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La Floride engage des évacuations massives face à la menace Irma

Les dégâts occasionnés à Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont évalués à 1,2 milliard d'euros par le réassureur public français.[Lionel CHAMOISEAU / AFP]

L'ouragan Irma, oscillant entre les catégories 4 et 5, a déboulé samedi sur Cuba, après avoir ravagé les Caraïbes, et fonçait vers la Floride où 5,6 millions de personnes, le quart de la population de l'Etat, ont reçu l'ordre d'évacuer.

Les Caraïbes, où Irma a semé depuis mercredi mort et destructions (au moins 19 tués), sont menacées par un autre ouragan, José (catégorie 4).

Avant de frapper Cuba dans la nuit de vendredi à samedi, Irma avait repris de la vigueur, retrouvant son niveau 5 - le plus élevé - après avoir été rétrogradé en catégorie 4 vendredi matin.

Samedi vers 9H00 GMT, il était à nouveau classé en catégorie 4 par le Centre national des ouragans (NHC) américain. Il devrait continuer à longer la côte cubaine avant d'effectuer un virage vers le nord-ouest samedi soir pour atteindre les côtes de Floride.

Après les Bahamas, qui n'ont fait état ni de victimes ni de dégâts majeurs, l'ouragan a abordé Cuba par l'archipel de Camagüey à 03h00 GMT samedi, avec des rafales à 260 km/h, selon le NHC. L'œil du cyclone se trouvait alors à 485 km au sud-est de Miami en Floride (Etats-Unis).

L'ouragan, le premier de cette force à toucher Cuba depuis 1932, «affecte gravement» le centre de l'île, selon les médias d'Etat cubains. Les deux millions d'habitants de La Havane, en état d'alerte, devraient en subir les effets dès samedi.

A Caibarien, principale ville de la côte nord de Villa Clara, un journaliste de l'AFP a rapporté vers 5H00 locales (9h00 GMT) l'irruption de violentes rafales et d'une forte houle. Les quelque 40.000 habitants demeuraient cloîtrés.

Avant l'arrivée d'Irma, un million de personnes avaient été évacuées par précaution et plus de 10.000 touristes étrangers sur la côte nord transportés en lieu sûr.

Etat d'urgence

Aux Etats-Unis, traumatisés fin août par l'ouragan Harvey au Texas et en Louisiane (au moins 42 morts), Irma devrait frapper l'archipel touristique des Keys (sud de la Floride) samedi soir ou dimanche avant de poursuivre vers la Géorgie et la Caroline du Sud. Ces trois Etats ainsi que la Virginie plus au nord sont en état d'urgence.

En Floride, selon la direction des opérations d'urgence, les ordres d'évacuation concernaient 5,6 millions d'habitants. Un véritable exode vers le nord embouteillait les routes, avec des matelas, des bouteilles de gaz ou des kayaks sur le toit des voitures.

«Irma reste un ouragan extrêmement dangereux !» avec de premières manifestations dans les Keys, ont twitté samedi matin les services météorologiques, «il n'est pas trop tard pour quitter les Keys !».

Irma sera pire que l'ouragan Andrew (65 morts en 1992), a averti le gouverneur de Floride, Rick Scott, estimant que les 20,6 millions d'habitants de l'Etat devaient se préparer à fuir. «C'est une tempête puissante, plus grande que notre Etat», a-t-il insisté.

A Miami Beach, station balnéaire au style art déco d'ordinaire remplie de touristes, l'ambiance était lunaire, avec de nombreux magasins fermés. Sur les protections en contreplaqué, des inscriptions lançaient : «dites non à Irma» ou «Irma, tu ne nous fais pas peur». Des vagues de près de 4 mètres et des inondations dévastatrices sont redoutées. 

«C'est effrayant», a confié à l'AFP dans un abri à Miami Orlando Reyes, un Américano-Cubain de 82 ans contraint d'évacuer. «Nous avons dû partir sans un cent, sans prendre un bain ni emporter quoi que ce soit».

Dans le quartier de Sunnyside à Miami, où habitent surtout des Cubains aux revenus modestes, ceux qui n'ont pas encore évacué ou cherché une place dans un abri tentaient tant bien que mal de protéger leurs habitations.

«Les toitures vont s'envoler de toute façon, ces mobile-homes sont pourris», ironisait, résigné, Pedro Marti, un plombier cubain de 49 ans, en fixant des planches de contreplaqué. Une protection qu'il jugeait lui-même «ridicule» : «Je ne retrouverai rien quand je reviendrai».

Pour venir en aide aux autorités fédérales ou locales, l'US Navy a annoncé vendredi l'envoi depuis le port de Norfolk, en Virginie, d'un porte-avion, l'USS Abraham Lincoln, de deux véhicules de débarquement amphibies et d'un destroyer. 

Ces quatre navires transportant 300 hommes et 27 hélicoptères devront apporter si besoin une aide médicale, maritime, logistique et sécuritaire aux personnes affectées.

Au moins 19 morts

L'ouragan Irma a déjà tué 19 personnes depuis mercredi, selon un bilan provisoire des divers gouvernements concernés (10 dans les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, 4 dans les îles Vierges américaines, 2 à Porto Rico, deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin et une à Barbuda).

Il a également provoqué de lourds dégâts, évalués à 1,2 milliard d'euros à Saint-Martin et Saint-Barthélemy par le réassureur public français Caisse centrale de réassurance (CCR).

C'est désormais l'ouragan Jose, qui s'est renforcé vendredi en catégorie 4 avec des vents de 240 km/h, qui menace ces îles et entrave les opérations de secours. Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont à nouveau été placés en alerte rouge cyclonique.

Un troisième ouragan, Katia, a été rétrogradé en tempête tropicale samedi matin après avoir touché durant la nuit de vendredi à samedi, en catégorie 1, la côte atlantique du Mexique déjà durement frappé la nuit précédente sur sa façade pacifique par un séisme d'une magnitude de 8,2 qui a fait au moins 61 morts. La tempête apportait toutefois des pluies susceptibles de générer des inondations et des glissements de terrain.

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