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Nice s'apprête à commémorer ses martyrs du 14 juillet

Archive du 19 juillet 2016 d'un mémorial de fortune en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice [Valery HACHE / AFP/Archives] Archive du 19 juillet 2016 d'un mémorial de fortune en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice [Valery HACHE / AFP/Archives]

Quatre-vingt-six bougies allumées le matin, une pour chaque victime, puis 86 faisceaux illuminés le soir, une allocution solennelle du président Macron : Nice commémore vendredi l'attentat au camion bélier qui a ensanglanté la célèbre Promenade des Anglais le 14 juillet dernier.

Ce soir-là, environ 30.000 badauds avaient afflué sur le front de mer pour assister au feu d'artifice traditionnel de la Fête nationale, souvent en famille. Peu après 22h30, un camion de 19 tonnes s'engage sur ce boulevard emblématique de la Côte d'Azur, fonce sur la marée humaine, fauche tout sur son passage, zigzaguant entre trottoir et chaussée pour faire un maximum de victimes. En moins de trois minutes, le poids-lourd conduit par un Tunisien de 31 ans fait 86 morts, dont 15 enfants, et plus de 450 blessés.

Un soldat en patrouille pendant l'installation des tribunes aux couleurs bleu-blanc-rouge sur la place Masséna de Nice, le 12 juillet 2017  [VALERY HACHE / AFP]
Un soldat en patrouille pendant l'installation des tribunes aux couleurs bleu-blanc-rouge sur la place Masséna de Nice, le 12 juillet 2017. [VALERY HACHE / AFP]

Une violence inouïe, «comme un chasse-neige projetant les corps», dira un témoin. Des scènes de carnage, de panique. Dès le lendemain apparaissent des critiques sur le dispositif de sécurité et des tensions avec la communauté musulmane dans une région traditionnellement sensible aux discours anti-immigration. L'attaque a été revendiquée par Daesh, sans que l'enquête ne confirme une connexion avec le meurtrier, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, abattu au terme de sa course folle.

L'attentat a laissé une «cicatrice béante», souligne Émilie Petitjean, qui a perdu son fils de 9 ans et s'est investie à la tête de l'association de victimes Promenade des Anges pour préparer la cérémonie prévue en présence de 76 familles de victimes.

Des parents des victimes de l'attaque terroriste de la Promenade des Anglais à Nice se tiennent devant l'Ecole Militaire à Paris pour un entretien avec les juges en charge de l'enquête, le 10 juillet 2017 [PATRICK KOVARIK / AFP]
Des parents des victimes de l'attaque terroriste de la Promenade des Anglais à Nice se tiennent devant l'Ecole Militaire à Paris pour un entretien avec les juges en charge de l'enquête, le 10 juillet 2017. [PATRICK KOVARIK / AFP]

«C'est une reconnaissance. Tout le monde sait qu'on a souffert. Je ne m'attends pas à aller mieux mais j'attends que Nice soit à l'honneur», dit Mme Petitjean. Le maire de Nice Christian Estrosi a prévu «un hommage municipal qui a vocation à rayonner dans le monde entier». Cet élu de droite, champion du tout-sécuritaire et de la vidéosurveillance avant l'attentat, est sur la défensive depuis le drame.

Au centre des débats, la facilité avec laquelle le tueur a pu emprunter sur deux kilomètres le front de mer interdit à la circulation pour semer le chaos et la mort avant d'être abattu par la police. Le Tunisien, un homme au profil instable installé à Nice depuis son mariage en 2007, fasciné par la violence extrême et les exactions jihadistes, a pu être influencé par les appels récurrents au meurtre lancés depuis la zone irako-syrienne, selon les enquêteurs. Neuf suspects sont toujours écroués, suspectés à des degrés divers de l'avoir aidé à se procurer des armes.

Aucun feu d'artifice

Endeuillée par une vague sanglante d'attentats - 239 morts en huit attaques depuis janvier 2015 -, la France vient de renouveler pour la sixième fois l'état d'urgence.

Photo d'archive du 17 juillet 2016 d'un mémorial de fortune en hommage aux victimes de l'attentat de Nice [ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Archives]
Photo d'archive du 17 juillet 2016 d'un mémorial de fortune en hommage aux victimes de l'attentat de Nice. [ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Archives]

Vendredi, la commémoration de Nice débutera par un office interreligieux fermé aux médias. La population est invitée à remplir un livre d'or et à déposer des plaques bleu-blanc-rouge, les couleurs nationales, sur le trottoir du Quai des États-Unis, dans le prolongement de la Promenade, afin de composer un message qui sera dévoilé pendant l'hommage officiel.

A partir de 16h30, les familles endeuillées, ainsi que les personnels de sécurité et de secours qui ont vécu une nuit de cauchemar le soir de l'attentat, assisteront avec le chef de l’État à un défilé militaire, avant une cérémonie solennelle, retransmise sur grands écrans, jusqu'à 18h30. Le président Emmanuel Macron, qui arrivera de Paris après avoir assisté au défilé militaire national sur les Champs-Élysées aux côtés de son homologue américain Donald Trump, a prévu de rencontrer en privé les victimes et les familles, selon le programme transmis par la présidence.

Un concert ouvert au public est prévu le soir, avant un lâcher de ballons et l'allumage de 86 faisceaux lumineux. Aucun feu d'artifice n'est prévu dans le département des Alpes-Maritimes, en signe de deuil.

La mairie de Nice, écartelée depuis un an entre le soutien aux victimes et des efforts pour relancer rapidement le tourisme - moteur crucial de l'économie régionale -, a promis une Promenade des Anglais «festive» après le 14 juillet. En attendant un mémorial définitif, un monument provisoire portant les noms des 86 morts - dont 37 étrangers de 19 nationalités différentes - a été érigé dans des jardins près du grand Hôtel Negresco, à deux pas des lieux du massacre.

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