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Le cannabis pourrait contrer le vieillissement du cerveau

Les résultats de cette étude pourraient aider les personnes âgées atteintes de démence.[Pixabay]

Le cannabis pourrait-il préserver notre cerveau des ravages de la vieillesse ? C'est ce que laisse entendre une étude menée par une équipe de scientifiques sur des souris.

Dirigée par le docteur Andras Bilkei-Gorzo, cette étude consistait à donner une faible dose de tétrahydrocannabinol (THC), composant le plus présent dans la plante de cannabis, à des souris d'âges différents. Les souris étaient ensuite testées sur des exercices de mémorisation. Les scientifiques ont remarqué que les rongeurs les plus âgés avaient retrouvé une capacité de mémoire proche des souris plus jeunes, auxquelles rien n'avait été donné.

Comme l'a expliqué le scientifique à l'Indepedent, la partie du cerveau dédiée à la mémoire, à l'humeur et aux sensations, que l'on nomme le système endocannabinoïde, «diminue fortement» avec l'âge. «La prise de THC active artificiellement ce système, chez la souris plus âgée», a-t-il démontré.

Les différentes souris utilisées pour les recherches d'Andras Bilkei-Gorzo étaient âgées de deux, douze et dix-huit mois. L'un des trois exercices consistait à faire interagir un des rongeurs avec un autre. Vingt-quatre heures plus tard, le sujet était placé face à la même souris que la veille, mais aussi une nouvelle. 

Si l'animal «ne peut pas se souvenir» qu'il a déjà passé du temps avec un des deux choix qui lui sont présentés, il divisera alors son temps en deux, et en passera la moitié avec chacun. Cependant, les souris ayant pris du THC étaient capables de reconnaître celle avec laquelle ils avaient passé du temps la veille, à la manière des plus jeunes sujets.

Une étude sur les humains à venir

Cependant, cette étude, publiée dans le journal Nature Medicine, a ses limites. La prise de THC chez les plus jeunes rongeurs ne s'est pas avérée aussi prometteuse que chez les plus vieilles. «Si vous pratiquez le même traitement, avec le même dosage, à une jeune souris, vous surchargez tout le système», selon le docteur Bilkei-Gorzo. Les jeunes cobayes effectuaient moins bien l'exercice de mémoire après avoir pris du THC. 

Andras Bilkei-Gorzo et son équipe souhaitent pousser leurs recherches encore plus loin. Il a confié qu'une étude sur les humains allait être menée : elle nécessitera une centaine de volontaires, âgés de 60 à 70 ans, et permettra de voir si les effets remarqués sur les souris se reproduisent dans notre cerveau.

Les résultats de cette prochaine étude pourraient révolutionner le monde de la médecine, et aider les patients atteints de démence, comme l'a affirmé le pyschiatre Michael Bloomfield, interrogé lui aussi par l'Independent. «Toutefois, nous en sommes encore aux premiers jours, et d'autres recherches dans le futur sont nécessaires», a-t-il prévenu, parce que «le THC produit des effets très compliqués, et parfois opposés, selon la dose administrée, l'âge de la personne ou de l'animal» ou encore «la fréquence de prise».

La recommendation officielle de prise de cannabis pour les personnes âgées cherchant à améliorer leurs capacités cérébrales n'est donc pas pour demain, mais les résultats du docteur Bilkei-Gorzo élargissent le champs des possibles concernant ce domaine. Il n'a pourtant pas conseillé aux plus âgés de commencer à fumer du cannabis.

«Si toutes les personnes de plus de 60 ans commencent à fumer de la marijuana, ça n'aura probablement pas un bon résultat», a-t-il confié, amusé. «C'est un vrai danger, car nous savons que tout dépend du dosage et de l'âge où vous commencez».

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