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Les Keys découvrent l'ampleur des dégâts d'Irma, colère dans les Caraïbes

«25% des maisons dans les Keys ont été détruites et 60% ont été endommagées», selon le chef de l'Agence américaine des situations d'urgence (Fema), Brock Long.[MARC SEROTA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

L'ampleur des dégâts causés par l'ouragan Irma commence seulement à émerger, mardi, dans l'archipel des Keys, en Floride, où la quasi-totalité des habitations sont détruites ou endommagées.

«En gros toutes les maisons dans les Keys ont été impactées d'une façon ou d'une autre», a indiqué mardi le chef de l'Agence américaine des situations d'urgence (Fema), Brock Long, citant une estimation selon laquelle «25% des maisons dans les Keys ont été détruites et 60% ont été endommagées».

Ce chapelet d'îles souvent très étroites et n'émergeant qu'à peine de quelques mètres de l'eau a été frappé dimanche matin avec toute la violence d'un ouragan de catégorie 4, par des vents de 215 km/h qui ont provoqué une hausse brutale du niveau de la mer.

Rétrogradé en simple dépression tropicale, Irma a fait au moins 40 morts sur son passage aux Caraïbes et en Floride. Il poursuivait mardi sa route vers le nord-ouest, au-dessus de l'Alabama, en continuant à se disperser.

Dans le reste de la Floride, moins sévèrement touché, 15 millions de personnes sont toujours privées d'électricité, auxquelles s'ajoutent un million de personnes dans l'Etat voisin de Géorgie. 

L'aéroport de Miami a repris mardi une activité limitée, opérant à 30% de ses capacités. Un retour à la normale n'est pas attendu avant la fin de la semaine.

Terrés dans un placard

De nombreuses localités de la côte ouest offraient mardi le même spectacle : toitures arrachées, arbres déracinés, routes coupées, rues envahies par les eaux où flottent divers débris.

A Naples, une station balnéaire, ce sont les maisons préfabriquées qui ont payé le plus lourd tribu à Irma. Les bourrasques de près de 200km/h ont arrachés des pans complets de ces bâtisses très populaires et prisées des retraités comme lieux de villégiature. 

Stasia Walsh, une septuagénaire qui n'avait pas trouvé de place dans un refuge, a laissé passer l'ouragan terrée avec son époux dans un placard capitonné d'un matelas. La maison qui bénéficie d'un ancrage renforcé dans le sol a résisté. «Je rends grâce à Dieu pour cette épreuve et pour nous avoir permis d'y survivre», dit-elle, en décrivant cette expérience terrifiante. 

Mais c'est dans les Caraïbes que l'ouragan Irma, le plus puissant ouragan jamais mesuré dans l'Atlantique, a été le plus destructeur. 

Le président français Emmanuel Macron et le roi des Pays-Bas se sont rendus mardi dans les îles antillaises dévastées par l'ouragan Irma pour constater l'ampleur «inédite» des dégâts et tenter d'apaiser la colère des habitants face à l'organisation des secours.

Emmanuel Macron est attendu dans la journée sur les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy, les plus affectées. 

A Saint-Martin, cinq jours après le passage de l'ouragan, l'île franco-néerlandaise vit encore dans la psychose des pillages et l'entourage du président ne s'attend «pas à un accueil très chaleureux», alors qu'Irma a fait au moins onze morts et plusieurs disparus dans les îles françaises, ainsi que quatre dans la partie néerlandaise, selon le dernier bilan.

«On est restés quatre, cinq jours sans aide, à se défendre tout seuls contre des gens armés», a rapporté Fabrice, propriétaire de restaurant vivant à Saint-Martin depuis 15 ans et rapatrié en métropole lundi. «La gestion de l'Etat français ? Je suis vraiment désolé, mais zéro. On n'a pas du tout été soutenus», a-t-il estimé.

Pillages

Les commerces de l'île sont la cible de pillages auxquels assistent, impuissants, leurs propriétaires. «Les gendarmes ont vu les tentatives de pillage sur notre magasin. Ils sont parfois à 50 mètres, mais ils ne font rien», rapportait Philippe Kalton, 57 ans, dont sept à Saint-Martin. «Ils m'ont dit que la sécurité civile prime, que le reste ce n'est que du matériel et ce n'est pas important».

Face à cette situation, de nombreux habitants envisagent de quitter une île sinistrée, où l'avenir paraît bien incertain. 

Malgré les promesses de reconstruction de l'île du gouvernement, Valérie Bouricand, une professeure de français dans le privé, se voit difficilement retrouver du travail à Saint-Martin.

«Maintenant, qui va être capable de mettre 350 euros pour que ses gamins aillent à l'école ?», s'interrogeait cette quadragénaire, disant redouter un «scénario catastrophe». «Si tous les gens avec un peu de revenus partent, il n'y aura plus qu'une population extrêmement pauvre, comme à Haïti», avançait-t-elle. 

Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander devait se rendre, lui, sur les îles de Saba et Sint-Eustatius après avoir passé la nuit dans la partie néerlandaise de Saint-Martin.  Accompagné du ministre néerlandais de l'Intérieur Ronald Plasterk, il a rencontré des habitants et pu observer le déploiement de l'aide humanitaire. Il a fait part de son choc.

«Depuis l'avion déjà j'ai vu des choses que je n'avais encore jamais vues auparavant. J'avais vu la guerre et d'autres catastrophes naturelles mais jamais rien de tel. Tout est dévasté», a-t-il déclaré à la chaîne publique NOS.

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