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Comment Trump a popularisé le concept de «fake news»

Le président américain Donald Trump a beaucoup contribué à populariser le terme «Fake news»[BRENDAN SMIALOWSKI / AFP]

Devenu commun et utilisé à volonté depuis quelques mois, le concept de «fake news», fausses nouvelles en français, a pris de l’ampleur dans le cadre de la guerre opposant le président Donald Trump à une partie de la presse américaine. 

L’échange a été largement diffusé, illustrant ainsi des tensions devenues légendaires entre le président américain et la chaîne d’information CNN : lors de la première conférence de presse de Donald Trump après son arrivée à la Maison Blanche, ce dernier revient sur les informations révélées par Buzzfeed au sujet de pratiques sexuelles supposées s’être déroulées en Russie. Le président américain traite le média de «tas d’ordures» avant de s’attaquer à CNN et à son journaliste Jim Acosta, présent ce jour-là, et coupables à ses yeux de propager des «fake news». 

Une attaque mal perçue par une partie de la presse américaine qui rappelle alors l’historique du président américain avec ce qu’il appelle lui-même des «fake news». De fait, en 2012, alors que Donald Trump n’était pas encore perçu comme un potentiel président américain, il s’était illustré en la matière en affirmant que Barack Obama avait falsifié son certificat de naissance et n’était pas né sur le sol américain. 

Déjà, quelques mois avant, dans une série de vidéos publiées sur Youtube à l’occasion des élections présidentielles de 2012 (et supprimées depuis), il avait accusé le président américain de l’époque d’avoir passé des accords avec l’Arabie Saoudite afin de contrôler le prix du baril de pétrole à des fins électorales. 

Une arme électorale

Cette aptitude à propager de fausses informations s’est vérifiée durant les campagnes à l’investiture républicaine et à la Maison Blanche. Qu’il s’agisse de prétendre que les vaccins sont à l’origine de trouble de l’autisme chez des enfants pour prendre l’ascendant sur son concurrent médecin Ben Carson, de mentionner un attentat imaginaire en Suède ou de propager les articles du très conservateur média Breitbart News, Donald Trump s’est souvent fait le relais d’informations fausses ou au moins non vérifiées. 

Depuis son élection, cette propension ne s’est pas démentie, au point d’être utilisée pour gonfler le bilan d’un président particulièrement controversé. Ainsi la sauvegarde de l’usine Ford du Kentucky, présentée comme un exploit ayant permis de sauver de nombreux emplois ne serait selon le Washington Post qu’un enfumage : la fermeture de cette usine n’aurait jamais été prévue par Ford. 

De la même façon, NBC News estime que la grande majorité des cas de rapatriement de zones d’activité par des entreprises américaines qui produisaient jusqu’alors à l’étranger, constatées depuis le début du mandat Trump, étaient prévues de longue date et n’ont dont rien à voir avec sa volonté de réforme économique. Des «fake news» à en croire un président toujours aussi prompt à répondre à la presse. 

Absence au dîner annuel des correspondants

La situation a vite pris un tour ingérable entre la presse et le président américain. À tel point que ce dernier n’a pas assisté, fin avril, au dîner annuel des correspondants à la Maison Blanche. Une première en 36 ans, mais Donald Trump préférait fêter ses 100 jours de présidence plutôt que d’assister à un dîner qu'il jugeait «ennuyeux».  

En son absence, la soirée était consacrée à la liberté de la presse. Un rappel utile à en croire Jeff Mason, président de l’Association des correspondants : «Nous ne sommes pas des "fake news". Nous ne sommes pas des organisations de presse en difficulté et nous ne sommes pas l’ennemi du peuple américain». Pourtant, plus tôt dans la journée, Donald Trump avait préféré raviver les tensions en attaquant une fois de plus une presse coupable à ses yeux d’ignorer ses succès. 

Dernière illustration de ces tensions, les recommandations faites à l’humoriste Hasan Minhaj, chargé de clore la soirée, et à qui l’Association des correspondants avait demandé de ne pas être trop sarcastique. Peine perdue bien entendu pour celui qui a notamment déclaré que si Donald Trump était absent c’était «parce qu’il vit à Moscou. C’est un très long vol».

Le comédien, qui a également sous-entendu que les médias avaient une réelle responsabilité dans la victoire électorale de Trump, s’est finalement réjoui que la presse, vilipendée à souhait par le pouvoir, sache désormais «ce que c’est que d’appartenir à une minorité». 

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