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Venezuela : le pouvoir affirme avoir déjoué une «attaque» contre l'armée

Une vidéo montrant un homme se présentant comme un officier et se déclarant «en rébellion légitime» contre «la tyrannie assassine de Nicolas Maduro» circulait dimanche.[AFP PHOTO / HO]

Le pouvoir vénézuélien a affirmé avoir déjoué dimanche une «attaque terroriste» contre une base de l'armée, après l'apparition d'une vidéo montrant des hommes en tenue militaire se déclarant en rébellion contre le président Nicolas Maduro.

«À l'aube, des assaillants terroristes sont entrés dans le Fort Paramacay à Valencia», à 180 km au nord de Caracas, et se sont attaqués aux militaires, a écrit sur son compte Twitter Diosdado Cabello, vice-président du parti au pouvoir et membre de la toute puissante Assemblée constituante.

Sept assaillants présumés ont été arrêtés et «livrent des renseignements», a pour sa part indiqué un haut responsable militaire, le général Remigio Ceballos.

Une vidéo supposément tournée dans un régiment de blindés de Valencia circulait dimanche sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias vénézuéliens. Elle montrait un homme se présentant comme un officier et se déclarant «en rébellion légitime» contre «la tyrannie assassine de Nicolas Maduro».

«Ceci n'est pas un coup d'Etat, ceci est une action civique et militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel», affirmait cet homme, se présentant sous le nom de capitaine Juan Caguaripano, flanqué de 15 personnes en tenue de camouflage, certaines d'entre elles armées.

«Nous exigeons la formation immédiate d'un gouvernement de transition et des élections générales libres», ajoutait-il.

«Normalité absolue»

Principal pilier du pouvoir chaviste, la puissante armée vénézuélienne est jusqu'à présent restée sourde aux appels de l'opposition pour qu'elle rejoigne son camp, alors que le pays est secoué par une vague de manifestations antigouvernementales qui ont fait 125 morts depuis avril.

«Une normalité absolue règne dans le reste des unités militaires du pays», a assuré sur Twitter Diosdado Cabello, selon qui «ceux qui rêvent du contraire se heurteront au moral de la Force armée nationale bolivarienne».

Cette «attaque» présumée contre l'armée survient alors que l'Assemblée constituante, élue le 30 juillet et contestée par l'opposition et par une grande partie de la communauté internationale, a entamé samedi ses travaux en destituant la procureure générale Luisa Ortega, l'une des principales adversaires du président Maduro.

Dans la soirée, Nicolas Maduro a déclaré par voie de presse que l'attaque avait fait deux morts et que huit prisonniers avaient été faits du coté des assaillants.

La Cour suprême, accusée par l'opposition d'être inféodée au pouvoir, a annoncé que Mme Ortega serait jugée pour des «irrégularités». Ses comptes ont par ailleurs été bloqués et il lui a été interdit de quitter le pays. Ce limogeage risque d'empirer les relations déjà tendues du Venezuela avec la communauté internationale, inquiète de la dérive autoritaire du régime. 

Le Mercosur, le marché commun d'Amérique du sud, a suspendu samedi le Venezuela «pour rupture de l'ordre démocratique».

Présidée par l'ex-ministre des Affaires étrangères Delcy Rodriguez, une fidèle de M. Maduro, la Constituante est dotée de tous les pouvoirs, avec pour mission de réécrire la Constitution de 1999 promulguée par Hugo Chavez.

M. Maduro lui a notamment fixé pour mission d'apporter la «paix» et de redresser l'économie en lambeaux de cette nation pétrolière, naguère immensément riche. L'opposition accuse en revanche le dirigeant socialiste de vouloir accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s'achève normalement en 2019. 

La Constituante devait mettre en place dimanche une commission chargée d'enquêter sur les «crimes» commis pendant les manifestations antigouvernementales. Selon l'ONG Foro Penal, au moins 4.500 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de protestations. Un millier d'entre elles sont encore en détention, dont 300 sur ordre de tribunaux militaires.

L'un des chefs de l'opposition, Leopoldo Lopez, a pour sa part été libéré de prison samedi soir, après cinq jours de détention, et de nouveau assigné à résidence à son domicile à Caracas.

M. Lopez avait été initialement placé en résidence surveillée le 8 juillet après avoir passé trois ans et cinq mois à la prison de Ramos Verde. Il y purgeait une peine de près de 14 ans de détention à laquelle il avait été condamné pour incitation à la violence lors d'une vague de manifestations en 2014 contre M. Maduro qui avait fait 43 morts.

Un autre dirigeant de l'opposition, le maire de Caracas Antonio Ledezma, a lui aussi été remis aux arrêts domiciliaires vendredi après trois jours de prison militaire.

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