que «la poursuite (pour adultère) n’est exercée que sur plainte du conjoint offensé».

Mais le consentement écrit de la première femme de Mohsine Karim-Bennani est remis en cause par les instances judiciaires. L’homme a donc été condamné à sept mois de prison pour faux et usage de faux, avant d’être libéré le 21 mars, jour du rendu du jugement en appel.

Le même jugement a ramené la peine de la jeune mère à deux ans de prison, au lieu des trois ans prononcés en première instance. 

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